Victoria's Stone
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Neill Owen
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Neill Owen, n’était encore qu’un vicomte, mais les barons et les autres vicomtes lui léchaient les chaussures, parce qu’il était riche, parce qu’il était reconnu (pas toujours pour ses méfaits, mais juste pour son nom), et parce que c’était bien de graisser la patte de quelqu’un de meilleur que nous. Les nobles fonctionnaient comme ça, à coup d’hypocrisie, et Neill n’était pas le dernier, bien au contraire.
Aujourd’hui c’était une de ces journées où on cherchait à être dans ses bonnes grâces, en effet le vicomte Tareth lui avait envoyé une invitation à prendre le thé dans l’après midi, peut-être pourraient-ils discuter du temps, ou d’affaires, aux envies de Neill bien sûr. Cela serait un honneur qu’il accepte. Et forcément Owen accepta, de temps en temps cela pouvait être marrant d’entendre des abrutis de nobles lui sortir tout un tas de compliments, espérant pouvoir compter sur lui au cas où (comme si Neill était le genre de personne sur qui on pouvait compter, quelle bonne blague).

Neill s’était donc tout bien préparé, habillé comme le plus souvent en noir, et coiffé. Il était toujours aussi banal, seul son regard, son sourire et bien sûr son élégance lui donnait son charme naturel, ce charme qui souvent attirait comme un magnétisme étrange mais efficace. Comme quoi il était inutile d’être un prix de beauté, il valait mieux avoir l’intelligence et la grâce, c’était d’une valeur sûr au moins. Plus vieux la beauté se fanait, tandis que le charme restait.
Elinor lui demanda s’il prenait la voiture à cheval, il répondit qu’il préférait marcher, l’air du dehors le revigorerait. Et puis Neill adorait arpenter les rues de Londres, observer les gens et se moquer parfois intérieurement d’eux, il notait tout dans un coin de sa tête, au cas où il pourrait se servir de ce qu’il voyait. Il laissait également trainer ses oreilles, les ragots lui permettaient d’en savoir un peu plus sur tout un chacun. Dernièrement les gens parlaient beaucoup de Jack the Ripper, mais parfois ils parlaient d’autres choses et c’est là que ça devenait intéressant, parce que connaître les secrets des gens permettaient de mieux les contrôler, en tout cas c’est ce que Neill constatait chaque jour un peu plus.

Il arriva au manoir de Tareth pile à l’heure, sonna, se présenta et la domestique le fit patienter dans l’entrée, allant l’annoncer. Le vicomte ne mit pas longtemps à apparaître, il semblait ravis d’accueillir Neill, mais sans doute que sa joie n’était qu’une mise en scène, parce que ça devait bien lui faire mal de cirer les bottes d’un gamin beaucoup plus jeune que lui. Peu importe, Owen lui sourit, répondit à toutes ces politesses par d’autres politesses, et ils allèrent tous les deux s’installer dans un petit salon où ils seraient tranquilles pour parler. Au début de tout et de rien (de rien surtout, Neill s’ennuyait à mourir), et puis vint le véritable but de cette invitation.

- Monsieur Owen, vous devez vous douter que je ne vous ais pas invité pour de simples bavardages.
- En effet, dans votre invitation il était question de « parler affaire », de quelles affaires voulez-vous donc parler ?
- Et bien je m’interrogeais sur vous, vous êtes jeunes et talentueux, je me souviens de votre père, il était très différent.
- Où voulez-vous en venir ?
- Et bien j’aimerais savoir votre secret, voyez-vous je ne vais pas vous mentir, mais j’aimerais que mon nom soit aussi reconnu que le votre et…
- Je me permets de vous couper la parole monsieur Tareth, mais mon nom n’est point aussi reconnu que vous le dites. Certes peut-être que quelques vicomtes et barons ont entendu parler de moi, mais jamais plus.
- Sans parler de votre richesse…
- J’ai quelques avantages il est vrai à ce niveau là, mais il n’y a pas de secret.


Neill avait l’habitude, ce n’était pas la première fois qu’on lui rappelait que son père était un nul qui dépensait ses sous plus vite qu’il en gagnait, et qu’on lui demandait son secret. Quel secret d’ailleurs ? Le trafique de pierre (et anciennement de drogues et d’armes) ? L’emploie de jeune voleurs ou malfrats pour des affaires suspectes ? Le chantage à certains nobles pour récupérer son argent ? Et d’autres trucs tout aussi amusant et inconnus du grand monde (malgré quelques rumeurs anodines qui n’étaient de toute manière jamais fondées, et qui n’avait jamais détruit la réputation de Neill).

- J’insiste, allez dites moi tout.

Tareth disait cela sur le ton de l’humour, Neill décida de répondre sur le même :

- D’accord, je vais tout vous dire, en fait… Je suis mariée en secret à une femme très riche !

Explosion de rire des deux parties, même si le vicomte Owen se force parce qu’il n’a pas trouvé sa blague très drôle.

- Soyons sérieux, je vous faisais marcher avec cette histoire de secret, vous êtes juste un jeune homme très débrouillard j’en suis sûr, c’est pour cela que j’aimerais que vous glissiez quelques mots sur moi, plutôt positif, au voisinage…

Neill eut un faux sourire, un de ceux qui veulent dire « oui bien sûr je n’y manquerai pas », alors que dans son fort intérieur il ne pensait qu’une chose « compte là-dessus et bois de l’eau ».

- Et bien nous verrons, cela dépendra sans doute de la qualité de votre thé.

Tareth rit de nouveau :

- Je vais le faire servir et vous me direz alors ce que vous en pensez…

Alors que Tareth sonnait les domestiques pour qu’on lui apporte le thé, le vicomte Owen acquiesça, décidant qu’après sa tasse de thé il quitterait cette demeure et n’y remettrait plus les pieds.
Sauf bien sûr imprévu…
Unity Violett
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Si le monde avait été bien fait, cet épisode ne se serait jamais déroulé dans la vie d'Unity. Elle aurait pu oublier la première fois sans aucun problème et faire comme si elle n'avait jamais existé. Avec le temps, elle se serait elle-même convaincue et aurait sans doute vécu tranquillement sa vie sans que son secret ait été éventé, et sans être une seule fois embêtée par ce noble.
La vie était injuste, mais si celle-ci avait été plus clémente, elle aurait donné le choix de l'identité à Unity. Elle se serait présentée sous son vrai visage, aurait tenté différentes tactiques susceptibles de le persuader de la laisser tranquille, lui offrant une paix bienvenue pendant quelques mois. Elle n'aurait pas été désavantagée et aurait donc eu une chance de se défendre.
Évidemment, la vie n'était pas clémente, et le monde ne tournait pas rond. C'était peut-être pourquoi cet épisode se produisit tel que je vais vous le raconter, c'est-à-dire qu'il commença d'une des pires manières qui soient.

Ce jour, Irina Blaze était de "corvée" chez lord Tareth.
Cet aristocrate purement superficiel était stupide, pour Irina c'était évident ; mais c'était aussi un des amis de son boss, et il avait ses utilités. Par conséquent, la jeune femme supportait son rôle sans broncher plus que nécessaire. Inutile de dire que l'identité de la domestique était celui qui lui plaisait le moins : frêle, douce et romantique, sa ressemblance écœurante avec les poupées de porcelaines et ses parfaites boucles blondes était l'antithèse d'Unity. Malheureusement, elle ne pouvait s'en séparer : Irina était devenue la meilleure informatrice de Seth Stutfied, sa troisième identité, le détective. Par sa discrétion et sa beauté fragile, elle semblait charmer les invités de Tareth pour qu'ils ne remarquent rien de son petit manège : elle écoutait ce qui se disait très attentivement, en prenait mentalement note et décryptait chaque scène qui se présentait à elle. Jusque là, ça avait toujours marché. Mais, comme il fallait s'en douter, un problème allait forcément survenir.
Lord Tareth n'était pas assez ouvert d'esprit pour la prévenir de tous ses invités. Quand il estimait que cela pouvait l'intéresser pour ses enquêtes - sans ignorer qu'elle était enquêtrice, il était trop fier de sa noblesse pour la laisser agir à sa guise, au grand dam d'Irina - il la lui annonçait ; autrement, lorsqu'il n'agissait que pour son propre compte, il préférait qu'elle reste en dehors de ses affaires et s'occupe d'autre chose. Ainsi, Irina ignorait presque tout de l'invitation qu'avait envoyé Tareth. Elle savait juste, par le bavardage incessant de Madison, qu'il accueillait un autre noble pour des raisons "confidentielles". Elle devinait très bien ce que cela signifiait.
Lorsque Madison, qui était normalement de service, alla ouvrir la porte à l'invité, Irina était restée dans la grande salle à manger où elle s'employait à nettoyer laborieusement les lustres. N'ayant jamais été réellement domestique, c'était toujours pour elle très difficile de s'occuper de tâches dont elle n'avait jamais eu vraiment conscience, comme... le ménage. Habillée d'une blouse d'un bleu plutôt foncé, simple mais de bonne facture, et d'une jupe noire - Irina détestait en réalité les jupes, mais cela n'aurait pas du tout collé avec sa personnalité si féminine de vouloir s'attifer comme un homme - elle essayait donc de passer son chiffon sur le cristal couvert de poussière. Ce n'était pas très difficile, mais cela requérait beaucoup de temps et de précision, or Unity n'ayant jamais été d'une nature très patiente, il lui fallait masquer sa hâte par le masque de concentration minutieuse d'Irina.
Madison fit irruption dans la salle, visiblement vexée. Irina avait beau avoir appris à connaître cette jeune femme agréable et dynamique, elle ne put comprendre ce qui avait bien pu la contrarier. La domestique sourit à son ami et descendit de son échelle.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? s'enquit-elle, avec sa douceur habituelle.
- Oh... rien. » : lâcha Madison en s'installant sur une des grandes chaises en bois où elle n'avait à priori par le droit de s'asseoir. « Rien, je t'assure. »
Irina haussa les sourcils mais n'insista pas. Elle s'apprêtait à remonter lorsque Madison l'interpella.
« Dis, Irina... ça te gênerait de prendre ma place ? demanda-t-elle. Je ferai les lustres à la place. »
Elle sourit tristement. Madison n'était pas bête, elle voyait bien que malgré sa prétendue expérience, Irina n'était vraiment pas une fée du logis - ce qui ne déplaisait pas du tout à l'intéressée, bien au contraire. Au vu de la classe naturelle et de la distinction de sa collègue, elle en avait déduit que celle-ci devait être une fille d'une quelconque famille appauvrie qui avait prétendu s'y connaître pour être promue à son poste, qu'elle devait sans nul doute surtout à son fiancé, le "séduisant" détective Ringalls, un ami de lord Tareth. A vrai dire, elle n'était pas si éloignée de la réalité.
Irina se rapprocha d'elle et la prit délicatement dans ses bras.
« Tu n'es pas obligée, protesta-t-elle aimablement. Je sais que tu n'aimes pas ça.
- Toujours moins que de servir le thé à ses imbéciles, rétorqua malicieusement Madison. A ce propos, file en cuisine si tu ne veux pas être en retard quand le maître te sonnera.
- D'accord. » : accepta placidement Irina.
Bien qu'elle ne l'aurait jamais admis, elle était contente d'échapper à cette besogne, qui était d'un ennui épouvantable. Oh, elle n'aimait pas servir des aristocrates stupides se laissant des hypocrisies en se souriant joyeusement, mais cela restait toujours plus intéressant que de rester seule dans cette salle avec des lustres récalcitrants. Elle pourrait au moins laisser traîner ses oreilles. Si seulement elle avait su...
Lorsqu'elle arriva dans la cuisine, elle se rendit compte qu'elle avait complètement oublié de demander à Madison le nom de l'invité. Quelle idiote... tant pis, elle l'entendrait peut-être dans la conversation. Au pire, elle interrogerait son amie plus tard. Elle s'occupa de préparer le thé avec une attention quasi religieuse, plus parce qu'elle devait se retenir de balancer le mélange par la fenêtre que parce qu'elle tenait à ce qu'il soit parfait. En effet, Unity détestait ces infectes plantes au goût abominable. Puis elle attendit, se demandant si cela valait la peine de changer de tenue. Elle décida finalement qu'elle n'en aurait sans doute pas le temps, et après tout, cette blouse lui plaisait bien. Si lord Tareth ne s'estimait pas satisfait, il n'avait qu'à la virer... oh, c'est vrai qu'il ne pouvait pas en fait. En contrepartie, pour ne pas trop le choquer, elle chassa les restes de poussière de sa tenue et arrangea sa jolie perruque blonde. L'avantage de la porter était bien qu'elle restait toujours impeccable. L'inconvénient, c'était qu'elle était plus dure à laver que des cheveux ordinaires.

Elle reconnaissait bien le son impétueux de la petite clochette qui annonçait que lord Tareth demandait le thé. Elle connaissait le signal. Emportant son plateau, se composant un air doucement neutre et cachant le plus possible ses yeux, elle se dirigea vers le salon où son maître avait coutume d'accueillir ses invités. Arrivée près de la porte fermée, une porte de service qui était plus élégante de l'intérieur que de l'extérieur, elle appuya sur la poignée avec son coude. Poussant la porte, elle pénétra dans la pièce.
Et sursauta en découvrant avec horreur qui était installé avec lord Tareth.
Neill Owen était tel qu'il était dans ses souvenirs. L'incarnation même du Mal, avec ses habits noirs et austères, et son air faussement intéressé. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là ? N'avait-il donc rien de mieux à faire, martyriser des gamins dans la rue, aller arnaquer quelques grosses fortunes ou torturer des animaux ? Irina aurait adoré pouvoir lui balancer son plateau à la figure. Il était absolument hors de question qu'elle... qu'elle lui serve du thé ! Non, ce n'était vraiment pas juste de lui imposer une telle torture.
Ses joues prirent une jolie teinte rose, heureusement masquée en grande partie par son fond de teint.
« Blaze, fais donc attention. » : grogna Tareth qui n'avait visiblement rien remarqué de l'échange invisible entre son invité et sa fausse domestique.
Irina baissa les yeux vers son plateau, remarquant que la théière s'était renversée et qu'une tasse était tombée par terre. C'était bien sa veine, comme si elle n'avait pas déjà suffisamment d'ennuis comme ça. En effet, elle ne pouvait pas être plus désavantagée. Elle apparaissait à Owen sous les traits d'une servante en jupe qui ressemblait fort à une poupée en porcelaine, qui venait de démontrer sa maladresse et qui, le comble, aller devoir lui offrir une tasse de thé. Vraiment, c'était répugnant.
Elle posa le plateau sur la table basse, cessant de contemplant Neill, et se pencha pour ramasser les débris de la tasse. Celle-ci s'était cassée nette, mais quelques tessons étaient trop petits pour être enlevés. Tant pis, elle les enlèverait plus tard. Elle ne fit même pas attention à la coupure qui zébra tout à coup son doigt fin. Elle quitta la pièce, et revint avec une nouvelle tasse.
Ce fut pour elle extrêmement difficile de servir les deux vicomtes. L'amusement visible de Neill, et les remarques qu'il lançait - toutes sauf anodines, de quoi faire monter la moutarde au nez d'Irina - la gênait énormément. Elle aurait voulu disparaître sous terre plutôt que d'être là. Son regard s'était voilé, comme si elle s'était retiré au fin fond de son esprit, et ses gestes étaient mécaniques, inconscients. Tareth, comme il fallait s'en douter, n'avait rien remarqué d'anormal et était persuadé qu'Irina se contentait de faire son travail sans se soucier d'Owen. Vraiment, rien d'anormal.
Irina eut enfin fini sa lourde et pénible tâche. Comme elle s'y était attendue, cela s'était avéré un calvaire et elle était bien contente d'en avoir terminé - non sans avoir bien rougi sous son maquillage qui lui donnait un teint presque blanc de porcelaine. Elle voulut quitter la pièce...
Neill Owen
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Neill Owen n’était pas superstitieux, il se doutait bien qu’aucun grigri au monde ne lui donnerait la richesse, et était plutôt du genre à duper ceux qui le croyaient en leur prenant leur argent. Pourtant, parfois, il s’amusait à croire en la chance. Son intelligence et ses dons d’acteur seuls étaient-ils réellement suffisants pour obtenir tout ce qu’il avait ? Peut-être que naître sous une bonne étoile devait aider, en tout cas s’il en avait une elle était clairement de son côté. Surtout aujourd’hui.

Tareth lui paraissait être un abominable crétin, il avait beaucoup de points communs avec son défunt père, ce n’était pas étonnant qu’il l’ait connu. Sans doute ne dépasserait-il jamais le rang de vicomte, et resterait-il méconnu de tous jusqu’à sa mort (qui serait sans doute aussi minable que le reste de sa vie). Neill trouva le temps abominablement long entre le moment où son hôte sonna pour le thé et celui où la domestique arriva enfin. L’horloge présente dans le salon semblait égrener les secondes comme des heures, il eut même l’impression par un moment que le temps s’était arrêté, et ne suivit rien de la conversation qui se déroula, tant pis, Tareth n’avait qu’à parler tout seul, de toute façon il avait l’air d’être le genre de personne qui s’écoutait trop, se fichant de l’avis des autres.
Puis, enfin, la porte s’ouvrit, et une domestique aux cheveux blonds bouclés fit son apparition. Neill n’y fit pas attention immédiatement, pour lui les servantes n’étaient que ce qu’elles étaient : des bonniches à la solde de leur maître, rien d’intéressant de ce côté-là. C’est la réaction de la jeune femme qui le fit s’attarder plus longtemps sur elle, pourquoi donc avait-elle sursauté ? Pourquoi être surprise ?
Le vicomte ne mit pas longtemps avant de comprendre. Peu importe le maquillage, les vêtements ou la perruque, la forme du visage, l’arrête du nez, les joues elles-mêmes parlaient à eux seuls et puis surtout ses yeux, ses magnifiques yeux rouges. Seth Stutfied.

Comment aurait-il pu oublier le détective alors qu’il lui avait parût si intéressant, N’ayant pas perdu la troisième ou quatrième place de sa liste de jouets, il était l’un des plus amusant. Après leur rencontre à Buckingham Palace, Neill n’y avait plus tellement pensé, occupé de ci, de là, par d’autres affaires, de toute façon il aurait tout le temps d’y revenir plus tard, cela ne servirait à rien de trop se presser et de se jeter dans la gueule du loup. Et voilà que sans qu’il n’ait rien à faire, c’était Seth lui-même qui venait à lui.

Seth Stufied ou…

- Blaze, fais donc attention.

Mademoiselle Blaze la jolie domestique blonde. Avait-elle un prénom ? Il penserait à demander plus tard. Il fallait être Neill pour remarquer immédiatement qui il avait devant lui, il comprenait mieux pourquoi l’identité de la jeune femme n’avait pas été mise à jour (ou en tout cas l’avait-elle été que par peu de personnes). En effet les deux étaient vraiment très différents, autant Seth ressemblait à un homme froid, habillé d’un costume, des cheveux courts et bruns, autant cette domestique avait l’air d’une jolie poupée en porcelaine, fragile, adorable, des habits féminins (surtout la jupe) des cheveux longs bouclés et blonds. Rien à voir donc. Mais Neill était un fin observateur, il n’aurait pas pu le manquer.

Oh ! Comme c’était amusant de la revoir, sous une autre identité en plus. Neill sentait son trouble, il n’était pas dupe, pas comme cet idiot de Tareth qui pensait juste que sa domestique était maladroite, le jeune homme, lui, savait que c’était de sa faute, à lui. Et c’était un véritable plaisir. Il ne la quitta des yeux à aucun moment, jubilant intérieurement à la voir ramasser les bouts de la tasse qu’elle avait faite tomber. Il ne manqua pas non plus le moment où elle se coupa le doigt, et la vue du sang n’aida pas Neill à garder son calme, bien au contraire. Quand elle sortie de la pièce sans un autre regard pour lui, le vicomte se tourna vers Tareth l’air intéressé.

- Dites moi, vos servantes sont toutes aussi belles ?

L’espèce d’abruti (ce serait dorénavant son doux surnom) répondit en rigolant.

- Et bien je dois dire que Blaze est sans doute la plus belle de toute.
- Pourrais-je connaître son prénom ?
- Elle vous a tapé dans l’œil n’est ce pas mon garçon ? Mais je suis dans le regret de vous annoncez qu’elle est fiancée.


Elle était fiancée en plus ? Est-ce que son bien-aimé savait qui se cachait derrière cette poupée ? Ou plutôt était-ce elle qui était cachée derrière Seth.

- Peu importe, donnez moi son prénom.

Son ton s’était fait un rien plus impatient, et sonnait presque comme un ordre. Tareth, heureusement, était sans doute trop idiot pour le remarquer. Il ne voyait là que le coup de foudre d’un enfant de 19 ans, c’était tout.

- Bien sûr, elle s’appelle Irina. Irina Blaze.
- Irina…


Comme ce prénom lui allait bien, Irina… C’était donc là l’intitulé de son jouet, la véritable appellation? Neill allait ouvrir la bouche pour s’informer sur le fiancé de la demoiselle (car elle n’était pas encore madame), mais trop tard, elle revenait déjà. Il préféra donc remettre ses questions à plus tard, il avait tout son temps maintenant.
A la place, il préféra s’amuser au dépend de la domestique. Il savait que pour elle ce devait être une torture de lui servir le thé, mais ce n’était pas suffisant, il voulait en remettre une couche, lui montrer qui était le maître du jeu.

- Monsieur Tareth, permettez-moi de vous félicitez. Vous me demandiez tout à l’heure mon secret, je vais devoir maintenant vous demandez le vôtre, comment avez-vous pu trouver une aussi jolie domestique ?


Nouveau rire gras et amusé de l’espèce d’imbécile.

- J’ai eu beaucoup de chance de trouver une domestique comme elle, en effet. Elle est parfaite, je vous assure, très obéissante en plus d’être jolie.
- Je vois alors, la perle rare. Je vous envie je crois, je n’ai jamais eu la chance d’avoir de telle domestique, j’avoue que cela me plairait beaucoup.


Le sous entendu n’en était pas vraiment un, Neill voulait faire d’Irina sa domestique, mais pas de la même manière bien entendu, il ne voulait pas qu’elle lui serve le thé, juste d’amusement.
Il jetait quelques coups d’œil vers elle, elle semblait s’être enfermée à l’intérieur d’elle-même et agissait comme un robot, sans doute essayait-elle d’ignorer les remarques du jeune vicomte qui s’amusait à ses dépends. De plus le rouge à ses joues (qui se voyaient malgré le maquillage) était presque mignon à voir (mignon dans la bouche de Neill sonnait comme une moquerie ou quelque chose de vicieux). Le plus drôle sans doute était que Tareth ne remarquait rien, ce qui le fit passer du rang « l’espèce d’imbécile » à « l’idiot irrécupérable » dans la tête de Neill.
Quand Irina eut finit de servir le thé, Tareth amorça un geste pour la renvoyer, c’est ce moment là que Neill choisit pour la retenir. Peut-être avait-elle eut un moment de soulagement, tant pis pour elle, elle n’en avait pas finis.

- Attendez, restez. Depuis tout à l’heure nous parlons de vous et vous restez silencieuse, et puis j’ai bien remarqué que vous vous étiez blessée, venez là, il faut vous soignez.

Sans lui laisser le choix, le vicomte attrapa sa main, extérieurement son geste était plutôt doux et pourtant il la tenait fermement, pour qu’elle ne lui échappe pas. Il chercha un mouchoir dans sa veste avec sa main libre, puis enroula délicatement l’objet autour du doigt blessé. Sans connaître Neill, ce geste ravirait, Tareth voyait sans doute en lui un grand gentleman, un homme bien qui n’aimait pas voir les jolies filles souffrir. Seulement, le jeune vicomte était persuadé qu’Irina n’était pas dupe. Elle n’était pas de ces belles naïves qui croyaient toutes les promesses de Neill et qui se retrouvaient bien souvent pleurante et déshonorée après leur rencontre, et c’était tant mieux, parce que cela ne l’intéressait pas chez elle. Lui, ce qu’il désirait, c’était découvrir tous ses secrets et devenir son maître absolu.

Après avoir pensé la plaie, il ne libéra pas la main, il leva les yeux et regarda la jeune femme dont la tête se trouvait au dessus de la sienne. Puis souriant, son regard remplis d’amusement, il parla avec une pointe de sarcasme (auquel Tareth ne fit absolument pas attention) :

- Mademoiselle pardonnez ma question, mais nous serions-nous déjà rencontrés ? C’est étrange, vous me rappelez quelqu’un, mais je ne sais pas qui… J’ai l’impression que nous nous sommes déjà vus… Peut-être me trompai-je. Pourtant…

Oh bien sûr il n’était pas difficile de voir ce qu’il sous entendait à cet instant, Neill agissait comme un parfait enfoiré à ce moment là et il adorait ça. Il faisait l’idiot, il faisait celui qui l’avait déjà vu quelque part mais ne s’en rappelait plus, pourtant il savait (et Irina savait qu’il savait, c’était certain) qu’elle n’était autre que Seth. Tareth ajouta son grain de sel :

- Vous êtes sûr monsieur Owen ? Blaze est le genre de personne qu’on n’oublie pas vous ne croyez pas ? Sans doute la confondez vous avec quelqu’un d’autre.
- Vous avez raison, je n’aurais jamais pu oublier un visage comme le sien, maintenant que je regarde mieux, j’en suis sûr, je n’ai jamais rencontré mademoiselle Blaze avant cela. Peut-être était-ce quelqu’un d’autre.


Et voilà qu’il enfonçait le couteau dans la plaie. Non bien sûr qu’il n’avait encore jamais rencontré Irina, puisqu’elle était en Seth à ce moment là. Il relâcha enfin la main qu’il tenait, et attrapa enfin son thé tenant fermement la tasse sans boire, lançant sur le ton de la plaisanterie :

- Sans doute regrettez-vous de ne pas l’avoir empoisonné

Il l’avait fait comme s’il s’adressait à Tareth, mais la remarque était bien évidemment destinée à Irina. L’idiot irrécupérable recommença à rire :

- Vous êtes amusant monsieur Owen, peut-être pensez-vous que si je vous empoisonne je gagnerai en reconnaissance.
- C’est possible.
- Buvez-donc mon thé et ne craignez rien, soyons amis voyons, et présentez moi vos relations, puisque ne dit-on pas que vos amis sont aussi les miens.
- Goûtons d’abord ce thé.

Il éluda le sujet, n’ayant pas envie d’avoir Tareth parmi ces amis (et de toute façon, Neill n’avait pas d’amis), et porta la tasse à ses lèvre, buvant doucement, se délectant du goût, toujours aussi amusée par la présence d’Irina (que l’idiot irrécupérable avait oublié de renvoyer).
Unity Violett
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Mais apparemment, ce cher vicomte Owen n'était pas de cet avis.
« Attendez, restez. Depuis tout à l’heure nous parlons de vous et vous restez silencieuse, et puis j’ai bien remarqué que vous vous étiez blessée, venez là, il faut vous soignez.  »
Des doigts se refermèrent sur son poignet, l'empêchant de s'en aller. Elle reconnaissait bien cette poigne de fer, qui l'avait déjà retenue contre son gré, et ne se fit aucune illusion : elle n'avait pas la moindre chance de s'en dégager. Tenant aux derniers restes fragiles de sa dignité, et pour ne pas éveiller les soupçons de Tareth, elle ne tenta même pas de se défaire de la main de Neill, ne protesta même pas. Par contre, s'il voulait qu'elle affiche un air naïf et enchanté, c'était raté. Elle prit une expression butée qui n'était pas si éloignée de celle qu'elle aurait eue normalement, et se laissa faire lorsqu'il enroula avec soin un mouchoir autour de son doigt. Ce n'était qu'un peu de sang, pourtant, cela ne faisait pas mal et cela partirait ; mais puisque cela faisait plaisir à Neill de se comporter comme un crétin... Elle remarqua l'approbation de Tareth, approbation teintée d'une réserve qu'elle ne comprenait pas. Les gestes de Neill étaient trop doux pour être sincères, cela ne collait pas avec sa personnalité. En tout cas, cela ne plaisait pas à Irina. C'était beaucoup trop délicat, trop hypocrite.
Lorsqu'il eut fini, elle attendit qu'il la lâche. Mais non, il n'en fit rien. Irina était coincée. Qu'est-ce qu'il lui voulait encore, toute cette mascarade ne lui suffisait donc pas ? Néanmoins, elle ne fit pas un seul mouvement pour se dégager. Qu'est-ce qu'elle pouvait donc faire, avec une main aussi forte qui enserrait la sienne, à part attendre et découvrir ce qu'il pouvait bien mijoter ? La balle était dans son camp à lui, malheureusement, et depuis trop longtemps pour qu'elle puisse espérer s'en sortir indemne... Aussi fixa-t-elle froidement son regard presque noir sans ciller.
« Mademoiselle pardonnez ma question, mais nous serions-nous déjà rencontrés ? demanda-t-il, moqueur. C’est étrange, vous me rappelez quelqu’un, mais je ne sais pas qui… J’ai l’impression que nous nous sommes déjà vus… Peut-être me trompai-je. Pourtant… »
Ainsi, c'était donc tout ce qu'il avait trouvé pour l'enfoncer un peu plus ? Lui rappeler leur rencontre de façon subtile et la mettre dans une position gênante ? ... c'était déjà trop tard, ça.
Lord Tareth était peut-être stupide, mais certainement pas un demeuré. Enfin, il fallait même avouer que lorsque cela concernait les affaires du réseau, il pouvait faire preuve d'une finesse d'esprit insoupçonnable. Sans compter que comme tous les membres de la toile secrète, il avait pris des cours de théâtre et était capable donc de masquer l'inquiétude qui devait lui venir. En effet, s'il n'appréciait pas Irina, il avait des ordres, bien qu'il le niait : veiller à ce que personne ne découvre ses autres identités.
Pour le reste, ne comprenant rien de la véritable teneur de la scène, il était vraiment un imbécile.
« Vous êtes sûr monsieur Owen ? lança-t-il, sceptique. Blaze est le genre de personne qu’on n’oublie pas vous ne croyez pas ? Sans doute la confondez vous avec quelqu’un d’autre. »
Brave type. Il avait mérité sa tasse de thé, pour une fois. Irina resta néanmoins de marbre, et fit même mine de s'offusquer de sa remarque.
« Vous avez raison, admit finalement Neill, je n’aurais jamais pu oublier un visage comme le sien, maintenant que je regarde mieux, j’en suis sûr, je n’ai jamais rencontré mademoiselle Blaze avant cela. Peut-être était-ce quelqu’un d’autre. »
Ah ah ah. C'était vraiment à mourir de rire. Bien sûr qu'il ne l'avait pas oublié, vu qu'elle avait le même. Bien sûr que ce n'était pas Irina qu'il avait rencontré, mais Seth. La jeune femme ne trouvait vraiment pas cela très drôle, d'ailleurs, elle n'en comprenait pas l'intérêt. Pourquoi lui répéter ce qu'elle savait déjà ? Sans doute voulait-il lui rappeler qu'il savait, histoire de mieux la contrôler. Pour l'instant, étant donné qu'il la tenait toujours et qu'il y avait Tareth, elle n'avait pas vraiment les moyens de répliquer.
En tout cas, une chose était sûre. C'était TRES désagréable d'entendre parler d'elle en l'excluant volontairement de la conversation, comme si elle n'était qu'un animal ou, pire, vu qu'ils parlaient de son physique, un simple morceau de viande.
Enfin, à son grand soulagement, il la lâcha. Elle s'obligea à ne pas frotter son poignet, pas question de lui faire ce plaisir.
« Sans doute regrettez-vous de ne pas l’avoir empoisonné. »
Irina ne s'y trompa pas : c'était bien à elle qu'il s'adressait. Oh, oui, elle le regrettait presque. Mais elle ne l'aurait pas fait, de toute façon. Il était trop facile de "faire une rechute". Parmi les choses qu'Irina ne voulait pas que Neill sache, il y avait sa véritable identité, la véritable nature de ses relations avec Ringalls et, surtout, surtout... son passé trouble. Ces quelques années où elle s'était comportée en voleuse et en assassin, où elle avait appris à évoluer dans ces milieux et emmagasiné des connaissances qui lui étaient bien utiles, désormais. Elle n'ignorait pas que Neill adorerait trouver ce genre de secrets sur elle. Et il disposerait alors de la même arme que Ringalls...
Oui, elle avait déjà vécu une situation plus ou moins similaire. Sauf que le détective, lui, était resté respectueux, et il l'avait vraiment aidé. Il avait voulu avoir du pouvoir sur elle, c'était vrai, mais pas par plaisir, juste pour la convaincre de devenir aussi une enquêtrice. S'il s'était parfois amusé, il ne s'était jamais délecté de sa déconfiture.
Owen là dessus ressemblait à un monstre, mais Irina ne l'aurait pas empoisonné. C'était d'un manque de subtilité affligeant.
« Vous êtes amusant monsieur Owen, rit Tareth, qui croyait que cela s'adressait à lui, peut-être pensez-vous que si je vous empoisonne je gagnerai en reconnaissance. 
- C’est possible, concéda le vicomte.
- Buvez-donc mon thé et ne craignez rien, soyons amis voyons, et présentez moi vos relations, puisque ne dit-on pas que vos amis sont aussi les miens.
- Goûtons d’abord ce thé. » : proposa Neill, n'ayant visiblement aucune intention d'être ami avec Tareth, et Irina ne pouvait l'en blâmer.
Irina faillit s'étrangler. S'il osait faire une seule remarque, négative ou non... elle ne savait pas ce qu'elle ferait dans ce cas mais il était certain qu'elle ne pourrait pas le supporter. Elle sentait que la personnalité douce et accueillante d'Irina était en train de glisser, susceptible à tout moment de la laisser totalement tomber et de révéler sa véritable personnalité. La seule chose qui l'avait retenue jusqu'alors était la présence bienfaitrice (ou pas) de lord Tareth.
Par chance, Tareth intervint avant qu'une catastrophe se produise.
« Ah, prendre le thé avec un ami... voilà quelque chose dont je ne me lasserai jamais ! affirma-t-il avec un sourire béat. Blaze sait vraiment s'y prendre. »
Ben voyons. Il la croyait donc aussi idiote que lui ? S'il prenait la peine de descendre en cuisine, il aurait vu que ce n'était pas si compliqué que ça, et à la portée de n'importe quel novice... ou presque. Irina inclina néanmoins la tête, toujours aussi silencieuse. Pour l'instant, elle n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'elle avait découvert l'identité de l'invité du vicomte, et n'était pas pressée de s'y mettre.
« Tiens, tu es encore là ? remarqua-t-il soudain, véritablement étonné. Oh, oui, c'est vrai. Tu peux y aller. »
Sans un mot, elle quitta la pièce, d'un pas traînant de zombie. Alors qu'elle fermait la porte, elle perçut un commentaire de son imbécile de maître :
« Je suis désolé, monsieur Owen, je ne comprends pas ce qui lui prend. D'habitude, elle est plus bavarde... »
Retenant un soupir, elle claqua la porte comme pour lui faire remarquer qu'elle avait entendu. De toute façon, même s'il s'était tu, elle l'aurait quand même fait.
Dans le couloir réservé aux domestiques, l'acoustique avait été si mal conçue qu'elle entendait les paroles étouffées que s'échangeaient les vicomtes. Mal à l'aise et furieuse, elle s'adossa contre le mur en essayant de ne pas comprendre leur sens. C'était dur. Chaque mot la blessait, lui rentrait dans la peau à la manière d'une aiguille. Elle se mit à trembler de rage et ferma les yeux.
Un cauchemar, voilà ce que c'était. Deux fois qu'elle croisait Owen, deux fois qu'elle regrettait de ne pas avoir eu un empêchement, n'importe quoi, qui l'aurait obligée à éviter son chemin. A chaque fois, elle tombait dans un piège qu'il ne lui avait même pas lancé. L'histoire se répétait en pire. Pourquoi le destin s'acharnait-il à ce point sur elle ? N'avait-elle pas suffisamment payé ses erreurs de jeunesse ? Neill était plus coupable qu'elle dans cette histoire, alors pourquoi était-ce lui qui avait tous les avantages ? Elle serra si fort les poings que ses ongles s'enfoncèrent dans sa paume. Mais cela ne la faisait même pas souffrir...
« Ça va, Irina ? » : s'enquit quelqu'un à voix basse.
Elle ouvrit les yeux, toujours tremblante. C'était sa chère Madison, qui aurait dû normalement être à sa place - comme d'habitude, cet abruti de Tareth n'avait rien remarqué - et qui maintenant la prenait dans ses bras. La douceur de son geste et l'amitié qu'elle dégageait parvint à calmer les frissons d'Irina, qui s'accrocha à elle comme à une bouée de sauvetage.
Enfin, elle réussit à parler.
« Tu ne devrais pas nettoyer quelques lustres ? » : chuchota-t-elle.
Comme dit plus haut, l'acoustique étant mal conçue, il ne fallait pas parler trop fort pour ne pas être entendues.
« Oh, j'ai fini celui que t'avais commencé, annonça Madison. Je voulais voir comment tu t'en sortais.
- Mal, avoua Irina, malheureuse. C'était juste... horrible. »
Elle se dégagea délicatement des bras de son amie, lui adressant un pâle sourire.
« Tu veux que je termine à ta place ? » : proposa celle-ci.
Irina aurait pu accepter, cela aurait été plus simple ! Mais à l'intérieur de cette pièce, il y avait son bourreau. Neill Owen. Aussi nombreux qu'étaient les coups qu'il lui portait à sa fierté, elle n'était pas une lâche. Tant qu'elle avait encore du courage, tant qu'elle pouvait lui résister, elle ne serait pas vaincue. Il était hors de question de lui faire croire qu'elle avait peur de lui - même si c'était vrai, il la terrifiait énormément. Il fallait qu'il sache qu'il ne pourrait pas la briser facilement, et qu'il faudrait plus que cela s'il voulait vraiment qu'elle se laisse décourager.
« Non, murmura-t-elle. Je dois revenir à la charge. Je dois résister. »
Madison ne comprit pas ce qu'elle voulait dire par là, aussi haussa-t-elle les épaules. Cependant, elle resta avec sa collègue pour la soutenir psychologiquement, quoiqu'elle ait sous-entendu. Pour s'occuper, elle se mit à écouter la conversation du salon. Les deux vicomtes faisaient preuve d'une hypocrisie insupportable. Soudain...
« Mais, Irina, c'est bien de toi qu'ils parlent ? » : demanda-t-elle, surprise.
Irina tendit l'oreille. Elle capta une parole désagréable prononcée par une voix désagréablement familière. Elle soupira.
« Ouais.
- C'est... » : commenta Madison, qui cherchait ses mots. « Si t'entends tout, pourquoi tu restes ici ?
- J'attends qu'il me sonne. » : répliqua amèrement Irina.
Elle ne précisa pas à qui pouvait bien s'appliquer ce "il". Pour Madison, c'était évidemment qu'il s'agissait de lord Tareth. Irina n'en était pas aussi sûre... toujours était-il que de devoir attendre qu'on lui donne un ordre la mettait grandement en rogne.

Après quelques longues minutes d'attente silencieuses, le petit son de la clochette se fit entendre, sonnant comme un glas aux oreilles d'Irina. Elle pâlit, anxieuse à l'idée de revenir. Ce serait plus dur d'entrer cette fois, maintenant qu'elle savait quel monstre s'était tapi dans le salon. Madison posa une main bienveillante sur ton épaule.
« Tu veux que je t'accompagne ? suggéra-t-elle, souriante.
- Fais comme tu veux. » : répondit Irina en haussant les épaules.
Avant d'ouvrir la porte, elle prit une longue respiration et rassembla tout son courage. Puis elle l'ouvrit pour se jeter (à nouveau) dans la gueule du loup...
Neill Owen
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Un peu plus sur toi !
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Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill n’était ni un saint, ni un ange, il faisait ami-ami avec le diable en personne, il était sûrement un démon, et son âme irait brûler en enfer au grand plaisir de tous ceux à qui il aurait fait du mal. Bien qu’il ne croyait ni en dieu, ni en diable, juste en lui-même.
Pourtant il y avait quelque chose qui le dégoûtait dans ce monde, tous ces lèches bottes qui se comportaient comme des grands hommes, qui se couchaient le soir heureux d’avoir pu montrer à quels points ils étaient bons et combien ils gagnaient leur paradis, alors que grouillaient en eux les vices et l’envie, la jalousie.
Neill était un hypocrite aussi, mais il assumait son rôle, ses sourires étaient aussi faux que la perruque d’Irina, ses airs de gentleman et ses bonnes manières ne dépendaient que de sa bonne éducation, néanmoins lui ne disait jamais être bon, être quelqu’un de bien, il était mauvais, il le savait, il l’assumait. Point.
Et Tareth le débectait, de plus en plus. Il avait envie de lui dire « si tu savais, si tu savais qui j’étais, me traiterais-tu comme un ami ? », non bien sûr que non, parce que l’amitié dans ce monde était aussi hypocrite que le reste, on parlait d’« ami » quand tout allait bien, si le vent avait le malheur de tourner, « l’ami » se transformait en « cet avorton » ou « ce malotru », voire même pourquoi pas « cet inconnu ».

- Ah, prendre le thé avec un ami... voilà quelque chose dont je ne me lasserai jamais ! Blaze sait vraiment s'y prendre.

Et à ce moment là Neill dut vraiment prendre sur lui pour pas grincer des dents, s’agrippant à sa tasse, buvant son thé en silence, reprenant son sourire comme si de rien. Prendre le thé « avec un paquet de pognons » aurait tellement été plus juste.

*Saleté de gros abruti d’idiot irrécupérable, on se retrouvera en enfer !*

- Le thé est très bon en effet, j’avoue. Félicitation à votre domestique.


Pas de remarque ironique, pas de faux sourire, réponse très sincère. Au moins cette Irina savait-elle préparé le thé et pas seulement mener des enquêtes, il lui concédait. Puis soudain Tareth remarqua la présence de la jolie fausse blonde, comment pouvait-il ne pas s’en rendre compte alors qu’il semblait à Neill que l’existence de la jeune fille elle-même ne pouvait être oubliable.
Que l’on ait si peu de respect pour son jouet fâchait un peu plus le jeune vicomte, lunatique qu’il était il s’amusait beaucoup moins qu’une minute plus tôt. Lui, il avait le droit d’abimer les jolies choses, mais il n’aimait pas que les autres le fassent avec lui.

Irina en profita pour quitter la pièce, et Neill ne la retint pas, s’il voulait en apprendre un peu plus, il voulait qu’elle soit absente. Tareth lui glissa qu’il ne comprenait pas ce qui arrivait à sa domestique puisque d’habitude elle était un peu plus bavarde. Oh, lui savait très bien ce qu’il se passait et ça lui suffisait. La porte claqua, et l’idiot irrécupérable en parût de nouveau surpris.

- Je vous assure qu’elle a de très bonnes manières habituellement
- Ne vous justifiez pas, je suis sûr que votre domestique est la plus adorable qui soit, et que le son de sa voix m’aurait charmé. Elle semblait troublée par ma présence, je me demande pourquoi.

Menteur.

- Mais dites-moi, je suis curieux, qui a la chance d’être l’heureux élu ?
- Vous parlez du fiancé de Blaze ?

*De qui d’autre pauvre abruti ?*

- Oui.
- Il s’agit de Matthew Ringalls, vous le connaissez peut-être ?


Neill avala sa salive de travers et dut faire un effort abominable pour que ça ne se voit pas, la torture fut de retenir les larmes qui lui montaient aux yeux à cause de l’étouffement involontaire, il se pinça simplement doucement l’arrête du nez et Tareth ne remarqua rien de ce que la nouvelle avait eut comme effet sur lui.
Ringalls. Sale chien galeux. Si c’était lui, c’était certain qu’il savait qui était Seth, qui était Irina. Ce maudit détective, plus fouineur encore que les autres, était sûrement le maître de son jouet, le jeu s’avérait décidément plus difficile qu’il ne l’aurait cru. Tant pis, il prendrait le risque de soutirer à ce damné Ringalls la jolie Irina ainsi que le froid Seth. Dangereux, certes, mais pas impossible. Après tout Neill n’était pas n’importe qui.

- Oui, je le connais, pas personnellement mais ses exploits sont déjà retombés dans mes oreilles. Et bien, quel tombeur, je suis surpris, je pensais que les détectives épousaient leurs enquêtes plus souvent que les femmes.

Rire de la part de Tareth :

- On peut dire que Ringalls sait y faire.
- Irina doit être fière d’avoir un tel fiancé.
- J’imagine, nous en parlons peu.

Bien sûr quand on est vicomte, on n’adresse pas la parole à ses domestiques. Neill non plus ne le faisait pas, ou peu, seulement quand il avait besoin de savoir quelque chose de précis, ou quand il voulait les faire taire. Mais Irina était différente, elle n’était pas qu’une domestique, elle était tout autre chose. Il ignorait si ce Tareth le savait, mais peu importait, il en saurait bien vite plus que cet abruti profond.

- A-t’elle d’autres talents que celui de faire le thé ?
- Ma parole mais vous êtes vraiment amoureux.
- Elle ne me laisse pas indifférent.
- Êtes-vous prêt à vous battre contre Ringalls ?
- Je ne suis prêt à rien, et je ne sais pas me battre
(menteur), j’aimerais juste en savoir plus sur cette jolie Irina. Nous pouvons nous arranger non ?
- Comment cela ?
- Vous me parlez d’Irina, je parle de vous auprès de mes relations, échanges de bon procédés.
- Vous m’intéressez, que voulez-vous savoir ?
- Son âge.
- 18 ans.


Plus jeune que Neill donc. Plus jeune ou pas. Si Irina avait 18 ans, combien Seth en avait-il?

- De la famille ?
- Il me semble qu’elle a deux sœurs.


Etait-ce vrai ? Ou était-ce des sœurs imaginaires ? Comment savoir venant d’une domestique qui aimait jouer les hommes détectives.

- Dites moi, Irina Blaze c’est sa véritable appellation ?

Neill était sans doute allé un peu trop loin, un silence lourd s’installa, Tareth semblait ne pas apprécier du tout la question (donc il était au courant pour Seth, c’est ce que conclu le jeune vicomte).

- Désolé, ma question peut vous paraître étrange, mais il arrive que des domestiques prennent de faux noms, ayant sans doute peur de salir celui de leurs parents.

Ou comment se rattraper aux branches, et l’idiot irrécupérable sembla marcher dedans (sans doute pressé de se débarrasser de la question gênante) :

- Irina a gardé son vrai nom.
- Connaissez-vous son passé ?
- Assez peu… Mais monsieur Owen, pourquoi vouloir en savoir autant sur Irina ?
- Ne l’avez-vous pas dis vous-mêmes ? Que j’étais vraiment amoureux ? Sans doute que cela me pousse à vouloir en savoir le plus possible.


Remettons les choses à leur place, Neill ne ressentait pas le moindre amour pour Irina, d’ailleurs pour lui « l’amour » était répugnant, la plus grande faiblesse de l’humain, il s’y refusait, l’avait supprimé de son dictionnaire et ne voulait même pas s’y essayer. Il ne savait que trop bien que cela le perdrait et pour lui il était clair que jamais il n’en ressentirait. Mais c’était tout aussi bien que Tareth le croit, il se poserait moins de questions sur l’intérêt de Neill.

- Monsieur Owen, je pense que vous n’avez aucune chance contre Ringalls.

Vexé, le jeune vicomte ne put s’empêcher de répliquer :

- Nous verrons bien.
- Vous semblez sûr de vous.
- Pourquoi ne le serais-je pas ? J’ai la courtoisie, le charme et la jeunesse de mon côté, sans doute aussi la richesse, un nom bien plus élevé que celui de Ringalls, qui de nous deux préférèrerait-elle, la question est là.
- Vous devriez lui poser vous-même.

Il savait déjà ce qu’elle répondrait, elle choisirait Ringalls, peut-être qu’elle l’aimait, peut-être qu’elle ne l’aimait pas, ça Neill n’en savait rien, mais il y avait une chose de sûre, elle choisirait le côté du bien. Et même si elle éprouvait un soudain désir pour le jeune vicomte, jamais elle ne lui aurait dit, il en était bien certain. Elle avait sa fierté pour elle et c’était tout à son honneur. Il lui donnerait donc la troisième place dans sa liste de jouet.
Pour la peine, elle méritait de revenir se faire martyriser, un peu.

- Je reprendrais bien une tasse de thé, vous devriez peut-être la sonner.
- Allez-vous oser lui confesser votre coup de foudre ?
- J’en suis fort capable, mais ne me connaissant pas assez je crains qu’elle ne se refuse à moi. Je préfèrerais donc attendre…


Attendre quoi ? Il deviendrait son maître sans qu’elle n’en ait le choix, ce qu’il ferait ensuite de son pouvoir sur elle, il y songerait après.

Irina revint donc dans la pièce. Elle n’en semblait pas ravis, et c’était absolument compréhensible. Non seulement jouer la bonniche devait être moins passionnant que le rôle de détective, mais en plus devoir le faire pour son bourreau qui se moquait ouvertement d’elle devait être un véritable supplice. Neill ne la quitta pas des yeux un seul instant à partir de son entrée dans la pièce. Tareth mit cela sur le coup de l’amour, le jeune vicomte pourtant ne la fixait que pour essayer de lire au travers elle. Il n’avait même pas remarqué l’autre servante qui l’avait suivit (et il n’en avait que faire d’ailleurs).

- Ressers nous donc un peu de thé Blaze.

Neill, pour la première fois depuis son entrée quitta des yeux Irina pour fusiller du regard Tareth. Oui, c’était lui qui avait dit de la faire sonner pour qu’elle vienne servir le thé à nouveau, mais cet idiot était-il irrécupérable au point de ne pas pouvoir le faire lui-même ? C’était terriblement insupportable pour le jeune vicomte de voir son jouet être traité ainsi, et surtout de la voir consentir, alors qu’il n’ignorait pas qu’elle avait bien plus que ça dans le ventre. Elle n’était pas une simple bonniche qui disait oui à tout, il en était certain.

- Alors monsieur Owen, vous faites moins le malin maintenant.
- Que voulez-vous dire ?
- Et bien je pensais au vu de nos discussions que vous alliez montrer vos talents de courtisans.


Il l’aurait tué. D’ailleurs sans doute le ferait-il, un jour. Pourquoi fallait-il que Tareth le fasse passer pour un prétendant ? Quelle image allait-il donner à Irina ? Il voulait devenir son maître, pas lui faire la cours.

- Monsieur Tareth, je vous prierai de ne pas rigoler avec ces choses là.

Son ton était des plus sérieux, Neill ne s’amusait plus. Il se tourna vers la concernée, la regardant sans trace de moquerie :

- Mademoiselle Blaze, puisque le vicomte n’a su tenir sa langue, je ne cacherai pas mon intérêt pour vous.

Elle le connaissait déjà son intérêt pour elle, il ne lui apprenait donc rien.

- Mais il semblerait que Matthew Ringalls ait été plus rapide que moi. Est-il le premier dans votre cœur ? Ou ailleurs ?

Peu à peu, les sarcasmes revenaient, ses yeux retrouvaient cet éclat d’amusement, son sourire s’affichait de nouveau petit à petit.

- Les premiers peuvent se faire ravir leur place, et se tournant vers l’idiot irrécupérable, n’est ce pas monsieur Tareth ? Les nobles aiment se battre la première place.

Il n’attendit pas de réponse de ce dernier, à nouveau intéressé par Irina.

- Cependant, je pense que cela ne vous intéresses pas. On m’a d’ailleurs dit autre fois que tout cela n’était en rien une compétition.

Sourire vicieux.

- Mais ne tremblez-vous pas d’excitation de savoir qui sera le vainqueur ?

Neill savait qu’il n’était qu’un parfait petit enfoiré, qu’il avait ce don d’enfoncer le couteau dans la plaie et ensuite de s’amuser à le remuer bien comme il faut. Mais il voulait la faire réagir, il voulait qu’Irina lui montre qui elle était vraiment, pas cette bonniche à la solde d’un crétin, pas un détective qui faisait mine « je suis froid », mais celle qu’elle pouvait être par moment, qui remontait malgré elle, parce que sa véritable personnalité ne pouvait être complètement effacée. Il avait pu l’apercevoir le jour de l’accident à Buckingham palace, également tout à l’heure quelque part dans son regard (et sa manière de claquer la porte qui ne ressemblait pas à Irina), il savait qu’elle était là quelque part et il la mettrait à jour. Peu à peu, petite à petit, il détruirait tout, découvrirait tout, et s’en amuserait.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
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Lorsqu'elle pénétra, justement, le loup la fixait de ses yeux gris, un regard inquisiteur qui la mit immédiatement mal à l'aise. Par chance, la présence légère et douce de Madison se faisait sentir dans son dos, comme un encouragement muet. Son amie lui procurait un véritable soutien. Elle était prête à défaillir, confrontée à ses cauchemars : son coeur tambourinait affreusement contre sa poitrine, semblable à un animal en cage apeuré qui tente vainement de s'enfuir et se jetant de toutes ses forces contre les barreaux de sa cage. C'était d'ailleurs l'impression qu'elle en avait : elle se sentait prise au piège, malmenée par un destin qui l'obligeait à affronter ses peurs, entraînée par le mensonge et le changement d'identité qui la forçait à se cramponner au rôle d'Irina. Vraiment, il y avait de quoi devenir folle.
Et puis, comme souvent, sa peur et sa colère fondirent, désarmées face à son inflexible volonté. Irina n'ignorait pas que sans elle, rien ne serait possible : elle croupirait en prison, serait déjà morte et enterrée depuis longtemps ou, pire, serait devenue une parfaite mère de famille, dont les seules occupations sont sa maison et sa marmaille... mais au moins n'aurait-elle pas rencontré le diable en personne.
« Ressers nous donc un peu de thé Blaze. » : ordonna soudain Tareth.
Sa répartie brisa instantanément le fil qui semblait retenir leurs regards, Neill se détournant vers le vicomte avec humeur, Irina contemplant tristement le service à thé. Elle aurait juré que c'était une idée de son bourreau, si celui-ci n'avait pas foudroyé du regard Tareth. Décidément, elle avait de tout, sauf de la chance. Comme si cela n'avait pas été suffisant de les servir une fois, ces deux imbéciles (à noter que dans le cas de Neill, imbécile ne se rapporte certainement pas à l'intelligence). Madison à ses côtés, elle se pencha vers le plateau. Elle sourit tristement à son amie, qui ne savait que penser de ce qui se passait entre le jeune vicomte et la ''domestique''. Irina était vraiment contente de l'avoir avec elle, même si elle savait très bien qu'Owen ne l'avait sans doute pas remarquée. Dommage.
« Laisse-moi m'occuper de l'invité. » : chuchota-t-elle à Madison, qui fut la seule à l'entendre.
Si vous voulez tout savoir, oui, elle y songeait déjà. Mais elle est encore trop lucide pour passer vraiment à l'acte.
«  Alors monsieur Owen, intervint Tareth, vous faites moins le malin maintenant.
- Que voulez-vous dire ? répondit celui-ci.
- Et bien, je pensais au vu de nos discussions que vous alliez montrer vos talents de courtisan, rétorqua Tareth en riant légèrement.
- Monsieur Tareth, je vous prierai de ne pas rigoler avec ces choses là. » : répliqua Neill, qui ne semblait pas vraiment ravi.
De courtisan ? Irina baissa la tête vers la tasse pour se retenir de lever les yeux au ciel. C'était donc tout ce qu'il avait trouvé pour justifier ses questions impertinentes ? Il aurait aussi bien pu les lui poser, Irina y aurait peut-être répondu : après tout, Blaze n'était qu'une personne fictive. Il aurait suffit d'attendre qu'il la force un peu, histoire de ne pas paraître trop suspect. Mais évidemment, avec un cerveau aussi tordu, Neill n'y avait pas pensé. Par contre, il se la permettait classique lorsqu'il s'agissait de la justification. Irina aurait adoré pouvoir le lui dire, mais elle songea que remettre en question son intelligence était un peu suicidaire.
« Mademoiselle Blaze, puisque le vicomte n’a su tenir sa langue, je ne cacherai pas mon intérêt pour vous, ''avoua'' Neill. Mais il semblerait que Matthew Ringalls ait été plus rapide que moi. Est-il le premier dans votre cœur ? Ou ailleurs ? »
Bravo, songea-t-elle ironiquement. Il avait enfin compris... ou presque tout. Avec un peu de malchance, il remarquerait que Tareth aussi était au courant. L'analogie était presque parfaite, lourde de sens cachés et plus mordante que l'acier. Elle retint son souffle en voyant qu'il n'en avait malheureusement pas terminé avec elle.
« Les premiers peuvent se faire ravir leur place, n’est ce pas monsieur Tareth ? Les nobles aiment se battre la première place. Cependant, je pense que cela ne vous intéresses pas. On m’a d’ailleurs dit autre fois que tout cela n’était en rien une compétition. »
La main d'Irina tremblait sur la tasse qui se remplissait progressivement. Madison, voyant cela, vola à son secours et la soutint. La jeune détective bouillonnait intérieurement. Elle reconnaissait bien là ses paroles, prononcées vaillamment à Buckingham à leur première rencontre. Voilà qu'il les retournait contre elle ! Oui, ce n'était pas une compétition : c'était sa vie à elle qui était en jeu, et elle n'avait pas la moindre envie de tomber sous son joug. Si cela devait se produire, elle préférait se suicider. Une balle dans la tête, ou un saut dans la Tamise réglerait cette affaire. Évidemment, elle n'en avait parlé à personne, et encore moins à Owen. S'il était au courant, peut-être la tuerait-il, alors qu'elle avait encore la force de lui résister ?
Elle savait qu'il la cherchait. Depuis qu'elle était entrée dans cette pièce. Il voulait qu'elle commette une erreur, qu'elle lui offre une faille dans sa défense. Mais brusquement, les flots de rage pure auxquels elle avait si souvent affaire balayèrent impitoyablement l'effroi, la prudence et la lucidité. Seul restait en tête le commandement ultime : ne te fais pas démasquer. Mais à quoi cela servirait-il si Neill Owen savait déjà ?
« Mais ne tremblez-vous pas d’excitation de savoir qui sera le vainqueur ? » : termina le vicomte, vicieux.
Elle ne vit pas son sourire. Elle ne vit pas son amusement, ni l'air sadique qu'il devait afficher, ni quoique ce soit. Elle ne le voyait pas. Ses mots résonnaient encore dans ses oreilles.
Vainqueur... vainqueur...
Oh non, elle ne tremblait pas à cette idée. L'excitation, elle ne la ressentait pas. Tout n'était plus que haine, dégoût, rage et terreur. Des émotions violentes qui se bousculaient en elle, la fatiguant, la laissant vide et terriblement seule. Même la chaleur dégagée par Madison ne suffisait plus à la réchauffer. Alors non, elle ne tremblait pas. Elle ne voulait pas savoir, parce qu'elle savait déjà que son propre combat serait voué à l'échec. Seul l'honneur propre aux guerriers la soutenait encore dans sa lutte. Fierté, sa plus fidèle alliée et qui, elle le devinait, causerait également sa perte.
L'idée que Ringalls puisse se battre pour elle la répugnait, mais d'une certaine manière, quand elle serait hors jeu, ce serait bien son dernier rempart face à l'avide intérêt que lui portait le vicomte. Deux personnes connaissant tout d'elle, capables de contrôler les moindres recoins de sa vie... elle ne désirait pas vivre comme une marionnette. Une fois morte, peu lui importerait qui des deux avait gagné. Et s'ils avaient envie de tout dévoiler sur elle, qu'ils ne se gênent surtout pas, la tombe la protégerait. Un nom sali, mais un honneur interne sauf.
Sa colère la refroidissait inexorablement. Il fallait qu'elle agisse avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'elle ne perde totalement ses moyens. Relevant la tête, fixant froidement le noble, elle lui répondit d'une voix suave. La voix d'Irina, et non d'Unity. Tant qu'elle tenait le masque, même si seul un fil subsistait entre ses doigts, prêt à rompre, il fallait le conserver coûte que coûte.
« Monsieur Owen, qu'est-ce que vous pouvez être naïf. Vous posez des questions dont vous connaissez déjà la réponse. »
Forcément, cela ne plut pas au vicomte, mais enflammée et glacée à la fois, Irina n'en avait cure. Elle se leva avec une grâce qui lui était étrangère, la tasse remplie de Neill à la main. Une main se posa sur sa jupe noire : Madison, qui sentait que la douceur forcée d'Irina était trop mielleuse pour être sincère. Elle n'avait pas tort : Irina était si loin du calme qui était censé caractérisée la domestique ! Elle la tapota distraitement, sans la regarder.
« En outre, votre manière de parler ne sied pas à un grand seigneur comme vous. »
Sa voix d'ordinaire avait des accents charmants et généreux, mais cette fois, ils étaient cachés par quelque chose de plus dur, de plus sauvage. Madison derrière elle fronça les sourcils, n'ayant jamais entendu Irina s'exprimer avec une telle recherche de vocabulaire, mais celle-ci ne le remarqua pas. Ses yeux ambrés brillaient comme deux joyaux. Elle s'approcha du vicomte.
« Voici ma réponse. C'était bien ce que vous cherchiez, après tout ? »
Et, sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle lui jeta le contenu de la tasse à la figure.
Si cela avait eu de l'effet sur Neill, Irina eut l'impression de subir une douche froide. Sa colère retomba, laissant place à une terreur inouïe en comprenant ce qu'elle avait fait. Elle n'avait quand même pas osé... ? Mais Neill était là, dégoulinant de thé, et la regardant d'un air... elle crut qu'il allait la massacrer sur le champ, devant témoins. Le visage rouge tomate, elle recula de quelques pas.
« Irina ! » : s'exclama la petite voix de Madison, tandis que Tareth grogna : « Blaze ! »
Elle les regarda, son maître et sa collègue, et vit le choc sur leur visage. Cela ne ressemblait certainement pas à la domestique fleur bleue qu'ils avaient toujours connue. Hé oui ! Irina pouvait être capable d'actes extrêmes, si on la poussait dans ses retranchements. Neill y arrivait à merveille.
« Je... je suis désolée..., balbutia-t-elle, affolée et persuadée de ne pas pouvoir échapper à son courroux. Je ne voulais pas... »
Comme il fallait s'y attendre, ses excuses, bien que tout à fait sincères, ne servaient à rien. Le mal était fait, et Irina se demandait s'il allait vraiment attendre d'être seuls pour la tuer. Il faisait vraiment peur à voir, malgré la touche comique apportée par les gouttes de thé. En fait, même ainsi il n'avait rien perdu de sa dignité. Il était toujours aussi impressionnant, voire plus, et dégageait le même charme ténébreux qu'auparavant. Pas de doute, il serait quasiment impossible de lui faire perdre contenance... Vu le temps qu'il lui restait à vivre, elle n'avait pas vraiment envie d'y réfléchir.
De toute façon, il avait eu ce qu'il voulait. Il désirait une réaction sincère, vive comme la vraie Unity pouvait en avoir ? Il était servi... Ce serait sa seule satisfaction. Pour le reste, elle était plutôt horrifiée par son acte et écoeurée de constater qu'il pouvait la manipuler si facilement... comme une poupée de porcelaine.
Avant que Neill ait le temps de prononcer le moindre mot, Tareth intervint.
« Blaze ! Ce comportement est inacceptable.
- Je sais, rétorqua-t-elle lentement, trop amère pour se contrôler.
- Monsieur Owen, désirez-vous vous changer et vous nettoyez ? » : s'enquit-il sans plus s'intéresser à elle.
Mais immédiatement il se frappa la tête.
« Suis-je bête ! c'est l'évidence même. Blaze, va donc l'accompagner. »
Irina pâlit brusquement. Il ne venait quand même pas... de l'envoyer... seule... avec OWEN ? Mais était-il seulement conscient que lorsqu'il en aurait fini avec elle il n'en resterait plus grand-chose ? Quel imbécile, vraiment. Mais l'ordre avait été donné, et Neill sauterait sûrement sur cette occasion.
« Monsieur Tareth..., commença Irina.
- Il suffit, coupa sèchement le vicomte. Darren nettoiera ta bêtise. »
Madison, en entendant son patronyme, s'inclina et prit la tasse des mains de son amie. Celle-ci restait paralysée, se demandant bien comment elle allait pouvoir s'en sortir. Une idée saugrenue lui traversa la tête. Elle aurait dû se perdre dans les recoins de sa mémoire et être oubliée, mais elle plut à Irina. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas exploité ses talents cachés.
« Si je puis me permettre, monsieur Tareth... » : commença-t-elle, juste assez pour exciter la curiosité de ce stupide noble.
Elle s'avança vers lui et se pencha vers son oreille, prenant bien soin de masquer complètement de son corps celui du vicomte. Lord Tareth se laissa faire, comprenant qu'elle voulait lui parler en tant qu'Unity.
« Il sait, souffla-t-elle. Et si tu ne fais pas attention, il va savoir que toi aussi. »
Et elle se releva, laissant un Tareth perplexe et... diminué d'un petit couteau qui s'était retrouvé, on ne sait comment, dans une des larges poches de la blouse d'Irina. Celle-ci n'ayant pas perdu la main, elle l'avait habilement dérobé pendant qu'elle lui parlait. Normalement, ni Neill ni Madison n'avait pu remarquer son petit manège... mais son bourreau était malin, et pouvait comprendre. C'était un risque à prendre.
Le couteau de défense de Tareth servirait, si besoin, à mettre fin aux jours d'Irina. Si Neill se révélait trop cruel, trop brutal... c'était tout ce dont elle avait besoin.
Tareth, qui réfléchissait, trouva enfin quelque chose à lui répondre.
« Utilise la mienne alors. » Il semblait presque gêné de le proposer, mais surtout troublé et inquiet.
Neill ne serait pas dupe, Irina le savait pertinemment : c'était d'ailleurs pour cela qu'elle lui avait révélé le pot aux roses, afin d'avoir une excuse que le jeune vicomte comprendrait. Ce qui était d'ailleurs un peu logique, que de le mettre en garde. Mais ainsi, peut-être pourrait-il ne pas remarquer qu'elle l'avait soulagé de son arme pour ses propres besoins.
Ne prenant même pas la peine de sourire ou de jouer une quelconque comédie, elle fit signe silencieusement à Neill de le suivre. Il devait être presque ravi de voir à quel point elle redoutait cet instant. Elle aurait, si elle avait pu choisir, lui servir le thé une nouvelle fois.
Si critiquer l'intelligence de Neill était suicidaire, que pouvait-on dire du jet de thé à la figure ? C'était carrément auto-destructeur ?
Sentant le poids rassurant du fascinant couteau de lord Tareth, anxieuse, elle quitta la pièce et referma derrière eux. Elle commença à partir en direction des sanitaires privées de lord Tareth, bien qu'elle ne se fasse aucune illusion.
Elle attendait tout simplement que le choc vienne.

(Ah, j'ai vraiment mal pour elle... >____< Mais j'avais dit que je le ferai, alors je l'ai fait;)
Neill Owen
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- Monsieur Owen, qu'est-ce que vous pouvez être naïf. Vous posez des questions dont vous connaissez déjà la réponse.

Naïf, lui ? Neill avait déjà tué pour moins que ça. Mais bon, il se contenta d’un haussement d’épaule, il l’avait cherché après tout.

- En outre, votre manière de parler ne sied pas à un grand seigneur comme vous.

Pff.

- Voici ma réponse. C'était bien ce que vous cherchiez, après tout ?

Sa rep.. ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir, il comprit, se recevant le thé à la figure. Il ferma les yeux, se planta les doigts dans les jambes pour ne pas perdre contenance et casser son jouet devant témoins. Il dut prendre sur lui à ce moment là pour ne pas transformer cette sale peste en pâté pour chat.
Puis il rouvrit ses yeux, son regard planté comme une lance sur Irina. Ses excuses lui passa par au dessus. En apparence calme, il bouillonnait à l’intérieur, et ce qui se déroulait maintenant il n’en avait plus conscience. Tareth voyait toujours en lui un gentleman, puisque ses manières semblaient toujours aussi bonnes, malgré le thé qui dégoulinait sur son visage et salissait ses cheveux. Cependant son regard, plus aiguisé que des lames de couteaux, plus effrayant sans doute qu’une bande de malfrats, ne quittait plus Irina. Et oui elle pouvait avoir peur. Il aurait aimé à ce moment là la voir fondre en larmes, un peu comme ceux qui le suppliaient de les laisser en vie.
Pourtant il ne réagissait pas. Assit sagement sur sa chaise. S’il n’avait pas eut ses yeux pour parler à sa place, on aurait presque pu croire que la scène ne l’ennuyait pas tant que ça, que ce n’était qu’un petit accident de rien du tout, une défaite qui blessait sa fierté mais sans plus.

Et cet abruti de Tareth qui lui donnait l’occasion d’être seule avec, lui ordonnant de l’emmener se changer. Ce fut la seule fois où Neill eut une pensée de reconnaissance envers le vicomte. Il était déjà debout alors qu’Irina ne semblait pas du tout avoir envie d’obéir, et ça se comprenait très bien. Mais voilà qu’elle prenait l’idiot irrécupérable en aparté, allez savoir ce qu’elle pouvait lui raconter, Owen espérait qu’elle ne le convainc pas de ne pas la laisser aller seule avec lui. Il repéra un mouvement, la main d’Irina volant quelque chose à Tareth, mais il ne pu voir quoi. Il fronça les sourcils et se jura de faire attention, parfois c’était ce genre de détail qu’on omettait qui foutait tout par terre.

Finalement Irina se recula et fit signe à Neill de la suivre. Il sourit et s’exécuta. Ayant toujours Son regard glacial qui ne quittait à aucun moment la jeune domestique. Il resta silencieux tout le long du trajet, ne tenta aucun geste, rien, se contentant de suivre la domestique. Peut-être était-ce rassurant, ou au contraire encore plus effrayant, comment deviner à quel moment il montrerait sa colère, sa vexation, comment savoir quelle serait sa réaction ? Silence lourd et pesant, regard toujours aussi mauvais, et sourire toujours trop bon, trop faux. Neill, que caches-tu dans ta tête ? Quels sont tes pensés et tes envies à ce moment alors que tu suis cette domestique qui a osé te jeter du thé à la figure, te tenant tête comme sûrement jamais personne avant cela ?

Bien sûr il l’avait bien cherché, il le savait, c’est exactement ce qu’il voulait, qu’elle lui montre cette facette d’elle cachée parmi d’autres identités. Mais malgré tout cela l’énervait, il pouvait sentir l’odeur du thé entrer dans ses narines, et le liquide mouiller ses oreilles, et même quelques gouttes glisser dans son cou. Ses pensées étaient alors embrouillées et paradoxales, mélangeant la colère et le plaisir, il avait gagné, elle avait réagit, il avait perdu, elle avait osé lui envoyer du thé à la figure. Quel sort allait-il lui réserver alors ?

Finalement ils arrivèrent aux sanitaires privés du vicomte Tareth. Irina aurait pu tout aussi bien le laisser là, lui dire de se nettoyer, de se changer, puis revenir le chercher plus tard quand il aurait finit. Elle aurait pu, mais Neill bloquait déjà la porte, impossible de quitter cette pièce sans son autorisation. Le pire c’est qu’il ne parlait toujours pas, il ne la regardait même plus, ses yeux baissés sur le sol. Ses mains atteignirent les boutons de sa chemise et il commença à la déboutonner, toujours sans rien dire, il enleva le vêtement qui le couvrait et le jeta sur le côté, puis seulement il releva les yeux. Il souriait, son regard était moins froid mais pas beaucoup plus rassurant. Il se dirigea vers le lavabo, ouvrit le robinet faisant couler l’eau, il commença à se nettoyer le visage.

- Irina…

Premier mot depuis qu’il s’était reçu le thé dans la figure. Il n’était même pas retourné vers elle, il continuait à se laver.

- Seth…

Deuxième mot, deuxième prénom. Le voilà la tête dans le lavabo, se nettoyant les cheveux. Quand il la relève, l’eau se met à dégouliner sur son dos nu, mais il est propre.

- Qui que tu sois, tu sembles aimer le danger.

Il se retourne enfin et la fixe de nouveau, ignorant sa peur.

- Et bien, je suis en retard. Ringalls et Tareth. Deux personnes au courant. Pour Ringalls je comprends, mais pour l’autre idiot…

Petite pause pour s’essorer les cheveux comme il peut avec ses mains.

- Je suis écœuré.

C’est sincère, ça sort du cœur et ça s’entend.

Neill semblait calme, très calme, trop calme sans doute, il parlait d’autres choses, comme si l’épisode de la tasse de thé était très loin derrière, pourtant ce n’était pas le cas, et il aurait été stupide de croire qu’il avait oublié.

Il s’avança vers la fausse blonde, à petit pas, scrutant le moindre de ses gestes, elle serait capable de se défendre et d’agir bêtement. Après tout il ne savait toujours pas ce qu’elle avait pu prendre à Tareth, et s’il n’était en aucun cas effrayé par cela, il ne voulait pas que sa proie lui échappe. Pas maintenant. D’abord il devait lui faire comprendre qu’on ne s’en prenait pas à lui impunément.

- Alors comme ça tu es fiancé à Ringalls ? Je suis doublement écœuré, aimes-tu à ce point la justice pour vouloir l’épouser ? Où alors il te force ? Parce qu’il connaît ton secret ?

Il se mit à rire :

- Tu n’es même pas une fiancée ou un détective, juste une marionnette. Ringalls est pire que moi.

Etait-ce vrai ? Sans doute pas. Si le détective utilisait vraisemblablement Irina, il restait quand même une bonne personne, voulant résoudre des enquêtes et faire le bien. Neill lui ne savait pas ce qu’il ferait de la femme, mais il était certain qu’il était le mal en personne. Donc pire que Ringalls. Mais que le bien pouvait être hypocrite, crachant sur l’injustice et se permettant des bassesses sous couvert de « mais je fais de bonnes choses ».

Il s’approcha encore, l’acculant contre le mur. Neill semblait imposant, plus grand qu’Irina, plus fort également et plus méchant.

- Tu as peur Irina ? Parce que tu t’es montrée trop téméraire envers moi.

Il leva la main, l’avançant doucement vers la domestique :

- Tu as raison d’avoir peur, je vais te montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à moi.

Il posa ses doigts sur le cou de la femme, sans serrer, délicatement, comme une caresse, mais le geste signifiait tout sans même qu’il ait besoin d’en rajouter.

- A ton avis combien me faut-il de secondes pour te tordre le cou ou te le casser ? Oh bien sûr, je ne vais pas le faire, je ne voudrais pas te casser, pas tout de suite, intéresse moi encore un peu. Je ne sais pas encore tout de toi.

Mais même s’il disait qu’il ne le ferait pas, il gardait sa main là, voulant lui montrer son pouvoir. Pourtant ce qu’il y avait de bien plus effrayant à ce moment là n’était pas ses doigts sur le cou d’Irina, ni même son sourire sarcastique. Non, s’étaient ses yeux, tellement froids comme s’ils avaient été taillés dans la glace, déversant à eux seuls tellement de méchanceté… Il n’était pas bête celui qui disait que les yeux étaient le miroir de l’âme, parce que Neill en était le parfait exemple, son regard montrant sa véritable personnalité, celle d’un démon. Et c’était très loin d’être rassurant.
Unity Violett
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Par chance, Neill se tint tranquille pendant tout le trajet. Ce qui laissait à Irina le temps de se calmer elle-même et de se concentrer. Elle chassait d'elle toute trace de colère, ne laissant en elle qu'un vide teinté d'une légère panique. Ce serait suffisant. Elle aurait aimé croisé quelqu'un, mais comme il fallait s'y attendre, il n'y avait pas âme qui vive. Le joli couteau qu'elle avait pris à Tareth lui piquait de temps en temps le ventre, lui rappelant qu'elle devait se tenir prête.
Elle avait été défaitiste. Elle s'était laissée emporter par sa peur, comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Irina ne perdrait pas, elle se l'était jurée. Elle réussirait à s'extraire de ces influences, à ne plus être le jouet d'Owen, ou alors elle se donnerait volontairement la mort, mais une chose était sûre : elle avait bien l'intention d'être la seule maîtresse de son destin. Elle pensait qu'elle aurait pu essayer de tuer le vicomte, mais savait bien qu'elle ne le pensait pas sérieusement : cela ne causerait que des ennuis, et elle risquait fort de renouer avec ses instincts de meurtre et de violence. Parce qu'au fond d'elle-même, elle aimait ça, comme d'autres aiment l'opéra.
Neill bloqua la porte une fois qu'ils étaient tout deux rentrés dans la somptueuse pièce. Soit. Le message était passé, et Irina n'allait certainement pas essayer de forcer le passage. Non, trop d'orgueil, trop d'honneur martial qui la poussait à s'opposer encore et toujours sans (presque) jamais fuir. Aussi resta-t-elle immobile et se contenta-t-elle de le regarder froidement se nettoyer. Pour rien au monde elle ne l'aurait aidé.
Torse nu, il commença à nettoyer son visage. Il prononça ses deux prénoms - Irina, puis Seth, comme pour bien lui rappeler ce qu'il savait d'elle - et elle eut l'inestimable satisfaction qu'il n'ait pas encore l'occasion de rajouter "Unity" à sa liste. Elle ferait tout pour que ce ne soit pas le cas. D'une certaine manière, ce serait plus compliqué pour lui : Unity n'avait pas le moindre lien avec les autres. Mais elle avait son visage, son caractère enflammé et surtout, la pire des preuves, les mêmes yeux à la couleur si exceptionnelle. Enfin... la partie n'était pas terminé. Et, s'il voulait que ce soit un jeu, pourquoi pas. Elle était aussi mauvaise perdante.
Il se releva, des gouttelettes d'eau ruisselant sur son corps. Nombre de femmes auraient été enchantées de voir un tel spectacle, elle le devinait ; en ce qui la concernait, le simple fait de savoir qu'il n'avait rien d'un gentleman suffisait à la refroidir.
« Qui que tu sois, tu sembles aimer le danger. » : constata-t-il.
Aimer le danger ? Peut-être pas. L'exitence sans risques ne valaient pas la peine d'être vécue, cela dit, aussi était-il vrai qu'elle n'hésitait pas à jouer avec le feu. Sa vie ? Elle s'en fichait bien, elle était même prête à la sacrifier (ce qui explique, je précise, son comportement suicidaire). Alors oui, peut-être qu'elle aimait le danger. Mais certainement pas quand cela concernait ses identités. Et, tant qu'il n'avait pas découvert son véritable nom, ni son véritable passé, elle était encore en jeu. Sa pire des peurs est, je le rappelle, que toutes ses manigances soient mises à jour.
Il s'était retourné.
« Et bien, je suis en retard. Ringalls et Tareth. Deux personnes au courant. Pour Ringalls je comprends, mais pour l’autre idiot… Je suis écœuré. »
Il avait enfin compris, songeait-elle. Il en avait mis du temps ! A vrai dire, le simple énoncé de ce qui se passait ne la gênait même pas, tellement ce mot "écœuré" la ravissait secrètement. Hé oui, un imbécile comme Tareth pouvait être au courant bien avant lui. Enfin, s'il le considérait comme un idiot complet, il le sous-estimait. Le noble pouvait souvent se montrer stupide, mais ses traits d'intelligence concernant le réseau révélaient des facultés que l'on ignorait tout. Parfois, Irina s'était demandé s'il était vraiment aussi bête que ce que tout le monde croyait... elle en avait conclu que si ce n'était pas le cas, le jeu était trop impeccable pour qu'on puisse le percer.
« Alors comme ça tu es fiancé à Ringalls ? continua-t-il en s'avançant dans sa direction. Je suis doublement écœuré, aimes-tu à ce point la justice pour vouloir l’épouser ? Où alors il te force ? Parce qu’il connaît ton secret ? »
Ses mots frappèrent la jeune femme en plein cœur, qui inconsciemment recula d'un pas. En plein dans le mille. Il avait presque tout compris de la situation. A moins qu'il croit vraiment qu'Irina n'avait bien été qu'à la base une domestique qui s'était laissée embobinée par le détective ? Oh, non, il devait bien se douter que connaître sa tendance au changement d'identité ne lui incitait qu'une plus grande prudence envers la personne qui savait, et pas que cela constituait un véritable moyen de pression. Sinon, elle se serait déjà aplatie devant lui. Ringalls en savait bien plus que lui : il avait carrément une preuve de plusieurs meurtres qu'elle avait commis, preuves qu'il avait récoltées sagement avant de les lui mettre sous le nez. De quoi la jeter en prison jusqu'à la mort. Mais cela, Owen l'ignorait totalement. Il n'avait pas encore pleinement conscience des relations entre Irina et son boss.
« Tu n’es même pas une fiancée ou un détective, ajouta le vicomte en riant, juste une marionnette. Ringalls est pire que moi. »
Marionnette...
Irina serra les dents. Elle n'avait plus envie de lui parler. Elle voulait juste se taire, le laisser froidement apprécier sa victoire et ourdir des plans de vengeance. Qu'elle puisse réfléchir en paix. Qu'il lui jette à la figure ce qu'elle pensait tout bas n'était pas pour lui plaire. Il n'empêchait qu'il se trompait.
Elle était une détective, que cela lui plaise ou non.
Elle avait était formée pour cela, et d'une certaine manière, elle était vraiment devenue l'associée de Ringalls. Simplement, elle ne portait pas son vrai nom. Et alors ? De quel droit osait-il dire qu'elle n'était pas une enquêtrice ? Une boule de colère se forma en elle, lui brouillant légèrement les sens. Elle ne remarqua même pas qu'il l'avait plaquée contre le mur jusqu'à ce qu'elle le sente dans son dos. Le choc parvint à lui redonner lucidité et le vide revint en elle. Elle fixa froidement Neill de ses yeux orangés.
« Tu as peur Irina ? » : demanda-t-il.
Peur ? Elle avait toujours peur de lui. Pas vraiment peur de ce qu'il représentait, pas de sa méchanceté, de sa fourberie ou de sa soif de pouvoir. Ce qui l'effrayait chez lui, c'était plutôt sa folie, son comportement lunatique tellement imprévisible qu'elle ne pouvait pas monter de plans sur pied. Mais le couteau dans sa poche, l'approchant si délicieusement de la dernière étreinte, la chassait. Ce qu'elle ressentait en ce moment précis, c'était plutôt une sourde angoisse nourrie par la tension qui régnait dans la pièce. Elle resta silencieuse et ne cilla même pas.
« Parce que tu t’es montrée trop téméraire envers moi, poursuivit-il. Tu as raison d’avoir peur, je vais te montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à moi. »
Irina n'était jamais trop téméraire. Cela, il allait falloir qu'il l'apprenne.
Il la prit un peu au dépourvue lorsqu'il posa délicatement ses doigts contre sa gorge découverte. Ainsi, elle avait en partie raison : il n'hésiterait pas à la tuer. Mais ne les serrant pas, elle comprit aussi qu'il ne voulait pas l'étrangler tout de suite... et en fut presque déçue. N'osait-il donc pas ? Hé, elle n'allait pas s'enfuir, comme si c'était vraiment possible, et ne se défendrait juste assez pour pouvoir prendre la lame.
Le couteau. Mais bien sûr. Il devait se douter qu'elle avait pris quelque chose à Tareth. Quelle idiote, maintenant il devinerait peut-être ses talents. Enfin. Elle se promit de lui faire croire qu'elle en avait demandé la permission à Tareth, et que par conséquent, elle ne l'avait pas volé. De toute façon, cet imbécile ne remarquerait rien... ou aurait l'intelligence de se taire.
« A ton avis combien me faut-il de secondes pour te tordre le cou ou te le casser ? »
A son avis, elle songeait qu'elle se serait elle-même tué avant qu'il ait pu causé sa mort, mais cela il ne pouvait pas le savoir.
« Oh bien sûr, je ne vais pas le faire, je ne voudrais pas te casser, pas tout de suite, intéresse moi encore un peu. Je ne sais pas encore tout de toi. »
Oh. C'était donc tout ce qu'il avait trouvé pour l'impressionner ? Une menace de mort... quel dommage, ça aurait peut-être marché si Irina avait vraiment peur de perdre la vie, et qu'elle avait déjà prévu qu'elle se tuerait s'il tentait de le faire à sa place. Une vive déception la traversa, chassant les dernières traces de peur et balayant violemment le vide qui avait jusque là régné en elle. Décidément, l'élégance et la distinction le caractérisaient bien plus que l'originalité. Tant pis pour lui. Il n'avait pas employé la bonne menace, la seule et unique qui aurait pu la calmer. Là, il risquait fortement de se retrouver dans des situations pareils - c'est-à-dire couvert de thé, ou de quelque chose de moins ragoûtant.
La détermination d'Irina face à quelque chose qui ne lui faisait pas peur mais qui au contraire l'apaisait et lui donnait envie de continuer à résister aussi intensément s'en retrouva renforcée. Elle n'avait plus qu'une envie : mettre son nez dans les affaires de Neill, vu que tout ce qui lui proposait, c'était une mort non naturelle qui risquait de survenir si elle se contentait de rester sage. Cette faim de connaissance lui piquait doucement le cœur, l'excitant et lui démangeant les doigts. Le contact de Neill perdait vraiment de son horreur. Pourquoi ne serrait-il donc pas ses maudits doigts ? Tant pis pour lui, elle avait bien l'intention de lui retourner la monnaie de sa pièce. Et donc éviter la mort, pour cette fois du moins.
Mais pour éviter de trop le froisser, elle détourna la tête et ferma les yeux. Elle choisit une voix parmi toute la gamme de celles qu'elle avait élaborées. C'était le timbre neutre et fier de Clara Rayed, une petite baronne de la province qui s'était rendue à Londres pendant trois mois et qui avait "subitement" trouvé la mort en se noyant dans la Tamise. Inutile de préciser qu'Irina n'avait plus l'intention d'utiliser cette identité, même si elle lui avait servi à l'époque. Clara n'avait jamais rencontré le vicomte Owen, mais celui-ci l'avait peut-être entendue parler à son insu.
« Vous aurez du mal à me casser, vicomte, répondit-elle d'une voix un peu mélodieuse et marquée d'un léger accent campagnard. Je ne suis pas une poupée en porcelaine. »
Mais elle se sentait si frêle, si fragile entre ses doigts de fer caressants et la façon brutale qu'il avait de la retenir contre son gré. Elle détestait l'apparence qu'elle devait avoir en ce moment, cette stupide jupe noire qui lui allait si mal, ses boucles blondes trop impeccables, la finesse de son corps pourtant un peu plus athlétique que celui des autres femmes. Enfin, c'était quand même ce qu'elle était : une femme. Et cela, elle devait se le rappeler constamment. Sur le plan physique, elle n'atteignait pas sa puissance et aurait bien du mal à se défendre s'il utilisait la force contre elle. Quelle plaie quand même...
Lorsqu'elle fut certaine que ses yeux exprimaient juste ce qu'elle désirait - un mélange de peur légère qu'elle n'éprouvait plus, de défi et de calme intense, elle les ouvrit et les pointa vers lui. Oh, son regard avait la froideur d'un glacier. Effrayant... mais cela ne l'impressionnait plus, pas alors qu'elle s'était vidée de tout.
« Ce que vous détruisez, vous le reconstruisez. En avez-vous seulement conscience ? »
Ce n'était pas une phrase lancée en l'air pour amener le doute en lui. C'était la vérité. Il avait presque réussi à la perdre, mais sa menace de mort l'avait fait revivre (aussi contradictoire que cela puisse paraître, je vous l'accorde) et lui donnait envie de se battre à nouveau. Cela dit, elle ne prit pas la peine d'expliquer pourquoi. Qu'il croie donc qu'elle craignait la mort, qu'elle destinait ce couteau à son cœur à lui, et pas à celui qui battait dans sa poitrine à elle. Cela l'arrangeait.
« Je ne suis pas une marionnette. » Sa voix s'était durcie. « Vous êtes intelligent, Owen, mais vous n'avez pas tout compris. Je suis contrôlée, oui. Je n'ai pas le choix. »
Aveu délicat et difficile qui lui laissa un goût amer sur la langue. En espérant que cela lui fasse plaisir...
« Mais ma vie, ma carrière - tout cela n'appartient qu'à moi. Peu importe qui mes identités fréquentent-elles, et peu importe si je me travestis pour pratiquer mon métier : je l'exerce quand même, et presque comme je l'entends - l'inconvénient d'un associé, évidemment. »
Elle sourit, et n'arriva pas à dissimuler le mépris qui la prit soudain en songeant qu'il était si loin de la vérité. Il n'avait pas tort pour son analogie avec la marionnette, mais tous deux se trompaient lorsqu'ils pensaient que cela concernait tout. C'était un moyen de pression plus qu'un véritable joug... avec quelques extras, dirons-nous.
« Après, pensez ce que vous voulez. »
Et, tant qu'à faire, allez au diable.
« Mais je vous ai fait un cadeau inestimable. Je vous donne l'occasion de mieux me comprendre. Un avantage en plus, si vous voulez. Vous qui êtes si joueur, profitez-en bien. »
Elle posa doucement ses doigts sur les siens, sans vouloir le brusquer - un rappel muet pour qu'il enlève ses doigts de sa gorge.
« Me lâcherez-vous maintenant ? »
Même si la peur brillait dans ses yeux, elle était loin de la ressentir. Elle n'avait plus l'intention de se laisser impressionner par ce "brillant" vicomte. Il n'avait pas abaissé les bonnes cartes ? Il était donc faillible. Il gagnerait cette manche, elle ne pourrait rien y faire. Mais à elle de préparer les suivantes...


(Elle aussi m'a échappée. Elle m'a rappelé qu'elle ne craignait pas pour sa vie et que si c'était tout ce qu'il pouvait lui faire, il ne l'impressionnait plus. Ah, ces personnages, vraiment incontrôlables.)
Neill Owen
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Neill aimait gagner, avoir le pouvoir, faire peur, tricher, mentir, jouer. Il aimait tout ça bien plus que l’argent que cela lui apportait. Il était tellement habitué de voir les gens le craindre et prier pour leur vie, qu’il avait la mauvaise habitude de croire que tous étaient pareils, même cette Irina. C’était peut-être une erreur de sous estimer les autres, mais comme au final il était toujours le plus fort, qu’importe.
C’est pour cela qu’il se laissa porter par le jeu de la fausse blonde, oubliant qu’elle était une bonne actrice, croyant qu’il saurait tout déceler chez elle. Tant pis s’il se trompait, elle n’était qu’un jouet après tout, il saurait toujours reprendre le contrôle (du moins le croyait-il).

- Vous aurez du mal à me casser, vicomte. Je ne suis pas une poupée en porcelaine.

Elle ne le regardait pas, elle avait fermé les yeux, et parla d’une voix qui n’était pas celle qu’il avait pu entendre plus tôt. C’était amusant, agréable, il adora ça.

Elle finit par se retourner vers lui, enfin, ses yeux étaient emprunt de peur, de défit et de calme. Neill ne les quitta plus, et la laissa parler. Irina lui expliqua d’un ton sincère que tout ce qu’il détruisait il le reconstruisait, lui demandant s’il en avait conscience ?
Le vicomte s’interrogea malgré lui et finit par conclure qu’elle n’avait pas tort, il avait détruit la vie de ses parents pour construire la sienne, avait ruiné celle de son frère pour améliorer la sienne, il abattait les gens pour récupérer ce qu’on lui devait, et il avait construit tout un réseau, tout un trafique de destruction (peu importe si les gens se croyaient plus fort en obtenant une pierre). Elle avait raison, il détruisait et reconstruisait, mais s’il la cassait, s’il l’abîmait qu’obtiendrait-il ? Irina avait bien plus à lui offrir en étant vivante et il en était parfaitement conscient, c’est pour cela qu’il ne resserrait pas son emprise, c’est pour cela qu’il ne l’étranglait pas.

Ce qui suivit plu énormément à Neill, même si le ton de la demoiselle s’était durci, ce qu’elle lui raconta était personnel, et malgré lui il se surpris à être tout ouïe et intéressé.

- Je ne suis pas une marionnette. Vous êtes intelligent, Owen, mais vous n'avez pas tout compris. Je suis contrôlée, oui. Je n'ai pas le choix. Mais ma vie, ma carrière - tout cela n'appartient qu'à moi. Peu importe qui mes identités fréquentent-elles, et peu importe si je me travestis pour pratiquer mon métier : je l'exerce quand même, et presque comme je l'entends - l'inconvénient d'un associé, évidemment.

Le regard du vicomte se fit moins dur, moins méchant, il signalait son intérêt, sans aucune moquerie, sans aucun sarcasme, ses yeux étaient emprunt de contentement. Neill ne tint même pas rigueur au sourire pleins de mépris envers lui qu’elle eut. De toute façon la suite de son discours adoucissait de plus en plus le vicomte.

- Après, pensez ce que vous voulez. Mais je vous ai fait un cadeau inestimable. Je vous donne l'occasion de mieux me comprendre. Un avantage en plus, si vous voulez. Vous qui êtes si joueur, profitez-en bien.

Bien sûr qu’il allait en profiter, il voulait savoir, sans même plus savoir pourquoi, juste parce que ça l’amusait et ses jeux n’avaient souvent aucun sens. Sans doute Irina pensait qu’il en profiterait pour faire d’elle sa marionnette, pour l’utiliser, mais en fait ce n’était pas le cas, lui-même ignorait ce qu’il ferait de ses informations, peut-être que ça le lasserait et il la laisserait tomber, sans plus, ou alors il la tuerait parce qu’elle en saurait trop. Si cela continuait de l’intéresser peut-être alors en ferait-il quelque chose, on verrait.
Irina lui demanda alors de la lâcher. C’est vrai que jusqu’à alors il tenait toujours son cou, il aimait percevoir sous ses doigts ce fragile membre qui pouvait se casser si facilement. Chaque fois qu’elle parlait il sentait sa glotte frapper sa paume, la sensation n’était en rien désagréable. Ce n’était même pas par désir de l’étrangler puisqu’il ne l’avait plus, alors doucement il baissa la main et se recula.

Il alla récupérer sa chemise, la passa un peu sous l’eau et la renfila, remettant ses boutons tranquillement. Puis il fit un tour sur lui-même et s’adressa à nouveau à la domestique. Son ton était complètement différent, on aurait dit celui d’un ado content, ses airs étaient pareils, on pouvait sentir son excitation à travers ses gestes, et tout reflétait sa joie et sa bonne humeur. Pour la première fois depuis son arrivée au manoir il ressemblait à ce qu’il était, un gamin de 19 ans, et ce n’était pas un rôle (inutile de jouer devant Irina, c’est ce qu’il pensait), c’était sincère, et ça s’entendait dans son ton.

- Irina, tu as raison, j’aurai du mal à te casser, j’aurai du mal à te toucher et t’atteindre. Si tu étais une poupée en porcelaine je t’aurais traité comme telle, j’aurais été délicat, gentil, mais c’est parce que tu ne l’es pas que je suis si méchant.

Il souriait sincèrement, heureux.

- Irina (il semblait aimer prononcer ce prénom), tu aimes être détective mais tu ne supportes qu’on te manipule, c’est ça ? Ringalls ne pourra jamais te prendre ce qui t’appartiens, parce que ta vie n’est qu’à toi. Que ferais-tu si on voulait te la prendre ?

Plissement des yeux :

- Jusqu’où irais-tu pour garder ta vie seulement pour toi ?

Si Neill pensait au suicide, il n’en fit aucunement référence, peut-être songeait-il à autre chose, peut-être parlait-il de tout quitter, de s’enfuir, que ferait-il lui s’il devenait une marionnette ?
Il tuerait ceux qui se croient plus fort que lui.
Jusqu’où Irina irait-elle, elle ?

- Mais pourquoi vouloir soudainement que je te comprenne Irina ?

Puis dans une soudaine crise de narcissique il ajouta :

- Je ne t’ai pas compris c’est ça ? Je n’ai rien compris et ça te déçois ? Ca t’énerve ? Peut-être que ça te soulage ? Pourquoi veux-tu que je te comprenne ?

Neill s’approcha de nouveau d’elle, tout joyeusement, tout excité :

- Tu sais, j’ai changé d’avis. Viens me voir, je t’aiderai pour tes enquêtes. Je te donnerai des infos si tu en as besoin et que j’en trouve. Viens en Seth, n’hésite pas, je t’accueillerai comme il se doit.

Il fit une pause, réfléchissant à ce qu’il allait ajouter :

- Bien sûr, tu sais que je ne fais rien en échange de rien, je ne te demande pas de me dire qui tu es évidement, je saurai le deviner moi-même et puis je préfère chercher, c’est plus amusant. Mais ce sera plus facile pour moi si tu es là, si je te vois.

C’était vrai, pour mieux connaître une personne il fallait la côtoyer. Les autres pouvaient bien vous parlez d’elle autant qu’ils voudraient, il n’y aurait pas meilleure moyen que d’être avec elle pour en apprendre plus. Bien sûr il prenait le risque de l’aider sur ses enquêtes (mais bon tant pis), mais pire encore elle serait directement sur ses plates bandes et s’il lui prenait l’envie de lui rendre la monnaie de sa pièce, de découvrir tous ses méfaits, de le punir en l’envoyant croupir en prison puis à la potence, il était en danger, vraiment. Mais tant pis, s’il voulait s’amuser il fallait prendre le risque, et si ça devait le mener à sa perte ce n’en serait que plus passionnant. Quelle importance à la vie si on ne frôlait jamais la mort, si tout était normal, tranquille. Lui, il aimait les sensations fortes, et Irina pourrait lui en donner.

Effrayé soudain qu’elle refuse, il lui attrapa les deux mains, les joignant comme une prière, avec une douceur qui n’allait pas avec ce qu’il avait pu montrer jusque là, pourtant il restait sincère :

- Irina, dis moi oui, dis moi que tu viendras et que tu ne refuseras pas ma proposition. Penses-y, tu as beaucoup à y gagner.

Et sans doute beaucoup à perdre, mais parfois il faut faire des choix. Comme lui. Si elle acceptait, ils marcheraient tous deux sur un fil et c’est le premier qui tomberait qui perdrait. Allait-elle accepter ? Allait-elle refuser ? Tout ne tenait qu’à elle.

Bien sûr si elle disait non, il trouverait un moyen pour la revoir, pour mettre le nez dans ses affaires, il utiliserait les gens qui travaillent pour lui, les nobles qui pourraient le renseigner, si elle refusait il irait même fouiller chez Ringalls (d’ailleurs rien ne disait qu’il ne le ferait pas même si elle acceptait, mais disons qu’il serait freiné dans cette entreprise).

- Alors ? Qu’en penses-tu ?

[HRP : on est les deux à perdre nos personnages :'D, ils nous échappent !]
Unity Violett
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Et voilà, il suffisait de demander. Voilà qu'il la lâchait et qu'il remettait sa chemise. Sacré Neill, quand même. Irina s'éloigna du mur, le dos un peu endolori, mais trop fière pour l'avouer. Au moins avait-elle réussi à faire avancer la situation. Mine de rien, on a l'air beaucoup plus convaincant quand on est libre de ses mouvements.
Lorsqu'il se tourna de nouveau vers elle, elle fut soudain frappée par ce qu'elle voyait. Le vicomte semblait joyeux, ce qui la fit se rembrunir. Mais... on aurait dit un gamin ! La jeunesse de son bourreau la prit soudain au dépourvu. Il était beaucoup moins âgé qu'elle ! Incroyable quand même, tout ce qui pouvait se cacher dans la tête d'une jeune homme d'environ vingt ans. Quelle était cette nouvelle manigance ? Pourquoi lui montrer subitement ce visage-là, et plus l'élégante menace de ses yeux glaciaux ?
« Irina, tu as raison, j’aurai du mal à te casser, j’aurai du mal à te toucher et t’atteindre. Si tu étais une poupée en porcelaine je t’aurais traité comme telle, j’aurais été délicat, gentil, mais c’est parce que tu ne l’es pas que je suis si méchant.  »
Bah voyons. Comme si c'était sa faute maintenant...
Quoique, en y réfléchissant, il ne devait pas se comporter comme ça envers les dames. La délicatesse payait toujours face à ces fragiles créatures, qui n'aimaient pas être brusquées. En dehors de quelques-unes de ses connaissances, elle connaissait peu de femmes capables de jeter du thé à la figure d'un ennemi. Du moins, pas dans de telles circonstances. Elle aurait presque souhaité qu'il soit gentil avec elle, juste parce que ce serait plus supportable, sauf qu'elle savait bien que cela n'aurait été que de la comédie.
« Irina, tu aimes être détective mais tu ne supportes qu’on te manipule, c’est ça ? Ringalls ne pourra jamais te prendre ce qui t’appartiens, parce que ta vie n’est qu’à toi. Que ferais-tu si on voulait te la prendre ? Jusqu’où irais-tu pour garder ta vie seulement pour toi ? »
Jusqu'à la mort. Jusqu'à ce que je meure. Irina connaît parfaitement la réponse à cette question, pour se l'être déjà posée. Elle avait toujours dit à Ringalls que s'il allait trop loin, elle n'hésiterait pas à se tuer... et aussi à l'emmener avec elle dans l'au-delà si besoin. Avec Owen, peut-être pas : elle se doutait bien qu'elle ne parviendrait jamais à l'assassiner. On ne la fait pas à un génie du Mal, voyons.
« Mais pourquoi vouloir soudainement que je te comprenne Irina ? Je ne t’ai pas compris c’est ça ? Je n’ai rien compris et ça te déçois ? Ca t’énerve ? Peut-être que ça te soulage ? Pourquoi veux-tu que je te comprenne ? »
Un mélange de déception et de joie, en fait. Il ne fallait pas qu'il comprenne tout, en même temps, c'était presque dommage de le voir aussi éloigné de la vérité, et à la fois aussi proche... Elle s'apprêtait à le lui dire, mais il s'approchait d'elle, et elle préféra voir ce qu'il avait à lui dire.
« Tu sais, j’ai changé d’avis. Viens me voir, je t’aiderai pour tes enquêtes. Je te donnerai des infos si tu en as besoin et que j’en trouve. Viens en Seth, n’hésite pas, je t’accueillerai comme il se doit. »
Incrédule, elle ouvrit des yeux ronds. Alors comme ça, subitement, il acceptait sa proposition ? Juste parce qu'elle s'était montré coriace ? Finalement, peut-être bien que le combat n'était pas vain. Peut-être bien qu'elle pouvait gagner... Encore faudrait-il manœuvrer avec prudence. Tout ce qu'il disait cachait forcément autre chose. Exemple : ce "comme il se doit". Selon l'opinion populaire, ou selon Neill ?
« Bien sûr, ajouta le jeune vicomte, tu sais que je ne fais rien en échange de rien, je ne te demande pas de me dire qui tu es évidement, je saurai le deviner moi-même et puis je préfère chercher, c’est plus amusant. Mais ce sera plus facile pour moi si tu es là, si je te vois. »
Sa présence lui était tout simplement insupportable, elle le savait. Et demander son aide, même si c'était son idée à la base, n'était pas vraiment ce qu'elle appelait un trait de lumière. Mais c'était penser égoïste. Mine de rien, elle aurait besoin de son talent. De ses connaissances. Peut-être même de ses relations, qui sait. Mais le prix en valait peut-être la peine... surtout si elle trouvait des informations sur lui. Quelque chose sur ses activités illégales, de quoi le retenir et équilibrer la balance. Ce serait la moindre des choses.
Devait-elle seulement accepter ?
Il dut sentir son hésitation, car il lui prit les mains. Mais ce geste cette fois n'avait rien de brutal, au contraire, il était caractérisé par une effrayante douceur. Si elle l'avait voulu, elle aurait pu se dégager sans problèmes. Mais si de nouveau, elle ne le fit pas, ce fut parce qu'elle était intriguée. Elle ne croyait pas à la sincérité de sa réaction.
« Irina, la pria-t-il, dis moi oui, dis moi que tu viendras et que tu ne refuseras pas ma proposition. Penses-y, tu as beaucoup à y gagner. »
Oui, mais à quel prix donc ? Elle n'était pas sotte. Si elle pouvait y gagner beaucoup, lui aussi. Et c'était peut-être cet équilibre, qu'elle voulait tant atteindre, qui se retrouverait à sa portée. Pourquoi pas... elle se maudissait presque de se laisser tenter. Elle n'ignorait rien de ses manœuvres... mais sa liberté, finalement n'avait pas de prix.
« Alors ? Qu’en penses-tu ? » : demanda-t-il finalement, tout euphorique.
Elle le toisa d'une façon totalement inexpressive. Très représentative du vide qu'il y avait en elle. Un vide où brûlait une unique flamme. Espoir, convoitise, excitation s'y mêlaient et ne formaient qu'un. Elle miserait tout sur ce coup. Ou elle se briserait. Cela lui convenait parfaitement.
Mais d'abord, un peu de mise en scène...
« Je suis étonné que vous me demandiez encore mon avis. » : railla-t-elle en feintant la surprise.
Mais elle affichait un air légèrement ravi. Ce qui était extrêmement dangereux, et je ne recommande à personne de le faire face à quelqu'un de la trempe d'Owen. Évidemment, comme je n'arrive plus vraiment à la contrôler, elle fait ce qu'elle veut, au risque d'oser tout et n'importe quoi : voler un couteau par exemple...
« Si vous vouliez être sûr que j'accepte, continua-t-elle, vous auriez dû me proposer plus. Je ne suis pas dupe. »
Plus, comme quoi ? Elle-même ne savait pas tellement ce qu'elle pouvait désirer de plus, à part remporter la victoire et qu'il la laisse en paix, ou bien mourir de sa main à elle, mais ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait demander dans un tel accord. Mais soudain, quelque chose lui vint en tête. Mais oui, comment en avait-elle pu oublier quelque chose d'aussi essentiel ?
« Mais pourquoi pas, après tout... par contre, le moindre sous-entendu en public, la moindre moquerie, et plus rien ne tient. »
Elle sourit, de ces sourires sans émotions qui semblent souvent plus forcés que naturels. C'était un mélange de deux.
« Comprenez bien que je ne peux pas toujours supporter votre caractère... disons, désagréable ? Vous avez bien vu ce qui arrive quand je ne peux pas répliquer ouvertement. Je crois que la prochaine fois, je risque de faire pire. »
Elle glissa la main dans la poche. Ses doigts fins touchèrent la garde du splendide couteau qu'elle avait volé à Tareth. Elle le sortit délicatement, lui réservant toute son attention et ignorant délibérément Neill. Une arme d'apparat diablement efficace. Elle ne put s'empêcher de l'admirer. Elle avait développé une fascination pour les armes blanches, en particulier les couteaux, depuis qu'elle était toute petite. Ses lignes étaient parfaites, à la fois droites et rondes ; sa lame brillait comme une pierre précieuse, la poignée était si finement ouvragé qu'il serait dommage de l'empoigner à pleine main.
« Je l'ai emprunté à Tareth. » : annonça-t-elle avec un accent de sincérité.
Après tout, c'était bien vrai : c'était juste qu'il n'était pas au courant. Son accord, de toute façon, elle s'en fichait, elle devait bien l'avoir.
« Je l'ai pris, mais je n'ai pas eu l'intention de m'en servir contre vous. Ces petites choses me fascinent tellement que je ne peux pas m'en empêcher. Alors, rappelez-vous que j'en ai toujours une sur moi. Même si je ne m'en servirai pas. »
C'était faux. Elle s'en servirait contre elle-même.
« Si avec ça, vous êtes prêt à faire un effort de diplomatie, j'accepte volontiers. »
Ou comment vendre son âme au diable... Non, je plaisante bien sûr.
Neill Owen
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Un peu plus sur toi !
Relations:
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Le pouvoir de la pierre:
Neill avait toujours vécu d’une seule manière : se faire obéir ou tuer. C’était la loi du plus fort, marche ou crève. Il avait compris depuis tout petit que s’il voulait avoir la chance d’être « heureux », il fallait qu’il prenne lui-même en main sa vie et qu’il écrase les autres avant de se faire écraser. Et si en plus il pouvait le faire en s’amusant, c’était tout gagnant.
Et puis il avait rencontré Irina. Ou Seth. Ou quelqu’un d’autre dont il ignorait encore presque tout. Cette personne qui lui tenait tête, qui lui répondait, lui jetait des tasses de thé à la figure, le traitait de naïf, et se tenait là devant lui avec ce regard inexpressif, vide, alors qu’il l’avait menacé de l’étrangler. Se faire obéir ou tuer, se changeait en « je veux savoir jusqu’où elle peut aller avant », agissant comme un enfant curieux devant un nouveau jouet, une bizarrerie, quelque chose qu’il n’avait jamais vu avant.
Et voilà qu’en plus elle osait railler, et malgré lui Neill jubilait, il en voulait plus. C’était quasiment du masochiste, vu qu’il avait détesté le coup de la tasse de thé. Et maintenant cette fille encore maintenant était là à limite se moquer.
Elle disait être étonnée qu’il lui demandait encore son avis, voyons il laissait toujours le choix aux gens. Ou pas ? Mais là il voulait son accord parce que si elle disait oui, elle acceptait le jeu, elle acceptait aussi de venir chez lui à ses risques et périls, tandis que lui acceptait de lui rendre service et de tremper dans des affaires de détectives (quelle horreur, mais le jeu en valait largement la chandelle).

Il se surprit à adorer son air ravi, et se recula instinctivement (pas pour s’éloigner d’elle, mais plutôt pour reprendre un peu de contrôle et de consistance), lâchant ses mains en même temps.

- Si vous vouliez être sûr que j'accepte, vous auriez dû me proposer plus. Je ne suis pas dupe.

Elle proposait un marché, un vrai, alors c’est qu’elle était d’accord, c’est qu’elle allait dire oui. Neill attendait de savoir ce qu’elle voulait en échange, il y avait des choses qu’il pourrait refuser (comme lui donner des infos sur ses trafiques par exemple), mais il avait l’impression qu’elle allait lui demander quelque chose qu’il pourrait lui donner.

- Mais pourquoi pas, après tout... par contre, le moindre sous-entendu en public, la moindre moquerie, et plus rien ne tient. Comprenez bien que je ne peux pas toujours supporter votre caractère... disons, désagréable ? Vous avez bien vu ce qui arrive quand je ne peux pas répliquer ouvertement. Je crois que la prochaine fois, je risque de faire pire.

Faire pire, comme quoi ? Que lui réservait-elle en stock ? Il voulait savoir et il n’allait pas tarder à avoir la réponse, elle sortit de sa poche un couteau. Sans doute était-ce l’objet qu’elle avait volé à Tareth. Mais pourquoi ne pas l’avoir utilisé quand elle le pouvait, il aurait été tellement simple de poignarder Neill quand il la tenait, mais elle ne l’avait pas fait… Quelque chose la retenait, où alors n’avait-elle pas prévu d’utiliser le couteau pour cela.

Elle fixait l’arme avec une certaine attention, presque morbide, et Neill la regardait faire, extérieur à la scène. Irina paraissait fascinée, non elle ne paraissait pas, elle l’était, comme si le couteau était son meilleur ami. Il n’avait jamais rencontré quelqu’un comme elle, oui il avait croisé des malfrats férus de couteau, mais pas de jolie femme, pas de femme qui se faisait passer pour un détective, pas d’Irina ou de Seth pour admirer un couteau de cette façon. Elle semblait très bien connaître l’objet, sans doute même le manier, alors elle savait sûrement s’en servir.

Alors à nouveau la même question : pourquoi ne pas l’avoir fait ? Se prenait-elle à ce point pour quelqu’un qui respecte la justice qu’elle n’aurait pas voulu poignarder quelqu’un ? Il n’en était pas sûr du tout, peut-être y avait-il autre chose, sûrement même.
Puis soudain elle annonça qu’elle l’avait emprunté à Tareth.
Dérobé plutôt ouais.

- Je l'ai pris, mais je n'ai pas eu l'intention de m'en servir contre vous. Ces petites choses me fascinent tellement que je ne peux pas m'en empêcher. Alors, rappelez-vous que j'en ai toujours une sur moi. Même si je ne m'en servirai pas.

D’accord elle était fascinée il avait pu le remarquer, mais ne même pas penser à s’en servir ? Neill n’y croyait pas une minute, elle lui cachait quelque chose il en était certain mais quoi ? Qu’avait-elle eut l’intention de faire avec ce couteau ? Maintenant le vicomte était sceptique, mais comme elle reprit la parole lui disant que si avec ça il faisait un effort de diplomatie, elle accepterait volontiers, il mit ses questions de côté pour l’instant. Elle avait bien dit qu’elle était d’accord, et « volontiers » en plus. Et pour cela il devait juste ne pas se moquer d’elle en public (elle a bien dit en public, pas en privé) alors ce n’était absolument pas un problème.

Il retrouva son sourire, sa joie, sa jubilation, il se sentait vainqueur.

- Irina, tu seras choyée comme une reine en public si c’est ce que tu désires. Je ne me permettrai plus ni remarques, ni moqueries, tant qu’il y aura du monde autour de nous. Je te traiterai avec tout le respect que tu mérites, tant que nous serons en présences de gens.

Il insistait, il lui faisait bien comprendre qu’il acceptait le deal seulement en public.

- Ma parole vaut ce qu’elle vaut, je suis un menteur et je ne tiens jamais mes promesses, alors je ne peux rien te jurer, mais par contre…

Neill attrapa son poignet et la força à ouvrir la main puis il récupéra le couteau, et le mit dans sa poche, ensuite sans la relâcher il alla fouiller dans une autre poche, d’où il sortit un superbe poignard, pas seulement beau mais aussi a l’air beaucoup plus dangereux que celui qu’elle avait volé. Une arme qui allait bien au vicomte, magnifique et dangereuse.
Cette fois ci il prit la main d’Irina, et y glissa le couteau.

- Tiens, c’est un cadeau. C’est mon poignard fétiche, mon jouet numéro un si tu veux. Je te permets de t’en servir sur moi si jamais je ne respecte pas notre contrat. Et uniquement sur moi. Ce qui m’appartient doit me revenir, peu importe la manière.

Il lui disait ça sérieusement, il refusait que son jouet soit utilisé pour autre chose que pour lui-même, possessif même sur ce qui paraissait être un simple objet.

- Et tu aimes les couteaux, je sens que tu n’as pas peur de t’en servir, pourtant tout à l’heure il y a quelque chose qui t’as retenu, j’aimerais savoir quoi ? Je suis sûr que tu me détestes assez pour avoir au moins eu à un moment envie de l’utiliser sur moi. Seulement tu ne l’as pas fait. Alors qu’avais-tu prévu de faire avec ce couteau ? Cela me perturbe.

Il essaya de lire à travers elle, sans le pouvoir, que c’était délicieusement désagréable que de ne pas réussir à tout deviner. Il trépignait sur place et devait se contenir pour ne pas montrer à quel point il s’amusait, à quel point il se sentait content. C’est vrai que ces derniers temps il s’était un peu ennuyé, ce n’était sans doute plus aussi amusant de tuer, arnaquer, voler, se moquer, jouer, sauf avec Irina. Elle la méritait bien sa troisième place.

- Maintenant tu détiens mon objet le plus cher, tu ne peux plus te rétracter même si tu as envie de rompre ce pacte, tu devras t’y tenir et moi aussi.

Puis soudain plus sérieux il ajouta :

- Au fait, je sais que tu vas en profiter pour en apprendre plus sur moi, ça ne me dérange pas, c’est le risque que je décide de prendre. Seulement si jamais mes secrets étaient vendus à qui que ce soit, tes secrets ne seraient plus en sécurité. Un prêté pour un rendu comme on dit.

Mais après cette tirade, il retrouva immédiatement son sourire joyeux :

- Mais ne gâchons pas tout avec des sujets qui fâchent, et retournons près de votre maître. Une femme ne devrait pas être enfermée trop longtemps avec un homme, le vicomte pourrait se faire de fausses idées, surtout que je lui ai parlé de mon coup de foudre pour vous. Imaginez-le qui raconte à Ringalls que sa fiancée ne lui est pas fidèle, comme cela serait ennuyant.

Il avait promis, aucun sarcasme en public. En privé donc, il n’allait sûrement ni se gêner, ni se retenir, retrouvant le vouvoiement pour mieux se moquer, surtout de Tareth et Ringalls dans un sens.

Neill débloqua la porte, l’ouvrit et fit signe à la domestique qu’elle pouvait passer.

- Les dames d’abord.

Agissant comme le faux gentleman qu’il savait si bien jouer (après tout il avait appris les bonnes manières, cela devait être utilisé). Ils retournèrent tous les deux près de Tareth, Neill voulu faire une remarque à ce moment là, mais il avait juré de rien dire en public et le vide à la place où se trouvait son couteau avant le lui rappelait.
Bon il avait juré de ne pas se moquer d’Irina, pas de Tareth.

- Monsieur le vicomte, voici ce que j’ai retrouvé dans vos sanitaires privés.

Il sortit le couteau qu’il avait subtilisé à Irina plus tôt :

- Vous ne devriez pas laissez trainer une telle arme, nous aurions pu nous blesser.

Sourire railleur de la part de Neill sans qu’il puisse s’en empêcher. Après avoir rendu l’arme, il se rassit en face de Tareth (le siège, la table et le reste avaient été nettoyé, mais la théière et les tasses étaient toujours là), et se servit lui-même une tasse de thé, alors que l’idiot irrécupérable semblait gêné qu’il le fasse.

- Ne craignez rien, il n’y aura plus d’accident. Mademoiselle Blaze ici présente s’est excusée, j’ai accepté ses excuses et décidé de ne plus l’ennuyer en public avec mes propos, il n’y a donc plus aucun problème. Buvons.

Il trempa sa bouche dans la tasse, le thé était froid, mais bien meilleur encore, sans doute parce qu’il semblait à Neil qu’il avait comme un goût de victoire. Il avait hâte de savoir ce que la vie pouvait lui réserver comme autres surprises…
Unity Violett
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Elle se demanda si elle n'avait pas fait une erreur lorsqu'elle le vit triompher ouvertement. Avait-elle oublié quelque chose susceptible de la mener à sa perte ? Rien qu'elle ne le sache pourtant. Peut-être juste qu'elle aurait dû ne pas préciser en public... mais elle n'était pas folle non plus. Elle savait pertinemment que lui demander d'être sympathique même en privé, c'était se bercer d'illusions. Et entretenir un mensonge qui plus est.
« Irina, tu seras choyée comme une reine en public si c’est ce que tu désires. » : affirma Neill.
Pas être choyée comme une reine. Rien que la formulation faisait peur.
« Je ne me permettrai plus ni remarques, ni moqueries, tant qu’il y aura du monde autour de nous. Je te traiterai avec tout le respect que tu mérites, tant que nous serons en présences de gens.  »
Pourquoi pas ? C'était au fond une avancée. Mais comme toujours, elle s'interrogeait sur le sens véritable de ses phrases. Ce qu'il sous-entendait était très important : après, il serait trop tard pour revenir en arrière. Elle avait vraiment détester être seule avec lui.
« Ma parole vaut ce qu’elle vaut, je suis un menteur et je ne tiens jamais mes promesses, alors je ne peux rien te jurer, mais par contre… »
Par contre quoi ? Quelle preuve serait suffisante pour qu'elle puisse croire en lui ?
Avant qu'elle ait eu le temps de protester, il lui avait déjà fait ouvrir la main. Sa poigne manquait un peu de délicatesse et elle retint une grimace. Il prit le couteau de Tareth, à son grand désarroi. Mais il gardait ses doigts posés sur son poignet, aussi ne pouvait-elle pas l'en empêcher. Elle était déçue d'être privée d'une petite merveille.
Cependant, elle dût réprimer un cri de surprise lorsqu'elle le vit sortir un autre poignard. Le sien. Sauf qu'il alliait la beauté étincelante d'une arme d'apparat et l'efficacité mortelle d'une lame utilitaire. Ce genre de couteau était un peu l'incarnation même de la perfection martiale, le type suprême qui hantait les rêves d'Irina. Avec une arme pareille, elle n'aurait rien eu à craindre : le monde lui aurait appartenu, si seulement elle l'avait désiré. Cela lui déchirait vraiment le cœur de voir qu'il possédait un de ses plus fous désirs.
Aussi sursauta-t-elle légèrement lorsqu'il le lui mit dans sa main. Toucher la poignée à la fois douce et solide, la sentir sous ses doigts connaisseurs et mesurer son équilibre parfait était un pur bonheur qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir se l'offrir un jour. Une merveille de technologie et d'esthétisme, dans sa main. Paralysée, elle était incapable de proférer le moindre mot tant elle était soufflée par un tel chef-d'œuvre.
« Tiens, c’est un cadeau, annonça-t-il, et elle crut défaillir. C’est mon poignard fétiche, mon jouet numéro un si tu veux. Je te permets de t’en servir sur moi si jamais je ne respecte pas notre contrat. Et uniquement sur moi. Ce qui m’appartient doit me revenir, peu importe la manière. »
Oh, tant pis si elle n'avait pas le droit de s'en servir pour autre chose... ce qui revenait presque à dire à ne jamais l'utiliser. Ce n'était pas dans son genre de suivre aveuglément de telles directives, surtout venant de sa part, mais à la vue de la lame magnifique, elle se dit qu'il n'avait pas tort et qu'elle respecterait ce qu'il lui demandait. A une exception près. Elle méritait bien de mourir par une arme aussi sublime, quand même.
Cela restait un beau cadeau, tout de même, et ce même s'il le reprenait. La seule idée de porter ce poignard pendant plusieurs jours la remplissait d'une joie bestiale. Avec ça, s'il était capable de se séparer de lui juste pour lui donner confiance, elle voulait bien le croire.
« Ça doit coûter plusieurs mois de mon salaire. » : réussit-elle à murmurer. Et pourtant, elle gagnait pas mal sa vie, c'était vrai. Sans compter tout son petit héritage, pas des masses mais suffisamment important pour lui assurer un bon train de vie. Évidemment, tout cela ne devait rien à voir avec la fortune colossale de Neill. Un instant, l'envie la prit et elle regretta d'être passée du bon côté. Puis elle se rappela que si elle en avait vraiment voulu un, elle ne l'aurait pas payé, mais volé.
« Et tu aimes les couteaux, ajouta-t-il, je sens que tu n’as pas peur de t’en servir, pourtant tout à l’heure il y a quelque chose qui t’as retenu, j’aimerais savoir quoi ? Je suis sûr que tu me détestes assez pour avoir au moins eu à un moment envie de l’utiliser sur moi. Seulement tu ne l’as pas fait. Alors qu’avais-tu prévu de faire avec ce couteau ? Cela me perturbe. »
Elle resta silencieuse, n'ayant pas tellement envie de le lui expliquer. Est-ce qu'il comprendrait seulement sa fâcheuse tendance à l'auto-destruction ? S'il savait, il rirait. Et surtout, elle pressentait deux choses. D'abord, plus la moindre menace de mort. Ensuite, il n'allait certainement pas la laisser s'en tirer à si bon compte, pas alors qu'ils venaient de passer un marché.
« Maintenant tu détiens mon objet le plus cher, tu ne peux plus te rétracter même si tu as envie de rompre ce pacte, tu devras t’y tenir et moi aussi. »
Pas de risques qu'elle se rétracte. Elle était trop avide de ses informations et de son splendide poignard pour ça.
« Au fait, je sais que tu vas en profiter pour en apprendre plus sur moi, ça ne me dérange pas, c’est le risque que je décide de prendre. Seulement si jamais mes secrets étaient vendus à qui que ce soit, tes secrets ne seraient plus en sécurité. Un prêté pour un rendu comme on dit. »
Bien sûr, il fallait s'en douter. Savait-il seulement qu'elle avait déjà entamé quelques recherches, avant de s'interrompre ? Elle avait surtout trouvé un dossier où son nom apparaissait, avant de se dire que ce n'était pas prudent. Mais cette fois, elle avait son feu vert, plus ou moins. Irina savait où elle pouvait peut-être trouver quelque chose susceptible de l'intéresser, et comment accéder à cette source.
Oh, ses secrets, elle aurait sans doute bien envie d'en parler. La prison lui ferait énormément de bien : peut-être que cela n'enlèverait certainement pas son sourire narquois, mais au moins serait-il à la place qu'il méritait vraiment. Mais elle ne voulait pas tomber avec lui. Révéler ses identités, c'était révéler les preuves de ses fautes passées, et partager sa cellule... Non merci. Il pouvait dormir tranquille là dessus, sa plus grande peur à elle était que l'on découvre le pot aux roses.
« Mais ne gâchons pas tout avec des sujets qui fâchent, continua-t-il en reprenant son rôle, et retournons près de votre maître. Une femme ne devrait pas être enfermée trop longtemps avec un homme, le vicomte pourrait se faire de fausses idées, surtout que je lui ai parlé de mon coup de foudre pour vous. Imaginez-le qui raconte à Ringalls que sa fiancée ne lui est pas fidèle, comme cela serait ennuyant. »
Elle ricana en songeant qu'elle s'en fichait pas mal. Ringalls devinerait très bien que cela n'avait rien à voir avec la fidélité d'une fiancée qui ne l'aimait pas. Quand aux bienséances, elle ne s'en préoccupait pas... ce vieux Tareth n'était qu'un imbécile, et il ne commandait pas grand-chose. Ce qu'il en penserait, ce serait que la discussion avait été particulièrement salée. Il devait sans doute ignorer qu'elle savait se défendre.
Il ouvrit la porte et lui fit "galamment" signe de passer. «Les dames d’abord. » Bah voyons. Irina se retint grandement de soupirer. C'était parfois lourd d'être une femme comme elle, surtout à face un "gentleman" accompli. S'ils avaient continué un échange un peu plus direct, elle n'aurait pas manqué de le faire remarquer et de lui envoyer une remarque bien acide. Mais n'importe qui pouvait passer dans le couloir. A regret, elle reprit l'identité d'Irina Blaze et se forgea son masque - habituel cette fois, c'est-à-dire un mélange doux de naïveté, de simplicité et de romance. Rien à voir avec la vraie Unity donc. Elle passa devant lui avec élégance et dignité, une démarche purement "irinienne".
Lorsqu'elle arriva dans le salon en compagnie de Neill, elle constata immédiatement que Madison avait terminé son travail et avait disparu. Irina en fut déçue, mais elle devinait que cet imbécile de vicomte - Tareth - avait dû la renvoyer. Décidément, il ne se rendait même pas compte de l'utilité que pouvait avoir sa main d'œuvre. Un jour, Irina se le promit, elle le lui montrerait.
Elle eut peur que son cher "admirateur" commette une boulette, mais par chance, il se souvenait bien de sa promesse et se montra tout à fait charmant avec elle.
« Monsieur le vicomte, voici ce que j’ai retrouvé dans vos sanitaires privés. Vous ne devriez pas laissez trainer une telle arme, nous aurions pu nous blesser. »
Lord Tareth eut un sursaut de surprise en reconnaissant son poignard. Personne n'avait jamais su qu'il en possédait un, peut-être parce qu'il ne savait pas s'en servir ; pourtant, il était persuadé de l'avoir enfilé. Quelques instants plus tôt encore, il avait senti son poids rassurant. Mais en le reprenant, il savait très bien qui en était responsable. Irina était capable de lire l'accusation muette dans ses yeux et lui adressa un sourire qui n'aurait pas déplu à Owen. Ce dernier se servit du thé tout seul - ce qui plut beaucoup à Irina, cela va sans dire - et expliqua :
« Ne craignez rien, il n’y aura plus d’accident. Mademoiselle Blaze ici présente s’est excusée, j’ai accepté ses excuses et décidé de ne plus l’ennuyer en public avec mes propos, il n’y a donc plus aucun problème. Buvons. »
Lord Tareth se tortilla, un peu gêné. Il n'avait certainement pas prévu ce genre de retournement de situation. Mal à l'aise, il prit lui aussi une gorgée de thé qu'il faillit avaler de travers. Sérieuse, Irina se retint de rire. Elle couvait la scène avec un intérêt non feint, presque maternelle. En fait, c'était presque mignon de les voir évoluer, comme si à son contact chacun d'eux évoluait. Cet aspect là de sa personnalité, elle le niait fortement, mais peu importe. Il était là.
Radoucie, elle laissa un sourire sincère et chaleureux fleurir sur ses lèvres, le genre de démonstration sentimentale qu'elle ne s'accordait que rarement.
« Vous permettez ? » : s'enquit-elle doucement, puis avant que Tareth ait eu le temps de protester, elle s'installa sur un des fauteuils.
Après être restée aussi longtemps debout, cela faisait vraiment du bien de pouvoir se relâcher... enfin, presque. Comme elle portait une jupe, elle était forcée de rester excessivement droite et ne pouvait pas s'affaler. Sinon, elle s'y serait donnée à cœur joie. Il faut dire qu'Irina n'était pas une personne très féminine et que, portant souvent des vêtements d'homme, elle n'avait aucun scrupule à s'installer de façon très étrange...
« Oh, au fait. Ne vous occupez pas de moi, hein ? Faîtes comme si je n'étais pas là. »
Elle se serait bien servie du thé... sauf qu'elle n'aimait pas du tout cette boisson. Tant pis, si elle voulait vraiment boire, il faudrait qu'elle aille chercher elle-même quelque chose dans la cuisine. Et elle n'avait pas l'intention de bouger ce fauteuil.
Neill Owen
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Dix-neuf ans, c’était jeune, trop jeune. Neill croyait pourtant avoir déjà tout vécu, et n’avoir pu rien à découvrir. Cela aurait été bien si cela avait été vraiment le cas, hélas il se trompait. Lourdement. Parce qu’il était trop intelligent, il pensait pouvoir tout contrôler, que ce soit les autres, les objets, ou lui-même. Il était fou, mais capable de se maîtriser, du moins le croyait-il. Grave erreur encore une fois.
Il était en vérité bien incapable de gagner contre les délires de son cerveau ou de son corps (épargnons lui ceux du cœur, il pensait ne pas en posséder), la preuve en était qu’il avait contracté un pacte qui risquait de le mener à sa perte, et s’il avait été véritablement lucide, il aurait vu à quel point c’était dingue.

Il aurait vu à quel point il était fou de trouver Irina de plus en plus amusante. Fou et dangereux. Fou encore d’adorer le sourire qu’elle lançait à ce moment là, fou également d’avoir envie de rire en la voyant s’installer sur un des fauteuils, n’agissant plus vraiment comme une domestique. « Vous permettez ? », Neill permettait, se fichant de ce que pensait Tareth. Le jeune vicomte ne pouvait s’empêcher de regarder Irina, comme si ses yeux avaient été des aimants et la femme un morceau de métal. Un joli morceau de métal, amusant en plus. Il la voyait se tenir droite sur son siège, sûrement à cause de sa tenue, et il se dit qu’il aurait aimé pouvoir la voir s’affaler comme elle semblait le désirer.

- Oh, au fait. Ne vous occupez pas de moi, hein ? Faîtes comme si je n'étais pas là

Neill se dit que c’était tout à fait impossible, il n’arriverait pas à ne pas s’occuper d’elle, son jouet lui paraissait trop captivant pour qu’il s’intéresse plutôt à Tareth. Quelque chose au fond de lui le traitait de dingue, il acquiesça à cette voix mais ne se détourna pas. Les lèvres dans son thé, il buvait sans la lâcher des yeux.
L’autre essayait d’attirer son attention, l’appelant :

- Monsieur Owen…

Mais le jeune vicomte ne se détourna pas, se contentant d’hausser les épaules :

- Que voulez-vous monsieur Tareth ?
- … Je m’excuse pour le comportement de Blaze.
- Il est inutile de vous excuser pour cela.


*Excuse toi plutôt de traiter ainsi mon jouet, d’être un idiot incapable, de me lécher les chaussures et de même pas savoir le faire*

Puis soudain, il se rendit compte que s’il continuait ainsi il se rendrait prisonnier, un jouet devait être amusant, mais ne devait pas se transformer en cage où il irait s’enfermer juste parce qu’il le trouvait vraiment drôle. Il devait garder le contrôle, alors il ferma les yeux, finit sa tasse, puis se leva soudainement, il devait bouger, se dégourdir les jambes, et surtout le regard, quitte à mater Tareth qui n’était pas bien beau. Il commença à faire le tour de la pièce à grand pas, sous le regard du vicomte qui se demandait quelle mouche l’avait piqué.

- Monsieur Tareth ne savez-vous pas que la marche est très importante pour garder la santé ? Boire du thé et sans arrêt rester assis ne vous apportera ni la richesse, ni la reconnaissance.

Même si la raison pour laquelle il arpentait la pièce était en vérité bien différente et se trouvait dans le nom d’Irina. Ne pas la regarder, penser à ses autres jouets. Son petit trafique de pierre qui lui apportait la richesse, ses petites parties de jambes en l’air qui lui apportait la santé. Bien sûr qu’Irina était un jouet amusant, cela n’en restait pas moins qu’un simple joujou, qu’il pouvait casser quand il ne le trouverait plus si marrant. Mais pour être sûr qu’il ne deviendrait pas prisonnier, il ne devait pas fuir, au contraire, il devait affronter ses penchants et les éliminer complètement.
C’est pour cela que quand il eut finit de tourner en rond, il alla s’asseoir sur le bras du fauteuil où se tenait Irina, et il recommença à la regarder. De plus prêt.

Comment dire ? Il ne la trouvait pas spécialement belle, il avait déjà couché avec des véritables beautés, des qui rendaient fous les hommes (mais pas lui puisqu’il était déjà dingue), il en avait même défiguré pour leur prendre leur plus précieux trésors. Mais elle avait quelque chose de plus que les autres femmes, ce n’était pas seulement ses yeux rouges, ni son côté poupée de porcelaine puisque cela n’était qu’un déguisement, il y avait autre chose derrière ses couches de maquillages, une sorte de charme invisible que seul Neill semblait remarquer. Et soudainement il eut envie de la toucher, il approcha sa main et posa ses doigts sur la peau de sa joue. Voilà, c’était fait et qu’est ce que ça lui donnait de plus ? Rien. Il arrivait très bien à se contrôler, il voulait la toucher, il le faisait, il voulait la regarder, il le faisait, qu’est ce qu’elle pourrait contre lui ? Pas grand-chose, elle était son jouet, il s’amuserait puis il finirait par se lasser, pas la peine de s’inquiéter donc.
Alors il se pencha vers elle s’appuyant sur l’autre bras du fauteuil, il ne savait pas lui-même ce qu’il voulait faire à ce moment là, sans doute pas grand-chose, sûrement rien, même si son visage était si proche de celui d’Irina qu’il sentait quasiment son souffle sur lui. Il ne savait pas si Tareth les regardait, s’il leur causait, il ne savait en rien ce que le vicomte derrière faisait, et il s’en fichait. Il s’approcha encore puis dévia au moment de toucher les lèvres, quelque chose en lui hurlant dans sa tête qu’il était dingue complètement dingue. Il alla s’arrêter à l’oreille et murmura :

- Irina, j’ai envie de m’amuser avec toi, alors n’oublie pas de me rendre bientôt visite.

Il se recula, et se remit debout, se tournant vers Tareth qui avait drôlement pâlis.

- Monsieur Tareth, je pense que ma visite s’achève ici, je ne saurais quoi faire de plus ici maintenant. A moins que vous aillez autre chose à me demander ?
- N… Non.
- Très bien. Si vous voulez bien m’excusez donc…


Il se tourna vers Irina :

- Mademoiselle Blaze, me raccompagnerez-vous jusqu’à la porte ?

Pas de moquerie, pas de sarcasme, pas de sous entendu, il avait promit, elle avait son poignard. Pensait-il sincèrement qu’après ce qu’il avait failli faire elle accepterait ? Peut-être, pourquoi pas ? Après tout il n’avait de toute façon rien fait, il avait juste voulu s’amuser un peu, c’était tout.
Unity Violett
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Le regard d'Owen restait obstinément braqué sur elle. Irina ignorait si c'était parce qu'il mourrait d'envie de se moquer d'elle et que ne pouvant le faire verbalement, tout passait par son regard, parce qu'il ourdissait des plans machiavéliques pour tout découvrir d'elle ou simplement parce qu'il voulait contrecarrer son désir. On pouvait faire confiance au jeune vicomte pour la mettre dans des situations gênantes sans avoir rien besoin de faire.
Une fois de plus, lord Tareth crut bon de la sauver.
« Monsieur Owen... »
Celui-ci répondit, mais sans la lâcher du regard. Elle haussa imperceptiblement les épaules et se renfonça dans son fauteuil. Les affaires des nobles... vu qu'il savait que Tareth savait, il n'y avait rien à espérer : elle n'apprendrait rien aujourd'hui. Patience, patience... Elle fixa son regard sur la petite porte des domestiques. Elle espérait presque regarder à travers pour apercevoir une petite silhouette espionnant toute la scène.
Elle se sentait à l'aise dans ce salon, à l'aise sur ce siège que Seth avait occupé de si nombreuses fois, et ce malgré la présence gênante de deux vicomtes qu'elle n'appréciait pas vraiment. Tant pis. Elle se referma de nouveau en elle, explorant chaque recoin de son âme - les bons comme les mauvais - et savoura ces quelques moments de tranquillité après des instants riches en émotion. Owen était toujours un peu effrayant, d'un certain point de vue - imprévisible, lunatique, même totalement fou : c'était ce qu'il y avait de plus terrifiant chez lui - mais son poignard la réconfortait étrangement. En fait, la lame la comblait tout simplement, lui permettant de réaliser son rêve. Même si elle appartenait à Owen et qu'Irina n'aimait pas avoir à composer avec lui, elle savait très bien qu'elle n'oserait jamais se séparer de ce bout de métal merveilleux. Quand bien même elle ne s'en servirait pas, elle l'aurait toujours sur elle, juste parce que c'était un objet infiniment précieux.
Elle reprit contact avec la réalité lorsqu'une ombre lui voila un peu la lumière. Elle cligna des yeux. Elle eut juste le temps d'apercevoir Owen, assis sur l'accoudoir de son fauteuil à elle - il fallait oser tout de même ! - et elle songea qu'il n'allait pas respecter sa promesse. Lorsqu'elle sentit des doigts sur sa joue, elle en fut la première surprise. Qu'est-ce qu'il fabriquait encore ? Elle trouvait ce geste protecteur, comme s'il se considérait comme son propriétaire - oh, c'était vrai, elle n'était pas censée être son jouet ? Loin de faire chavirer son cœur, comme cela aurait été le cas de bien des jeunes femmes naïves, ce contact la glaça. Elle détestait vraiment qu'on s'amuse d'elle. Or, elle devinait que cette galère-là n'allait pas se terminer...
Elle ne bougea pas lorsqu'il s'approcha encore plus d'elle, restant de marbre. Elle se sentait détachée de la réalité, avait l'impression d'être un zombie. S'il croyait l'impressionner, il se mettait le doigt dans l'œil : ce n'était pas cela qui lui ferait peur. Irina ne remarqua pas qu'il changea de trajet : elle sentit juste tout à coup que sa bouche était arrivée au niveau de son oreille. Elle se força à l'écouter, bien qu'elle n'en ait pas la moindre envie.
« Irina, j’ai envie de m’amuser avec toi, alors n’oublie pas de me rendre bientôt visite. »
Une déclaration qui acheva de la mettre en colère.
Tout ce qui avait gelé en elle explosa en milliers de cristaux de rage qui fondirent pour alimenter une émotion intense. On ne s'amuse PAS avec elle, pouvait-il seulement le comprendre ? Elle tenta de se contrôler, de drainer cette brûlante énergie qui parcourait son corps impassible. Sa première envie était de lui donner un bon coup de ce magnifique poignard... avant de se dire qu'il ne devait sans doute pas considérer ça comme un sarcasme. Autrement dit : à y essayer, elle y perdrait des plumes. Mais pas celle qui comptait le moins...
« - Monsieur Tareth, annonça Neill lorsqu'il se fut éloigné d'elle, je pense que ma visite s’achève ici, je ne saurais quoi faire de plus ici maintenant. A moins que vous aillez autre chose à me demander ?
- N… Non.
- Très bien. Si vous voulez bien m’excusez donc…  »
Irina retint un soupir de soulagement. Enfin. Elle avait besoin de réfléchir seule, sans la présence de ce monstre brillant d'intelligence. Elle n'esquissa pas le moindre geste pour lui dire au revoir quand tout à coup, elle entendit :
« Mademoiselle Blaze, me raccompagnerez-vous jusqu’à la porte ?  »
Deux fois qu'il lui demandait son avis, c'était un peu trop dans une même journée pour qu'Irina ne le remarque pas. Elle comprit immédiatement qu'il n'y avait pas la moindre obligation... enfin, pas vraiment. Cela lui donnait surtout envie de s'enfoncer encore plus dans le fauteuil et de ne pas bouger. Elle grommela quelque chose d'incompréhensible.
« Tu disais ? » : demanda Tareth, d'un air innocent.
Irina croisa son regard. Elle ne pouvait plus le supporter, cet imbécile qui était persuadé qu'elle ne valait pas grand-chose. Qui ne faisait que lui pourrir l'existence au lieu de l'aider à remplir sa mission. Bref, qui méritait lui aussi un bon coup de poignard en plein cœur. Sauf que ce n'était envisageable.
Soupirant longuement, elle se leva en s'étirant, comme si elle était seule et qu'elle avait oublié que deux hommes la regardaient, et elle rejoignit Owen sans un mot.
« Je n'ai que ça à faire, de toute façon, avoua-t-elle avec sincérité. Allons-y. »
Sans prêter plus attention à la scène - elle n'aimait vraiment pas jouer la comédie devant des personnes qui étaient au courant que le visage qu'elle présentait était irréel - elle s'avança vers la porte principale sans la moindre hésitation. Elle l'avait si souvent empruntée, à la fois en tant qu'invité (sans e) et domestique. Elle referma derrière eux et, d'un geste sec, lui fit signe de la suivre.
« Je n'ai pas eu l'occasion de vous remercier pour le poignard, chuchota-t-elle tandis qu'elle le menait à travers le labyrinthe des incessants couloirs de la propriété. C'est vraiment un symbole fort pour moi. »
A travers le tissu, de sa blouse, elle toucha le couteau, caressant ses fines lignes avec joie. Un sourire simple et franc naquit sur ses lèvres, le deuxième de cette harassante journée. Décidément, il lui faudrait reconstruire ses défenses. Mais déjà il en savait trop sur elle. Pour un couteau, elle aurait été capable de vendre son âme au diable sans sourciller, et ne jamais le regretter. Pour le sien - et même si justement, c'était le sien et pas celui d'un autre - inutile de dire qu'elle aurait décroché la lune.
« J'ai toujours voulu en avoir un comme ça, continua-t-elle, ne sachant pas très bien pourquoi elle racontait ça. Un rêve fou de petite fille, mais complètement inaccessible. C'est presque injuste que vous ayez cette chance... »
Soudain, elle s'arrêta net et le regarda dans les yeux. Son regard gris était toujours impressionnant, mais lorsqu'elle se montre téméraire à ce point, rien ne peut l'arrêter.
« Vous vous y connaissez, Owen. Oh, cela ne m'étonne pas. Mais c'est très révélateur. »
Elle le savait. Elle l'aiguillonnait involontairement, mais le couteau dans sa poche la rendait complètement folle. Non, euphorique, hystérique, fébrile.
« Vous êtes monté dans mon estime. Même si je pense sincèrement que vous vous en fichez. »
Elle haussa les épaules et, lui tournant le dos, reprit le chemin sans un mot de plus.
Irina se maudit en silence pour ces aveux involontaires. Pourtant, elle rencontrait rarement qui connaissait le langage universel des lames. Cela lui donnait envie de le parler elle aussi. Tant pis si ce n'était pas des informations sur elle-même qu'elle donnait : il y avait de quoi faire le lien avec d'autres personnes comme elle. Une certaine Lara, par exemple, morte il y avait si longtemps...
Ils arrivèrent alors à la porte d'entrée.
Neill Owen
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Irina n’avait pas l’air ravi (tu m’étonnes tiens), grommelant quelque chose que ni Neill, ni Tareth ne comprirent. Le deuxième demanda à la domestique de se répéter, et le premier roula des yeux. Quel idiot. M’enfin dans un sens ce crétin lui sauvait la mise, parce que grâce à lui, Irina sembla accepter la demande du jeune vicomte. Bien qu’elle poussa un soupire sans fin juste avant, et s’étira juste après. Elle n’avait que ça à faire, de le raccompagner (le métier de domestique n’avait pas l’air bien dur).
Irina l’accompagna donc, et bêtement Neill aurait voulu que le chemin entre le salon et la porte d’entrée soit bien plus long. Mais le vicomte Tareth n’avait pas assez d’argent pour faire des interminables couloirs. Et pendant un moment Owen se dit qu’il allait faire agrandir son propre manoir, pour retenir plus longtemps la jeune femme quand elle viendrait.
Il ne s’attendait pas à ce que la fausse blonde se mette soudainement à lui faire des confidences, lui qui était difficilement surpris, en parût tout étonné. Pas que ça soit déplaisant au contraire, juste qu’il n’aurait pas pensé qu’elle lui ferait des révélations. S’il avait voulu qu’elle l’accompagne ça avait été juste pour profiter de sa présence, peut-être lui lancer deux, trois sarcasmes, et s’en aller en ayant pour seule image que son visage dans sa tête et pas celui du vieux Tareth (choisissant le plus agréable et amusant).

Et voilà qu’elle le remerciait pour le poignard, prenant de cours Neill. Lui expliquant que pour elle c’était un symbole vraiment fort, qu’elle avait toujours voulu en avoir un comme cela. Ajoutant même que c’était un rêve de petite fille, complètement fou, impossible. L’accusant d’avoir eut cette chance injuste d’en avoir eut un.

Irina s’arrêta alors d’un coup, et Neill essaya de se recomposer un visage, prenant l’air de celui qui contrôlait tout et que rien ne pouvait surprendre. Elle le regardait droit dans les yeux, et le vicomte se demanda ce qu’elle allait lui dire.

- Vous vous y connaissez, Owen. Oh, cela ne m'étonne pas. Mais c'est très révélateur.

C’était presque un compliment non ? Mais le vicomte su rester calme et tranquille, pas préparé à la suite du tout, qu’Irina balança comme ça, sans préavis.

- Vous êtes monté dans mon estime. Même si je pense sincèrement que vous vous en fichez

Comment aurait-il pu rester de marbre, il se mit à ouvrir la bouche bêtement, comme s’il allait se mettre à gober les mouches. Il ne sut pas si elle le remarqua puisque déjà elle haussait les épaules et lui tournaient le dos, recommençant à avancer. Il ne la suivit pas tout de suite, planté dans le sol par le poids qu’il venait de se recevoir sur la tête, à cause de simples mots.
Neill savait qu’elle n’avait pas dit ça pour jouer avec lui, ou pour chercher à obtenir ses faveurs. Elle ne s’appelait pas Tareth, n’était ni noble, ni lécheuse de bottes, elle avait dit ça sincèrement. Le jeune vicomte secoua la tête, et la rejoignis à grands pas. Oui elle l’avait surprise, mais il devait rester le maître du jeu.

Il voulait dire cent trucs, mille choses, et restait silencieux et déjà la porte d’entrée se profilait. Une fois qu’ils furent devant, Neill se décida enfin :

- Comment peux-tu penser que je m’en fiche ? Je n’aurais pas cru qu’un simple poignard puisse me faire monter dans ton estime…

Il attrapa le poignet d’Irina (décidément c’était une manie chez lui), et alla de son autre main chercher le poignard dans sa blouse, pour l’y déposer dans la sienne.

- Les couteaux sont les plus beaux bijoux des femmes, et celui là te va mieux que ton déguisement.

Il tira sur la main, approchant la lame de son torse :

- Je sais que tu sauras t’en servir.

Cette fois-ci il monta le tout, le poignard sous son propre cou :

- Et que ce magnifique poignard se mariera très bien avec la couleur du sang. De mon sang.

Il alla même jusqu’à poser la lame sur sa joue, sans lâcher Irina.

- Ce poignard appartenait à ma mère, il était la plus belle chose qu’elle pouvait avoir mais elle ne savait pas s’en servir. Maintenant il est à toi Irina, je sais que tu l’aimeras à sa juste valeur.

Excité, il ne put s’empêcher de s’entailler la joue, appuyant plus fort l’arme sur sa chair, la main d’Irina dans la sienne, tenant toujours le poignard.

- Et que toi tu sauras t’en servir, n’est ce pas ?

Il relâcha enfin la main de la domestique, mais ne s’essuya pas la joue d’où le sang s’écoulait par petites gouttes. Il souriait, l’air complètement fou mais heureux. Cette fille l’amusait, tant elle était différente de tout ce qu’il avait connu avant. La nouveauté devait toujours faire cet effet, donnant cette sensation d’ivresse qui le régalait. Il espérait ne pas se lasser trop vite.
Peu à peu les traces de démences s’effacèrent de son visage et il retrouva un minimum de contrôle.

- Ne te méprends pas Irina, j’aime la vie, elle est marrante et pleine de surprises, mais elle serait ennuyante s’il n’y avait pas le risque de la mort.

Qu’avait-il de plus à ajouter ? Rien. Il ne pourrait pas rester indéfiniment sur le pas de cette porte, même s’il devait se séparer de son jouet pour un temps (mais combien de temps). D’accord, il lui accordait la deuxième place, mais maintenant il allait devoir quitter ses deux amusements préférés, son poignard et Irina.

- Je t’attendrai…

Il n’allait pas non plus rester cloué dans son manoir à passer ses journées à attendre la visite de Seth, mais ce qu’il disait était vrai, il allait sûrement y penser et compter les jours jusqu’à ce que le détective se décide à venir…
Unity Violett
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Irina croyait (ou plutôt, espérait) que Neill allait s'en aller dès qu'ils atteindraient la sortie, ou du moins, qu'il ne tarderait pas trop. Aussi fut-elle partagée entre la surprise et le désespoir lorsqu'il lâcha enfin :
« Comment peux-tu penser que je m’en fiche ? »
Facile, cela. Il imposait sa présence sans qu'elle ait son mot à dire, pour elle, c'était bien la preuve qu'il s'en fichait. Enfin, selon elle. Mais vu qu'il lui avait deux fois - oui, deux ! - demandé son avis, peut-être qu'il s'y intéressait... un peu.
« Je n’aurais pas cru qu’un simple poignard puisse me faire monter dans ton estime…  » : ajouta-t-il.
Elle aurait voulu l'étrangler. Un simple poignard ? Est-ce qu'il savait combien un petit bijou comme celui-là pouvait coûter ? Qu'est-ce qu'il comprenait, de toute façon, à ce qu'elle ressentait : voir une merveille inaccessible juste parce qu'on n'avait pas assez d'argent ? Elle n'avait jamais été pauvre, mais elle ne pouvait pas tout se permettre ; et lui, avec sa fortune colossale, y avait-il seulement une chose qui lui était refusée ? Enfin, mettez-vous à sa place. La personne que vous détestez et craignez le plus au monde vous offre sans y penser un des plus beaux cadeaux qu'on puisse vous faire. Et volontairement, en plus. Avouez que c'est très déstabilisant.
Il la désarçonnait avec un couteau, alors que les menaces, les sous-entendus, les sarcasmes, ne pouvaient l'empêcher de répondre à chaque fois.
Son poignet se retrouva pour la énième fois dans sa main, et elle ne chercha toujours pas à s'en défaire. A force, elle allait vraiment avoir l'habitude qu'il la prenne et la force à rester avec lui.
« Les couteaux sont les plus beaux bijoux des femmes, et celui là te va mieux que ton déguisement. »
Irina était tout à fait d'accord. Parce qu'elle les trouvait fascinant, et parce que c'était une arme redoutable pour une jeune femme athlétique mais pas trop forte non plus... Sans compter cette finesse toute féminine, sa lame aussi acérée qu'un esprit de dame et cette forme harmonieuse. Et oui, il lui allait mieux que cette image de poupée qui ne correspondait pas à sa nature profonde.
Il la força à approcher la lame de son buste. Irina se demanda ce qu'il faisait, parce que si c'était une bêtise, coincée comme elle était, elle ne pourrait rien faire.
« Je sais que tu sauras t’en servir.  »
Elle acquiesça silencieusement. Inutile de nier ce qu'il savait déjà. Le poignard progressa jusqu'à son cou. Elle aurait presque eu envie d'appuyer un peu plus, mais se retint. Le moment était crucial, décisif. Évidemment, si vous ne parlez pas LE langage du couteau, vous ne comprendrez pas.
« Et que ce magnifique poignard se mariera très bien avec la couleur du sang. De mon sang. »
Elle ouvrit un peu plus ses yeux, complètement enchantée par cette déclaration. La simple pensée du sang de Neill lui donna vraiment envie de le... goûter ? Une simple goutte, rien qu'une seule, son arôme métallique explosant sur ses papilles. Elle oubliait qui elle était - une détective plus assoiffée de justice que de sang. Elle oubliait qu'elle était passé de l'autre côté, celui de la légalité.
Le poignard était sur la joue du vicomte, maintenant.
« Ce poignard appartenait à ma mère, il était la plus belle chose qu’elle pouvait avoir mais elle ne savait pas s’en servir. Maintenant il est à toi Irina, je sais que tu l’aimeras à sa juste valeur. »
Sans aucun doute. Elle en était déjà folle, de ce couteau... qui entaillait doucement la joue de Neill.
La vue de son sang lui ramena tout de suite les idées au clair. Quelle mouche l'avait donc piquée ? Boire du sang, et puis quoi d'autre encore... Sans compter que le sien ne devait pas être très bon, vu la noirceur de son âme. Il fallait qu'elle se rattache à sa fragile identité de détective, quelqu'un de bon, quelqu'un qui ne se réjouissait pas de sang.
Qu'est-ce qu'elle pouvait le détester pour les sombres instincts qu'il faisait remonter en elle, l'admirer pour sa ruse et son esprit, et lui être reconnaissante pour le couteau...
Il lui lâcha la main, et elle baissa son bras. Il avait une tête de psychopathe, à le regarder ainsi. Une folie qui l'avait pris mais relâchait progressivement son étreinte. La lame était brillante, quelques gouttes y perlaient comme des rubis étincelants. Pourquoi pas, le sang était précieux. N'ayant rien pour l'essuyer, elle passa son doigt dessus pour les enlever. Il faudrait le nettoyer mieux un peu plus tard, mais ce n'était pas une urgence pour l'instant.
« Ne te méprends pas Irina, lança Neill, j’aime la vie, elle est marrante et pleine de surprises, mais elle serait ennuyante s’il n’y avait pas le risque de la mort. »
Elle haussa les épaules. Elle avait son utilité, la vie, c'était sûr. Mais les surprises qu'elle apportait faisait que parfois, elle ne valait plus la peine d'être vécue.
« Je t’attendrai… » : souffla-t-il.
Elle le regarda dans les yeux, presque incrédule. Parce qu'il s'imaginait que c'était elle qui allait venir à lui ? S'il avait vraiment envie de la voir, il n'avait qu'à passer ici, il y aurait toujours des chances de la trouver.
Et puis elle éclata de rire.
« C'est un peu trop romantique comme scène, vous ne trouvez pas ? »
Lorsqu'elle se sentit complètement calmée, n'ayant plus envie de rire - quelques larmes joyeuses brillaient encore dans ses yeux - elle le contempla avec décontraction.
« Bien, je viendrai. »
Mais pas avant un bon moment, ajouta-t-elle en son for intérieur. Cela ne lui ferait certainement pas apprendre la patience, certes, mais au moins lui montrerait-elle qu'elle était capable de vivre sa vie sans lui. Cela dit, un jour, elle serait bien obligée de frapper à sa porte.
« Maintenant, ne bougez pas, s'il vous plaît. » : ordonna-t-elle d'une voix soudainement plus dure.
Elle tendit sa main libre et essuya le sang de la joue d'Owen. Pourquoi cela, elle ne le savait pas - peut-être parce qu'à force de le voir ainsi, avec une entaille aussi sanglante, elle allait finir par avoir une envie de meurtre et replonger dans son passé tumultueux.
« Voilà. La prochaine fois, pensez à ne pas commettre ce genre de bêtises. »
Tant pis pour ses mains poisseuses de sang et le poignard rougeoyant. Tant pis pour ce que penserait Neill de tout ça. Tant pis de l'opinion de Tareth, des domestiques et du monde entier.
Elle avait tout de même réalisé son vœu le plus cher, et grâce à un ennemi.
Neill Owen
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Localisation : Quelque part où on s'amuse
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Un peu plus sur toi !
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Le pouvoir de la pierre:
Neill n’avait aucunement l’intention de venir remettre les pieds dans ce manoir. Il détestait Tareth, il détestait ses manières, il détestait comment il traitait Irina. D’ailleurs la fausse blonde était bien la seule chose intéressante ici, et il n’allait certainement pas revenir pour la domestique. C’était le jouet qui devait aller jusqu’à son maître et pas l’inverse, il ne faudrait pas inverser les rôles.
Irina éclata de rire, Neill resta sérieux, à la regarder, cherchant dans sa mémoire la dernière fois qu’il avait vu une femme rire devant lui sincèrement.

Jamais.

- C'est un peu trop romantique comme scène, vous ne trouvez pas ?

Quelle idée pouvait-elle bien avoir du romantisme ? Quand Neill voulait se montrer romantique, il offrait des fleurs, il offrait des bagues, il offrait des robes, il faisait les yeux doux, se comportait comme un véritable gentleman, et réalisait tous les désirs des femmes. Il était bien loin de donner un couteau et de demander à la fille de ne pas hésiter de le tuer, et de se faire saigner la joue avec l’arme. « Il l’attendait » était la chose la plus romantique, et même ça finalement ça signifiait seulement qu’il voulait voir son jouet.
Mais ça la faisait rire, ça lui faisait dire que tout cela était trop romantique, et Neill était bien d’accord pour acquiescer si elle continuait à l’amuser comme ça.

Quel regret de ne pas l’avoir connu avant, avant que Ringalls la possède, avant que cet abruti de Tareth en fasse sa domestique, lui qui pensait tout avoir se rendait compte qu’il était arrivé trop tard pour une fois. Il faudrait qu’il rattrape ça, et l’envie de devenir le maître grimpa d’un rang.

Il la laissa donc rire sans bouger, sans réagir, le sang coulait sur sa joue et il s’en moquait, il était de nouveau sérieux et juste un fin sourire habillait son visage.
Finalement elle s’arrêta (même si les larmes aux coins des yeux étaient tout à fait charmantes), et calme elle acquiesça, elle viendrait.
Mais quand ? Demain ? Dans une semaine ? Dans dix jours ? Dans un mois ? Plus longtemps ? Neill voulait que les assassins soient de sortis, et sèment de tels énigmes que Seth ne pourrait se passer de lui. S’il fallait, il commanderait ces assassins, et s’en débarrasserait quand ils deviendraient trop gênants.

- Maintenant, ne bougez pas, s'il vous plaît.

Neill se figea, bien obéissant, il la laissa essuyer le sang sans ciller, maintenant il était parfait pour sortir dans la rue et passer pour un gentil vicomte qui était simplement en visite (et à la base c’était cela, c’est sa rencontre avec Irina qui avait tout changé).

- Voilà. La prochaine fois, pensez à ne pas commettre ce genre de bêtises

Son côté moqueur reprit le dessus :

- Serais-tu inquiète pour moi ?

Bien sûr il n’en pensait pas un mot, il était persuadé qu'elle ne l'était pas, mais juste parce qu’il adorait lancer ses sarcasmes, et il fallait bien qu’il lui montrer qu’il était encore le méchant Neill qui voulait devenir son maître.

- Je ferai attention, s’il m’arrive quelque chose j’aimerais que ce soit plutôt à cause de toi.

Parce que ça l’amuserait que son jouet essaie encore de s’en prendre à lui (ça le mettrait sûrement en colère aussi, mais peu importe). Maintenant il lui semblait avoir tout dit, avoir tout fait, il ne pouvait pas rester comme ça debout sur le palier éternellement, il devait retourner à sa vie, laisser Irina à la sienne. Il poussa un soupire ennuyé, mais finalement sortit du manoir, se retrouvant séparé de la domestique, lui était à l’extérieur, elle a l’intérieur.

- Toutes mes amitiés à Tareth et Ringalls.

Et sur ce dernier sarcasme il tourna le dos à ses deux jouets préférés, sans presser le pas, sans se retourner non plus. Il avait d’autres choses à faire de toute façon, bien plus intéressantes que d’écouter Tareth déblatérer des hypocrisies, mais sûrement pas aussi drôle qu’Irina (hélas).
Il s’amuserait autrement, il trouverait bien, il trouvait toujours…
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
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Date d'inscription : 21/05/2010
« Serais-tu inquiète pour moi ? » : railla-t-il.
Elle haussa négligemment les épaules. Inquiète ? Pas le moins du monde. Cela lui plairait beaucoup s'il pouvait avoir un terrible accident dont il ne se remettrait jamais, ou si sa soeur Elinor ouvrait les yeux sur sa nature démoniaque et décidait de mettre un terme à sa vie. Hélas, si un tel enfoiré avait réussi à survivre jusque là, il trouverait très facilement le moyen de rester en vie jusqu'à leur prochaine rencontre. Elle espérait que beaucoup, beaucoup de temps se passerait jusqu'au moment fatidique, afin qu'il y ait beaucoup, beaucoup plus de chances qu'il meurt de façon tragique. Douloureuse, pourquoi pas, mais cela restait facultatif.
Si c'était tout ce qu'il avait en réserve, il n'était pas si terrifiant que cela, finalement.
« Je ferai attention, s’il m’arrive quelque chose j’aimerais que ce soit plutôt à cause de toi. »
Oh, non, certainement pas ! Ne faîtes surtout pas attention à vous Owen, faîtes donc ce plaisir à ma pauvre Irina ! ...
Elle eut un sourire ravageur. Presque heureuse à la simple idée que peut-être, elle pourrait lui enfoncer son magnifique cadeau dans la gorge s'il manquait à sa promesse. Sacré vicomte quand même...
En tout cas, elle réfléchirait peut-être à ce qu'elle pourrait bien lui sortir la prochaine fois. La tasse de thé ce n'était pas très marrant, trop peu subtil et légèrement suicidaire. Enfin... elle verrait.
« Toutes mes amitiés à Tareth et Ringalls. » : salua-t-il, et il lui tourna le dos.
Il s'en alla sans un seul regard en arrière, et heureusement. A peine eut-il franchi le seuil qu'Irina referma brusquement la porte derrière lui et s'en alla sans attendre.
A présent, elle avait fort à faire.
Tout d'abord, retrouver Madison, la rassurer sur son sort et essayer de la convaincre qu'elle n'avait pas changé. Ce serait fastidieux, mais pas impossible.
Ensuite, organiser un dialogue secret avec Tareth pour lui parler de cet épisode – mais sans en révéler plus que nécessaire. Le convaincre de ne plus jamais inviter Owen et de ne plus jamais avoir affaire à lui – ce serait trop dangereux pour sa vie de noble. Lui assurer qu'il n'y aurait plus de scènes de ce genre, pour le réconforter.
Et surtout, préparer sa prochaine rencontre avec le plus maléfique de tous les vicomtes...

[Ahh, l'odeur de cheval, c'est fou comme c'est très inspirant...]
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