Victoria's Stone
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Cette fierté si haute est enfin abaissée ; Racine

(merci à celles qui ont trouvé le titre. =P)



Le manoir Owen était, extérieurement, tout à fait charmant. Pas du tout le genre d'habitation que l'on attend de la part d'un génie du mal. C'était une charmante demeure aux murs clairs, avec un terrain verdoyant magnifiquement entretenu. Ce n'était peut-être pas le plus luxueux manoir de toute la ville, mais il respirait tout de même la richesse. C'était tout à fait le genre d'endroit où elle n'aurait jamais pensé mettre les pieds et qui était absolument au dessus de ses moyens.
Irina Blaze - ou du moins, celle qui avait pris cette identité - était d'une humeur massacrante. A cela, rien d'étonnant : jeune femme impulsive et colérique, elle se mettait facilement en rogne pour un rien. Ajoutez à cela qu'elle était obligée de rendre visite à quelqu'un qu'elle détestait cordialement et vous comprendrez pourquoi elle fulminait. J'allais oublier de vous dire qu'elle avait espéré ne jamais venir, et qu'elle allait devoir mendier son aide... Toute cette fureur était à peine masquée : elle la contenait juste assez pour prendre une expression neutre, histoire de ne pas effrayer la personne qui allait ouvrir.
Attendant "patiemment devant la porte", elle promena son regard sur les jardins. Ils devaient bien pouvoir contenir plusieurs fois l'immeuble dans lequel elle vivait la plupart du temps. Encore une fois, elle se demandait où était la justice. Un enfoiré de première avait tout pour lui, la belle maison, la fortune, les beaux poignards, alors que des gens simples mais gentils vivaient dans la misère la plus totale dans des quartiers insalubres. Comment faire respecter la loi dans de telles conditions ?
Et surtout, comment se respecter soi-même lorsqu'on était corruptible... ?
Irina reconnut tout de suite la jeune fille qui venait lui ouvrir. Elle s'appelait Elinor et était la petite sœur du vicomte à qui appartenait la propriété. Irina ne l'ayant jamais vue autrement que lorsqu'elle se faisait passer pour Seth, elle ne manifesta pas le moindre signe qu'elle la reconnaissait.
« Bonjour, salua Irina, qui avait failli oublier les politesses élémentaires. Je suis venue voir votre frère. »
Elinor la dévisagea, méfiante. Parce qu'elle n'aimait pas qu'on dérange son frérot adoré ou parce qu'elle se méfiait de quelqu'un qui savait directement qui elle était ? Peu importait. Irina soutint sans regard sans ciller.
« Et vous êtes ? s'enquit-elle, soupçonneuse.
- Je m'appelle Irina. » : répondit sèchement la jeune femme, qui n'avait pas envie de perdre du temps bêtement à expliquer la raison de sa présence. « Votre frère m'a dit que je pouvais venir. »
Elinor acquiesça.
« Je vais vous mener à lui. »

L'intérieur était plus sobre que ce qu'Irina avait imaginé, presque austère... pour un manoir, évidemment. Les deux appartements où elle habitait - celui de Ringalls, et celui d'Unity, bien qu'elle n'aille presque jamais dans le second - avaient en comparaison l'air aussi distingué qu'une prison, et pourtant ils n'étaient pas du tout médiocres. Malgré cela, le manoir à l'intérieur n'avait rien d'accueillant. C'était un peu trop spartiate pour quelqu'un d'immensément riche.
Le même genre de couloirs que chez Tareth - longs, interminables même, et impossibles à suivre si on ne connaissait pas le chemin... mais en pire - arpentaient le manoir. Irina était heureuse d'être accompagnée et guidée : elle aurait détesté avoir à errer seule et tomber sur le vicomte alors qu'elle s'était perdue. Comme si cette situation n'était déjà pas assez déplaisante...
« Où m'emmenez-vous ? » : demanda-t-elle lorsqu'elle trouva qu'elles se déplaçaient depuis un peu trop longtemps.
La jeune fille ne s'arrêta ni ne se retourna pour lui répondre. Irina posa de nouveau la question, et Elinor consentit enfin à lâcher :
« Voir mon frère. »
Bravo. C'était très instructif comme information. Enfin, cela n'allait pas la tuer d'attendre encore un peu avant de satisfaire sa curiosité.
Quelques minutes plus tard, elles arrivèrent devant une porte fermée. Elinor frappa un coup et l'ouvrit pour laisser entrer l'invitée.
Irina éclata de rire.
Elinor l'avait menée dans la chambre du vicomte, une pièce qui devait faire la moitié de la taille de son propre appartement. Toutes nuances de brun s'y mêlaient, donnant un ensemble très joli pour quiconque aimait cette teinte ; pour les autres, elle manquait cruellement de couleurs. Bien meublée, elle n'était pas tellement décorée, ce qui aurait pu étonner Irina si elle n'avait pas déjà visité les "sobres" couloirs du manoir. Un majestueux lit à baldaquin trônait sur le mur à côté d'elle.
Mais ce qui avait fait rire Irina, c'était peut-être de voir que le vicomte n'était seul...



Peut-être aurais-je dû commencer par le début. A savoir, pourquoi Irina devait-elle se rendre chez Neill Owen ? Voici donc une petite explication :

Elle croulait sous les dossiers. Littéralement.
Unity ignorait tout de ce qui se passait, mais les faits étaient là : ces dernières semaines, le nombre de crimes avait été triplé. Comme ça, sans explication. Unity avait une petite idée derrière la tête, pourtant, elle n'y croyait pas. Impossible.
Installée confortablement sur le canapé, le dossier qu'elle consultait sur les genoux et un verre d'eau sur la petite table, Unity tenait d'établir un lien entre toutes ces affaires. Les coupables n'étaient jamais les mêmes, et quand on n'en trouvait pas, les méthodes utilisées ne permettaient pas de relier chaque scène de crime. Pourtant, elle était persuadée qu'il y avait une relation. Elle y réfléchissait tant qu'elle en perdait le sommeil. Ringalls s'inquiétait, mais rien à faire : elle refusait tout simplement de laisser tomber.
Elle laissa échapper un bâillement et ferma le dossier d'un bruit sec.
« Rien, rien, rien... Je vais devenir folle. »
Elle se leva et s'étira longuement, arpentant la pièce pour rétablir la circulation dans ses jambes à moitié endormies. Des heures passées assise, à se tuer les yeux sur des petites lignes pas très lisibles où elle ne trouvait pas la moindre information... n'importe qui aurait abandonné depuis longtemps, surtout quelqu'un d'aussi impatiente qu'elle. Mais elle avait un mauvais pressentiment, et cette absente de traces ne faisait que confirmer ses doutes.
« Je vais y aller. » : annonça-t-elle.
Ringalls, depuis la cuisine, lui demanda :
« Où ça ?
- T'occupe. » : répondit-elle en s'enfermant dans sa chambre.
Quelques minutes plus tard, ce n'était plus Unity mais Irina Blaze qui sortit. Ou plutôt, une identité alternative qui prendrait le nom d'Irina. La jeune femme qui sortait de la pièce avait beau avoir ses caractéristiques yeux ambrés, elle portait de longs cheveux noirs raides avec une frange volumineuse laissés libres, un manteau brun lui arrivant aux cheville et une paire de bottes en cuir. Elle avait gardé sur elle le poignard de Neill, qu'elle ne quittait que rarement : pas parce qu'il lui plaisait de conserver un souvenir de lui, juste parce que ce couteau était l'incarnation même de ses rêves les plus fous. Même le nom Owen ne pouvait gâcher l'amour qu'elle portait à cette arme. Unity avait toujours été fascinée par les lames.
« Unity, fais attention, l'avertit Ringalls, soucieux.
- Je ne fais que me promener. » : répliqua-t-elle innocemment.
Et elle claqua la porte de l'appartement sans un mot, sachant pertinemment où elle se rendait : le manoir de son pire ennemi.
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Personne ne vit ta vie pour toi
Tu traceras seul le chemin
Ce n'est que toi qui choisiras
s'il sera le mal ou le bien
Tu seras le seul à payer
Ce que tu auras dépensé

Assis dans le fauteuil noir de sa chambre, Neill fixait un homme devant lui en silence. Son regard reflétait tout ce qu’il y avait de mal en lui.

- Vous faites presque peur vicomte.

Il laissa passer un éclat de rire, froid, tranchant, dans la pièce c’était l’hiver et pourtant des bûches brulaient dans la cheminée. En face l’homme avait cru bon de faire de l’humour, mais s’enfonça un peu plus dans son siège, pas rassuré. Il essaya de se reprendre, de se dire qu’après tout Owen n’était qu’un gamin qui se prenait pour le diable, qui pensait avoir tous les pouvoirs, juste ça.
Il essaya, mais peine perdu. L’homme en était sûr et certain, peu importait l’âge de ses traits, son regard et son rire étaient bien ceux d’un démon, dangereux, effrayant et il se mit à regretter d’avoir accepté l’invitation.
Et puis ce silence pesant commençait à l’étouffer, Neill ne faisait que le regarder sans rien dire, sans même lui expliquer pourquoi il l’avait fait venir. Déstabilisé, il avait l’impression que l’air dans la pièce se consumait, et que bientôt il ne pourrait plus respirer. Alors il se mettrait à suffoquer sous le regard du vicomte qui ne bougerait pas de son fauteuil, qui ne se départirait pas de son sourire moqueur.
Il fallait qu’il parle, qu’il fasse quelque chose, sinon il allait sombrer dans la panique :

- Allons vicomte, dites moi donc pourquoi m’avoir fait venir ? Je ne pensais pas qu’un noble aurait besoin de mes services.

Nouvel éclat de rire, si effrayant, l’homme aurait voulu pouvoir fuir mais c’était impossible. Pourtant enfin Neill parla.

- Voyons, je sais bien que les nobles sont ceux qui vous embauchent le plus souvent. Ils ont assez de richesses pour avoir envie d’en accumuler plus.
- Mais vous vicomte, tout vous réussis n’est ce pas ? Vous n’avez jamais eu besoin de moi, pourquoi me faire venir maintenant ?


Owen se pinça les lèvres et son air se fit plus sombre, plus déçu. Tout le problème était là, pourquoi avoir besoin de ce type ?
La réponse ne tenait qu’à un mot. Ou plutôt deux noms, suivant lequel il choisirait.

Seth.
Irina.
***

- Neill, Neill, eh Neill tu m’écoutes ?

Soupir de la part du dénommé. Non il n’écoutait pas. Qu’est ce qu’elle lui voulait cette petite putain ? Puis qui lui avait dit qu’elle pouvait l’appeler si familièrement par son prénom. Okay, il lui avait trouvé du boulot sur un trottoir où les riches passent et se laissent aller au plaisir des prostitués, et c’était vrai qu’elle avait eut le droit de poser ses mains sur lui dans son appartement tout délabré (plutôt crever que de ramener une pute chez lui), mais que croyait-elle ? Il était toujours son maître, et elle lui devait le respect.

- Neill je te parlais du duc de…
- La ferme. Je me fiche de tes histoires de trainées, fais juste ton boulot. Et ne m’appelle plus Neill.
- Mais…
- Ne crois pas que parce que je t’ai accordé une nuit, tu as du pouvoir sur moi. Apprends donc où es ta place, catin.


La prostituée eut bien envie de le traiter de salopard, mais elle savait que si elle osait, son espérance de vie serait grandement réduite. Alors elle resta silencieuse et contempla malgré elle l’homme s’habiller et partir sans un mot, ni même un regard.

Neill avait des choses à faire aujourd’hui, il avait multiplié ses occupations afin d’oublier le jouet qui ne lui rendait pas visite, viendrait-elle vraiment ? Viendrait-elle un jour ? Il avait pourtant tout fait pour l’attirer jusqu’à lui, mais elle restait absente.
Peu importait, il était inutile de penser à un jouet désobéissant, il avait des choses bien plus intéressantes à s’occuper (menteur). Depuis quelques semaines il tournait autour d’un comte, un homme moche, gras, bête, mais dont le nom résonnait dans tout Londres pour sa richesse, pour sa gloire. Comte Goldigger, c’était son nom. Si Owen le voulait, c’était surtout parce que ça l’énervait de le voir se vanter à qui l’entendrait qu’il avait tout pour lui.
A leur première rencontre Neill ne savait pas encore comment il le détruirait ou le ferait chanter, mais il remarqua assez vite que le comte le regardait avec des yeux pervers, de là il avait trouvé comment le couler.

L’homosexualité à cette époque était un crime, punissable de prison, et si bien sûr Neill était le mal il possédait aussi ce « vice ». Coucher avec une femme ou avec un homme, pour lui il n’y avait pas de différences, pas tant qu’il était le maître à bord. Et s’il s’amusait à déshonorer les premières, il faisait souvent chanter les deuxièmes. Et c’était ce qu’il comptait faire avec Goldigger (qui plus est était marié). Il savait que l’autre n’allait plus résister longtemps à ses avances, ses gestes se faisaient plus entreprenants à chaque nouvelle rencontre et Neill ne calmait pas ses ardeurs, bien au contraire.

Aujourd’hui donc, il fit venir le comte Goldigger chez lui, après quinze minutes de discussions inintéressantes dans le salon, ils avaient décidé d’un commun accord de continuer leur blablatage dans la chambre de Neill. Le vicomte avait à peine fermé la porte que l’autre tremblait déjà de désir et d’impatience, tout en lui hurlait à Owen qu’il voulait qu’il le touche et lui fasse pleins de choses dégoutantes.

Quelle horreur, ce gros porc pleins de sueurs, si laid que Neill en aurait vomis s’il n’avait pas pensé à ce que ça allait lui apporter. Hors de question qu’il mette sa langue dans la bouche d’un type comme ça, faut pas pousser non plus.

- Quelque chose vous gêne monsieur Goldigger ?

Tu parles qu’un truc le gêne, suffit de voir comme son pantalon semble soudain petit. Désespérant qu’il essaie de le cacher avec ses mains, comme si un détail pareil aurait pu échapper à Neill qui avait perdu des jours à le séduire et l’attirer ici. Bon ils avaient bien assez causé non ? Ils avaient bien fait semblant que Goldigger n’était là que pour causer, c’était tout rien de plus.
Donc le vicomte prit les choses en main et poussa l’homme contre son lit, ce dernier ne chercha même pas à se défendre ou faire semblant que non ça ne l’intéressait plus. Il en pouvait plus d’attendre que Neill fasse mumuse avec lui et il se laissa complètement faire.

Beurk, beurk. Il était encore plus moche tout nu. Le vicomte avait l’impression d’avoir à faire à un gros tas de graisse au lieu d’un être humain, bon il allait écourter les préliminaires hein ? Quand l’homme était beau, quand il était intéressant à toucher, pas de problèmes mais là il avait limite envie de se crever les yeux.

*Neill, du calme, pense à ce que ça va t’apporter de faire chanter ce porc*

Et il allait se venger, oh oui, il le trainerait dans la boue pour ce qu’il lui faisait subir à cet instant. C’était vrai que Neill était le seul responsable de son choix à ce moment là, mais s’il le faisait c’était que ça valait la peine, il le savait.
Puis il y avait quelque chose de glauque mais d’amusant de voir le gros goret pousser des bruits bizarres, comme un cochon qu’on égorge (quoi qu’au moins un cochon qu’on égorgeait ne criait plus une fois mort).
Bref il était là à se farcir ce porc, quand on frappa à la porte. Un coup. Un seul. Et si Goldigger ne l’entendit pas, Neill n’y échappa pas. Il avait les yeux tournés vers la porte quand elle s’ouvrit, et la personne qui y entra fit sourire le vicomte.

Il se fichait bien d’être dans une position quelque peu gênante, ça lui était égal qu’elle le voit entrain de coucher avec quelqu’un, peu importait, tout ce qui comptait c’est qu’elle était là, enfin. Neill l’avait immédiatement reconnu, même si elle n’était ni en Irina, ni en Seth, il avait su que c’était elle.
Il oublia Goldigger et le poussa sur le côté, ce dernier émit un cri en voyant la femme dans la chambre et essaya de se couvrir comme il pouvait avec les draps du lit. Mais il avait perdu tout l’intérêt de Neill, ce dernier se fichait bien qu’il soit gêné et qu’il ait l’air con, parce qu’il n’y avait plus qu’Irina maintenant.

- Rhabillez-vous monsieur Goldigger, j’ai un rendez-vous maintenant.

L’autre pleura à moitié alors que le vicomte prononçait son nom, lui faisant perdre toute trace d’anonymat, mais il obéit, comprenant qu’il n’avait jamais gagné l’amour de Neill, mais que maintenant il venait de perdre quelque chose d’important : sa liberté. Habillé, pleurnichant, il quitta la pièce, victime de la méchanceté de Neill, qui s’en fichait.
Assit sur son lit, il fixait Irina, regardait ses longs cheveux noirs (des faux aussi sûrement), ses beaux yeux rouges (toujours les mêmes), son long manteau, ses bottes… Puis d’un signe de la main il renvoya Elinor, lui montrant qu’il n’était aucunement en danger (et même s’il l’était, ça lui plaisait).
Une fois la porte fermée et les gêneurs partit, Neill songea à se rhabiller lui aussi, il remit donc son pantalon avec un air pleins d’assurance, sans se soucier vraiment de ce à quoi venait d’assister la jeune femme.

Souriant comme un gamin heureux, toujours torse nue, il s’approcha d’elle :

- Bonjour Unity.


Il avait utilisé ce prénom exprès, pour lui montrer qu’il savait comment elle s’appelait vraiment. Après tout, elle l’avait fait attendre plus qu’il n’en faut, alors il avait bien eut le droit de chercher des infos sur elle de son côté. Découvrant qu’elle s’appelait Unity, et qu’elle avait travaillé dans un théâtre (il en avait même l’adresse). De là il aurait sûrement pu remonter jusqu’à son passé, mais il s’y prenait doucement, en apprendre trop d’un coup gâcherait le plaisir.
Et puis maintenant elle était là, avec ses yeux qui montraient son énervement (et peut-être également son envie de rire). Et Neill la trouvait belle malgré lui, moins belle que la prostitué de ce matin, mais sacrément plus jolie que le gros porc de Goldingger.
Et si intéressante, malgré elle.

- Quel plaisir de vous voir. J’aime cette apparence, elle vous va bien, beaucoup mieux que la poupée en porcelaine domestique. Comment s’appelle donc ce visage ?

Puis attrapant sa chemise (noire bien sûr), il la remit, ne boutonnant pas les boutons jusqu’en haut.

- Venez, allons nous désaltérer dans mon salon, nous serons mieux qu’ici.

Il parlait de sa chambre comme si elle l’avait trouvé entrain de travailler, et non surpris à faire sa fête à un comte.

- Vous m’apprendrez le but de votre visite également.

Même s’il sen doutait un peu, il préférait la laisser parler et lui expliquer. Il ouvrit la porte de sa chambre et d’un signe de la main lui indiqua de le suivre.

- Alors comment vous portez-vous ? Avez-vous fais bonne route jusqu’ici ?

Il se comportait comme un homme charmant, s’enquérant de sa santé, la vouvoyant, marchant à sa vitesse afin de ne pas la perdre dans son manoir. Finalement ils arrivèrent dans un immense salon, plus éclairé que le reste, plus accueillant (il s’en servait pour les visites).

- Laissez-moi prendre vos affaires.

Il ne lui laissa pas le temps de faire un geste et l’aida à enlever son grand manteau, puis il alla l’accrocher dans un petit placard.

- Asseyez-vous. Que voudriez-vous boire ?

Neill était tellement content qu’il ne s’arrêtait plus, on sentait sa joie dans ses grands gestes, son sourire, sa manière de parler. Enfin il prit une chaise pour se mettre en face d’Irina.

- Maintenant, dites-moi, que me vaut le bonheur de votre visite ?
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Lorsque son rire se calma enfin, Irina garda un sourire franc aux lèvres. Elle contemplait le visage rouge de l'autre homme : pas vraiment un canon, même quelqu'un comme Neill devait s'en rendre compte. Elle supposait qu'il devait être quelqu'un d'important, pour que le vicomte ait tant envie de coucher avec lui. Ce que cela lui apporterait - car forcément, tout acte chez lui était intéressé - Irina l'ignorait, et n'avait pas tellement envie de le savoir.
Enfin, s'il préférait qu'elle repasse plus tard, elle était tout à fait disposée à s'en aller. Elle n'avait pas du tout envie de le revoir, et cette entrée en matière lui rappelait sa nature un peu trop démoniaque à son goût.
« Rhabillez-vous monsieur Goldigger, j’ai un rendez-vous maintenant. »
La seule marque de surprise qu'elle exprima fut un haussement de sourcil. Alors comme ça, elle passait avant une affaire déjà entamée avec un des comtes les plus influents de la ville ? Elle ignorait qu'elle avait pris une telle importance. Mentalement, elle en prit note. La scène commençait à prendre tout son sens : il y aurait pour lui bien des intérêts à faire chanter quelqu'un comme Goldigger. C'était extrêmement... dégoûtant.
Le comte bafoué quitta la chambre, honteux, désespéré, sans le moindre regard pour elle. Par contre, le vicomte la fixait, observant chaque détail de son identité intermédiaire. Elle soutint cet examen sans sourciller, n'ayant pas tellement envie de le rabrouer alors qu'elle savait pertinemment qu'il n'en ferait qu'à sa tête. Sa mauvaise humeur avait plus ou moins fondu lorsqu'elle était rentrée dans cette pièce, mais elle persistait à la hanter, et pour un tel "rendez-vous", il lui faudrait garder son calme. Neill renvoya froidement sa sœur. Cette fois, ils étaient vraiment seuls, et cela ne plaisait pas à Irina. Patience. Elle venait lui demander son aide après tout.
Sous ses yeux inexpressifs, le jeune vicomte se rhabilla. Soyons honnêtes : Irina ne passait pas ses journées à voir des hommes nus, et cela l'aurait sans doute gênée si cela avait été quiconque d'autre que ce satané Owen. Lui, elle le détestait trop pour avoir envie de profiter du spectacle. L'assurance et l'absence d'embarras dont il faisait preuve lui était bien plus insupportable... comment gagner lorsque votre adversaire est quasiment impossible à surprendre ? S'il ne perdait pas ses moyens là, les perdrait-il seulement un jour ?
Alors qu'il n'avait enfilé qu'un pantalon, il s'approcha d'elle. Il avait vraiment l'air heureux.
« Bonjour Unity. » : la salua-t-il en insistant sur son vrai prénom.
Son sourire amusé se transforma en grimace. Pourquoi fallait-il qu'il soit au courant de sa véritable identité ? Elle aurait préféré qu'il découvre autre chose, n'importe quoi - à part peut-être ses délits de jeunesse. Mais peut-être le plus gênant dans toute cette histoire était qu'il l'appelle par un prénom qu'elle détestait. Qui pouvait avoir envie de s'appeler Unité ? Unité de quoi, de mesure... ?
Enfin, soit. Il farfouillait dans son passé. Mais elle n'était certainement pas en reste : elle aussi, elle avait effectué des recherches. Le sort de sa famille était tout à fait intéressant.
« Quel plaisir de vous voir. » : ajouta-t-il.
Ce n'était pas du tout réciproque. Unity s'abstint de répondre, espérant qu'il comprenne bien le message... mais ce serait sans doute le cas, vu qu'il était loin d'être un idiot.
« J’aime cette apparence, elle vous va bien, beaucoup mieux que la poupée en porcelaine domestique. Comment s’appelle donc ce visage ?
- C'est encore Irina. » : rétorqua-t-elle froidement.
Peu importait s'il en tenait compte ou non. Elle l'avait prévenu, mais la balle était dans son camp à lui. S'il préférait continuer à l'appeler Unity, libre à lui. De toute façon, personne ne pouvait les entendre.
« Venez, allons nous désaltérer dans mon salon, proposa Neill en terminant de se rhabiller, nous serons mieux qu’ici. »
Elle acquiesça silencieusement. Même si leur relation n'avait rien de conventionnel - elle doutait même qu'il y ait déjà eue un lien du même type entre deux personnes - discuter dans une chambre à coucher n'était pas des plus agréables. Son salon serait donc tout à fait la bienvenue.
« Vous m’apprendrez le but de votre visite également. »
Elle eut la très désagréable sensation qu'il était déjà au courant. En même temps, si elle avait pu l'éviter aussi longtemps et venait précisément ce jour-là, de mauvaise humeur, il y avait bien une raison : elle ne lui rendait pas visite de son plein gré. Quelle horrible situation, vraiment.
Il lui ouvrit la porte et s'effaça galamment pour la laisser passer. Unity n'aimait pas tellement cette habitude - ou plutôt l'origine de cette tradition, où on laissait les dames passer devant pour se prendre un éventuel coup de poignard... - mais la supportait en tant normal. Par contre, que Neill se comporte en gentleman avait de quoi la déstabiliser. Elle détestait énormément cette manie, surtout depuis qu'il lui avait montré que ce n'était que de la comédie. Enfin. Ce n'était pas si grave, du moment qu'elle savait où s'en tenir... et lui aussi.
« Alors comment vous portez-vous ? Avez-vous fais bonne route jusqu’ici ? » : demanda-t-il courtoisement.
Elle faillit lever les yeux au ciel... et l'aurait fait si ce n'était pas lui, désormais, qui la guidait dans ce labyrinthe. Elle était bien contente d'ailleurs de ne pas être seule : elle aurait eu du mal à trouver son chemin.
« A votre avis ? » : répliqua-t-elle.
Bon, d'accord. Ce n'était pas une réponse. Même s'il devait très bien comprendre ce qu'elle voulait dire... A contrecœur, elle accepta de faire un effort.
« Je suis fatiguée, avoua Irina, qui était bien consciente que c'était lui fournir une arme contre elle. Les nuits sont si courtes... »
Elle s'arrêta subitement, un sourire énigmatique aux lèvres. A-t-on déjà fait remarqué que le manque de sommeil n'améliore en rien l'humeur ?
Elle regretta vraiment d'être venue lorsqu'ils arrivèrent dans le salon.
A l'image de son propriétaire, il était censé représenter toute la gloire et le patrimoine Owen. Il ressemblait étrangement à un îlot de lumières perdu dans des ténèbres et Irina s'y sentit tout de suite mal à l'aise. Tout n'était que chiqué et apparence, et elle n'avait pas envie de jouer sur ce tableau-là avec Neill. Toute cette hypocrisie l'épuisait. Sans lui demander son avis, il l'aida à enlever son long manteau. Unity l'ayant enfilé toute seule, elle pouvait bien s'en débarrasser sans assistance, mais apparemment, il était content de le faire. En fait, il avait vraiment l'air excité. On aurait presque pu croire qu'il était en train de revivre. Étonnant, pourtant, s'il couchait avec des comtes ingénus tous les jours, sa vie devait être plus amusante que la sienne, où elle potassait à n'en plus finir dans des dossiers qu'elle ne parvenait pas à résoudre. Enfin, peut-être qu'à force, ce n'était plus aussi marrant, de mener un train de vie extravagant.
Il lui demanda ce qu'elle voulait boire. Bonne question. Avait-elle seulement envie de boire quelque chose qui lui appartenait ? ... étant donné qu'elle possédait déjà son poignard, elle pouvait bien accepter cette proposition. Elle lui annonça que n'importe quoi ferait l'affaire, en dehors bien sûr de thé ou de toutes les infusions possibles et imaginables. Cela n'avait aucun rapport avec leur précédente rencontre, où elle avait subi le martyr en lui servant du thé ; elle avait toujours détesté cette boisson, sans vraiment savoir ce qui la dérangeait dedans.
Elle s'installa tranquillement. En temps normal, elle s'enfonçait dans un fauteuil et s'appuyait négligemment sur un coude, mais cette fois, elle ne le fit pas. Et pas à cause de ses vêtements : elle avait eu la prévoyance de porter, ô outrage, un pantalon. Non, cette fois, elle savait qu'elle n'aurait pas la force de subir tout un entretien dans une telle posture. Elle cala donc son dos contre le dossier de son siège et se laissa aller. Encore un peu, et elle allait s'endormir.
Non, Unity, reste réveillée.
« Maintenant, dites-moi, que me vaut le bonheur de votre visite ? » : s'enquit Neill.
Les choses sérieuses commençaient.
En soupirant, elle se redressa et croisa le regard gris d'Owen. Le temps passait, mais il continuait de lui faire peur... pas pour ce qu'il était, oh non. C'était son caractère instable, lunatique qui était le plus dérangeant chez lui. Elle ne savait jamais comment s'y prendre pour obtenir la réaction escomptée. Si elle disait telle phrase à tel moment, il pouvait éclater de rire ; si elle attendait une minute, il pouvait au contraire exploser. C'était de très mauvaises conditions pour traiter avec quelqu'un qui en sait bien trop sur vous pour votre propre bien. Et n'importe quelle personne sensée ne voudrait jamais qu'un homme de la trempe du vicomte connaisse ses plus sombres secrets. La vie était vraiment mal faite.
« Je vais être honnête avec vous, Owen, le prévint-t-elle d'emblée. Je déteste vraiment cette situation et, pour un peu, je serais persuadée que vous n'y êtes pas étranger. »
Pour un peu ? Non, maintenant qu'elle l'avait revu, qu'elle avait eu le temps de le déchiffrer de nouveau, elle en était intimement convaincue. Cela ne lui plaisait pas du tout, mais alors pas du tout. Pourtant, avait-elle le choix ? C'était sans doute lui le responsable, et sans doute aussi la seule personne extérieure capable de l'aider. Cruelle destinée.
Comment commencer dans de telles conditions ?
« Je vous ai dit que j'étais fatiguée, continua-t-elle. Je suppose que je dois vous remercier pour cela. Je suis littéralement débordée de travail. »
Tiens, elle était sûre que ce genre de nouvelles lui plaisait beaucoup. Surtout si, comme elle le pressentait, il avait tout orchestré. Sérieusement, le nombre de crimes ne peut pas tripler sans raisons, surtout si la plupart semblent être organisés par un mystérieux commanditaire impossible à mettre un jour...
« Cela m'ennuie de devoir vous réclamer votre aide, ajouta Unity. Encore plus dans la situation actuelle. Mais on peut dire que vous savez vous y prendre : je n'ai plus d'autre choix. »
Elle ferma les yeux, rejetant la tête en arrière. Impossible de supporter cette ambiance. Surtout que le poids d'une demi-culpabilité commençait à l'envahir.
« Owen. » Sa voix s'était durcie, dissimulant toute trace d'épuisement ou d'émotion. « La prochaine fois que vous voulez me voir, inutile de décimer la population londonienne. Oh, ne niez pas, j'ai deviné. »
Elle ouvrit les yeux, regrettant amèrement de ne pas pouvoir les fermer et les reposer. C'était agréable de se laisser entraîner par Morphée. Elle n'ignorait pas que des cernes apparaissaient sous ses yeux. Elle n'avait pas pris la peine de les masquer - à quoi bon, alors qu'il savait très bien regarder au delà des apparences ?
Lorsqu'elle l'avait quitté, refermant derrière lui la lourde porte du manoir Tareth sans le moindre regret, elle avait conscience que son refus de venir chez lui ne lui plairait pas. Elle avait même pensé qu'il l'obligerait finalement à venir. Mais ça... c'était d'une incroyable bassesse et absolument odieux. Combien de personnes avaient perdu la vie, dans le seul but de l'attirer chez lui ? Combien de personnes avaient été dépossédées de leurs biens les plus chers ? Le pire dans toute cette histoire, c'était peut-être que tout cela avait parfaitement fonctionné. En même temps, pouvait-elle en faire autrement ? Sa conscience et son travail la forçaient à se rendre chez lui.
« Je vous assure. Demandez, et je viendrai. »
Cela lui faisait mal de sortir quelque chose comme ça. Elle avait la désagréable impression qu'il avait encore gagné une bataille. Décidément, il savait mieux jouer qu'elle. En même temps, vu qu'il était le "méchant" de l'histoire, il était forcément avantagé, vu qu'il n'hésitait pas à enfreindre une loi qui ne lui posait que des limites. Sans compter qu'il était vraiment prêt à tout. Elle, elle ne pouvait pas sacrifier quelqu'un d'autre pour sauver sa propre tête. Le pire était arrivé : il avait découvert toutes ses identités en cours, et personne ne pouvait plus rien pour elle sur ce point.
Cela faisait mal, mais elle était bien consciente que s'il lui demandait de venir, après un coup pareil, elle n'hésiterait pas à obéir, juste pour sauver des vies... oh, elles allaient quand même être menacées par Owen, et elle les aurait indirectement sur la conscience parce qu'elle n'avait pas arrêter le responsable. Mais de toute façon, même si elle l'avait voulu, sans preuves, elle ne pouvait pas le dénoncer. Sauf qu'elle ne le voulait pas : si elle le faisait, il serait bien capable de démontrer aux autres qu'elle avait menti sur ses identités, ce qui, pour un détective, n'était pas tellement légal...
La vie est vraiment injuste.
« Owen... si je vous le demande poliment, vous seriez prêt à me prêter main forte ? » : l'interrogea-t-elle d'une voix plus douce qu'à l'accoutumée.
Et voilà. Le moment tant attendu était enfin arrivé. Ce n'était pas aussi redoutable que ce qu'elle avait pensé, mais c'était bien trop désagréable. Elle ne quitta pas une seule fois son regard, refusant de lui faire ce plaisir. Il devait être bien assez heureux comme ça.
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Délice du pantalon. Il avait souvent entendu des hommes traiter l’habit comme vulgaire chez une femme, ceux là ne connaissaient pas Unity. Irina avait-elle dit. Très bien ce serait Irina. Qu’elle était charmante à se tenir de cette manière, sans manière justement. Si toute autre femme s’était comportée ainsi devant lui, Neill l’aurait très certainement rabroué, moqué, peut-être même frappé. Mais elle…

Il n’y pouvait rien, son jouet était trop captivant, tout ce qu’il détestait il l’adorait chez elle, il lui aurait permis de l’insulter, de mettre le feu à son manoir, de foutre toute sa vie en l’air, pour peu qu’il puisse l’avoir, qu’elle lui appartienne. C’est pourquoi il était si heureux qu’elle soit là, c’est pour cela qu’il agissait comme un gentleman (des habitudes qu’il avait prit avec les gens, surtout les femmes).

Elle était fatiguée, ce n’était pas uniquement par ses paroles que Neill le savait, ses cernes parlaient d’elle-même, Irina semblait avoir envie de se reposer mais ne se le permettait pas. Sûrement parce qu’il aurait été fou de s’assoupir dans la maison d’un démon, elle avait très certainement raison, qui sait ce que ferait le vicomte si elle s’endormait chez lui… Peut-être irait-il jusqu’à construire une cage autour d’elle pour la garder près de lui.
Et puis elle pouvait boire de tout, peu importait, sauf du thé ou n’importe quelle autre infusion, bien il fit sonner une domestique. Un thé et un café. Ce serait très bien.

Un café, cela la maintiendrait éveillé, la mettrait en sécurité, la protégerait du sommeil et du démon qui pouvait profiter de son assoupissement. Si elle pouvait avoir confiance en lui, même rien qu’un peu, ce serait toujours ça de gagné.
Quelle drôlerie. Comme si Irina pouvait lui faire confiance, même une seconde. Il était un salop, un enfoiré, un fou, il connaissait ses secrets en plus, jamais elle ne lui ferait confiance même s’il se transformait soudainement en prince charmant (ce qu’il refusait évidemment), et c’était sans doute mieux comme ça. Il en avait marre des femmes qui croyaient à tous ses mensonges.

Enfin elle aborda le sujet de sa visite. Oh il n’était pas surpris de ce qu’elle lui annonçait.

- Je vais être honnête avec vous, Owen. Je déteste vraiment cette situation et, pour un peu, je serais persuadée que vous n'y êtes pas étranger. Je vous ai dit que j'étais fatiguée. Je suppose que je dois vous remercier pour cela. Je suis littéralement débordée de travail.

Il prit l’air innocent, de celui qui ne comprenait pas de quoi elle pouvait lui parler. Comment ? Elle était débordée de travail, mais quelle tristesse, que pouvait-il donc faire contre ça ? Il n’était en rien coupable si les gens avaient cette mauvaise habitude de se tuer, comme ça, sans préavis. Cela l’ennuyait de demander son aide, mais cela arrangeait Neill, elle était là parce qu’elle avait besoin de lui, parce qu’elle ne pouvait rien changer sans lui. Elle n’avait pas le choix, elle l’admettait elle-même et finalement elle était venue.
Parce que même elle, même si elle était différente, si elle avait plus de droits que les autres, même si elle avait sans doute plus de pouvoirs aussi, au final elle ne restait que le jouet de Neill. Irina était là, parce qu’IL l’avait voulu. Et elle n’était pas dupe.

- Owen.

Son nom ne lui avait jamais parût aussi agréable à entendre, il s’enivrait des mots de la femme et s’amusait de la voir lui montrer qu’elle savait.
Oui elle savait que tout était sa faute, à lui.

- La prochaine fois que vous voulez me voir, inutile de décimer la population londonienne. Oh, ne niez pas, j'ai deviné.

A quoi bon lui dire « non je n’y suis pour rien », il resta silencieux, prit l’air de celui qui n’y a pas touché, quasiment vexé qu’on puisse le suspecter. Après tout, il n’avait pas de sang sur ses mains… En tout cas pas pour ces crimes là.

***

- Vous vous moquez de moi ?
- En ai-je l’air ?


Non. Il était sérieux, et l’homme regrettait de ne pas l’avoir prit au sérieux dès le début. Son air était trop glacial pour qu’on mette en doute ses dires et pourtant cela semblait… Tellement incroyable.

- Vous voulez que j’assassine des gens au hasard, juste pour attirer l’attention d’un certain détective.
- Vous avez tout compris, vous voyez quand vous voulez.
- Mais c’est du suicide !!!

Aussitôt avait-il dit ça, qu’il pria pour sa survie tant Neill lui lança un regard méchant. Lui qui avait toujours pensé être le mal incarné, que ses meurtres faisaient de lui le pire, qu’être un tueur sur commande lui donnait le statut de démon, comprenait qu’il n’était qu’un petit joueur, à peine un ange déchu. Il avait en face de lui la pire créature existante, il était tombé dans la maison du diable et il en frissonnait.

- Bien sûr vous serez payé grassement.

L’homme était sûr que même si on ne lui avait pas proposé d’argent il aurait accepté la proposition, de peur que le vicomte vienne le retrouver et lui montre ce que pouvait être l’enfer. Il était déjà sûr que Neill hanterait ses pires cauchemars.

- Et de toute façon j’ai prévu un plan pour que vous ne vous fassiez pas attraper.

Le vicomte lui expliqua alors le tout, et l’homme se sentit pâlir, c’était diabolique et tellement géniale, c’était parfait.
Mais que faisait Dieu ? Pourquoi laisser un tel homme sur terre…

***

- Je vous assure. Demandez, et je viendrai.

Il avait gagné. Encore, oui encore. Personne ne pouvait lui résister, personne ne pouvait rien lui refuser, il était le vainqueur. Neill était le maître. Même Irina perdait face à lui, même elle qui voulait l’éviter à tout prix n’avait d’autre choix que de lui obéir. Et il demanderait, il la voulait ici, près de lui, le plus souvent possible, pour jouer, pour profiter, pour la voir.

Bien sûr la partie n’était pas encore finis, il n’était pas le maître suprême, il ignorait encore beaucoup de chose à son sujet. Et savoir qu’elle s’appelait Unity, ne suffisait pas.

- Owen... si je vous le demande poliment, vous seriez prêt à me prêter main forte ?

Il dut se retenir de répondre sur un coup de tête « bien sûr, tout ce que vous voudrez ». Réprimant son envie, sa folie, sa joie, il ferma les yeux et tenta de se calmer. Dur. Mais pas impossible.

- Irina, ne te l’ai-je pas dis ? Si tu viens, je t’aiderai.

Le vicomte abandonna le vouvoiement pour rependre son tutoiement habituel.

La domestique entra dans la pièce sur ces mots, et Neill s’enferma dans le silence, se laissant servir par la femme auquel il ne prêtait aucun regard. D’ailleurs il n’y avait rien à voir, sauf si on observait bien, bien sûr. Alors on pourrait voir chez elle, une douleur infinie dans les yeux, une beauté spéciale qui n’allait pas à une simple servante, une façon d’être et de se tenir qui faisait penser à une personne qui a été éduqué dans la richesse. Qu’avait fait Neill à cette femme ? Seuls les deux le savaient, mais si l’une souffrait, l’autre semblait ne même pas faire attention à son existence.

Il attendit que la domestique disparaisse pour recommencer à parler et retrouver son enthousiasme.

- Et je t’ai attendu, longtemps. Vois-tu je pensais que tu ne viendrais plus, j’ai tourné mes occupations ailleurs, je dirais avoir même développé un certain intérêt pour les bovins.

Il sourit, moqueur, de sa mauvaise blague sur Goldingger, sans honte, juste avec beaucoup de mépris.

- Mais ne dit-on pas qu’il fait tout essayer ? Même le pire.

Saleté d’enfoiré qui s’amusait de la situation du comte qui risquait de perdre sa réputation maintenant, qui risquait également de perdre sa bonne mine et son air guilleret.

- Peu importe. Irina, viens le plus souvent possible, tous les jours même. Si ça ne tenait qu’à moi, tu viendrais et ne repartirais plus. Mais je sais que tu aimes jouer les détectives, alors je te laisserai repartir.

Ce n’était pas par gentillesse, ni par pitié, c’était juste parce qu’il trouvait cela plus amusant de la faire venir n’importe quand, au moment où elle ne s’en douterait pas, aux instants les pires, ceux où elle aurait le moins envie de venir justement.

- Et je te prêterai main forte. Que veux-tu savoir d’ailleurs ? Si je peux t’aider, je le ferai.

*Montre-moi que tu as besoin de moi et je te dirai qui a tué qui*


Neill n’était pas stupide (bien sûr que non), il savait qu’il ne réussirait pas à gagner l’affection d’Irina, et si ça avait quelque chose de dommage (il trouvait cela drôle qu’on l’aime), il pouvait s’arranger pour qu’elle revienne à lui quand même. La preuve, puisqu’elle était là.
Son jouet, son cher jouet.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
« Irina, ne te l’ai-je pas dis ? Si tu viens, je t’aiderai. »
Elle ne répondit pas à cela. Elle préféra ne pas lui faire remarquer qu'il peut y avoir une grande différence entre ce que l'on affirme et ce que l'on fait. De la part d'Owen, il était difficile de concevoir qu'il puisse tenir sa promesse.
Au moins, c'était fait : il acceptait de lui venir en aide...
Une femme entra dans la pièce. Vraisemblablement, une domestique. Elle apportait le thé de Neill et une tasse de café pour elle. Bon choix : on dit toujours qu'il permet de rester réveillé. On allait bien voir si la boisson agirait sur ses neurones fatigués... hé là, stop ! Il y avait quelque chose de bizarre dans cette scène ! Elle était persuadée que si elle avait été en pleine possession de ses moyens, elle aurait déterminé ce qui était étrange et pourquoi cela avait un air de déjà-vu. Là, elle ne voyait que la souffrance de la jeune femme, ainsi qu'une élégance innée. Qu'est-ce qui clochait donc ? Elle était trop fatiguée pour commencer à analyser tout ce qu'elle voyait. Sans compter qu'il fallait s'attendre à une avalanche de singularités chez le vicomte.
Elle remercia chaleureusement la domestique et lui sourit gentiment. Le genre de choses qu'Owen n'aurait jamais vu de sa part s'ils étaient seuls.
« Et je t’ai attendu, ajouta-t-il, longtemps. »
S'il voulait la voir plus tôt, il n'avait qu'à venir, elle ne se serait pas moquée de lui. Non, mais franchement...
« Vois-tu je pensais que tu ne viendrais plus, continua-t-il j’ai tourné mes occupations ailleurs, je dirais avoir même développé un certain intérêt pour les bovins. Mais ne dit-on pas qu’il fait tout essayer ? Même le pire. »
Et il se trouvait drôle en plus ? Sans doute. Il venait de gâcher la vie d'un comte très influent, cela devait remplir une après-midi sans problèmes. Sa visite devait être la cerise sur un gâteau avarié. Elle but précautionneusement une gorgée de café. Hum. C'était bon. Bien sûr, elle ne se sentit pas immédiatement ragaillardie et prête à déplacer des montagnes. Il faudrait attendre, pour cela.
«Peu importe. Irina, viens le plus souvent possible, tous les jours même. »
Tous les jours ? Il n'était quand même pas sérieux ? Elle avait bien d'autres choses à faire que de lui rendre visite juste pour lui faire plaisir. Des gens comptaient sur elle ; des victimes attendaient qu'on les venge. Qui le ferait, sinon Unity ?
« Si ça ne tenait qu’à moi, poursuivit-il, tu viendrais et ne repartirais plus. Mais je sais que tu aimes jouer les détectives, alors je te laisserai repartir.  »
Jouer les détectives ? Il méritait vraiment qu'elle lui renverse sa tasse à la figure. Cette fois, elle ne le ferait pas. Tout d'abord, parce que c'était du déjà vu et que cela n'avait par conséquent plus le moindre intérêt, sinon montrer à quel point elle pouvait être prévisible. Mais surtout parce qu'elle avait bien envie de boire son contenant et de sentir le réveil de ses fonctions mentales. Jouer... ce n'était pas parce que lui prenait la vie comme une succession de divertissements que c'était aussi son cas à elle. Unity considérait que la vie était un cadeau empoisonné. Puisqu'on l'avait, autant en faire quelque chose d'utile. Côtoyer le pire de la nature humaine, contempler des horreurs n'avait rien d'amusant. Si elle avait pu se désister, si cela n'avait pas été utile, elle ne l'aurait jamais fait : elle aurait oublié tout ce qu'elle avait appris par le passé et aurait cherché l'aventure et la gloire par d'autres moyens.
La moindre trace d'amitié ou de cordialité qui avait subsisté après le passage de la domestique s'effacèrent complètement. Son boulot, c'était du sérieux. On ne critiquait pas, surtout quand on méritait de finir ses jours en prison.
« Et je te prêterai main forte. Que veux-tu savoir d’ailleurs ? Si je peux t’aider, je le ferai.  »
Ce qu'elle voulait savoir... ?
Tout.
Elle voulait savoir qui étaient les victimes, qui étaient les assassins, pourquoi les avoir choisies elles et pas d'autres, pourquoi avaient-ils accepté de jouer selon les règles de Neill. Elle voulait savoir combien de scènes de crime n'avaient pas été découvertes, s'ils allaient agir le jour même, si maintenant qu'elle était venue il consentait bien à laisser ces pauvres gens tranquilles. Et tant qu'à faire, pourquoi voulait-il tellement la voir, pourquoi était-il si heureux de la recevoir, pourquoi ne pas simplement lui envoyer une invitation, pourquoi n'acceptait-il pas de la laisser tranquille ?
Mais elle ne pouvait pas toutes les poser en même temps. Elle savait bien qu'il ne répondrait pas à certaines concernant leurs relations, parce qu'il considérerait sans doute que cela ne l'intéressait pas. Elle regrettait parfois qu'il ne soit pas plus transparent... après tout, elle ne se faisait pas d'illusions sur ce qu'il était. Quant aux autres, lesquelles étaient vraiment les plus importantes ?
Elle posa délicatement sa tasse sur la table basse, en un geste si soigné qu'il ne fit pas le moindre bruit. Les choses sérieuses commençaient.
« Je n'ai pas besoin du nom du commanditaire, je l'ai déjà. »
Il était assis devant elle. Et il était intouchable. D'une certaine manière, c'était presque bien qu'il n'y ait pas la moindre preuve.
« Par contre, j'aimerais avoir un mobile éventuel que vous auriez inventé, le nom des assassins, et le lien qu'il y a entre toutes ces affaires. Si on vous excepte. »
Voyant qu'il ne semblait pas le prendre trop mal, elle s'enhardit à lui expliquer la situation. Chaque scène dans ses moindres détails, toutes les informations qu'elle avait trouvée, les hypothèses qu'avaient développé les détectives. Son opinion sur ces conjectures. Les suspects déjà arrêtés. L'identification des victimes reconnues.
Tout en faisant cet exposé professionnel, elle savait qu'elle taisait ce qui comptait vraiment. Elle omettait de parler des familles déchirées par la souffrance, parce qu'il n'y avait même pas de raison au drame qui leur arrivait. Elle avait eu beaucoup de mal à rester indifférente face à tant de douleur inutile. Il n'y avait pas la moindre accusation dans leurs regards, juste beaucoup de chagrin, mais elle ne pouvait les soutenir, pas lorsqu'elle pensait qu'elle aurait pu éviter d'en arriver là. Elle laissait sous silence les problèmes véritables rencontrés par ses collègues, qui ne dormaient pas mieux qu'elle, qui étaient aussi débordés qu'elle dans toute cette histoire, et dont les relations familiales avaient tendance à se dégrader. Elle ne parlait pas de ce qu'elle avait ressenti : la peur, l'horreur, la compassion, la tristesse, la culpabilité, etc. Toutes ces émotions qui faisaient d'elle un être humain à part entière, et elle regrettait presque de lui faire un énoncé aussi aseptisé, aussi froid. Mais malgré toute son intelligence, il ne pouvait comprendre quelque chose d'aussi simple. Elle aurait bien aimé qu'il soit autre chose que cet être vil et insensible qui se considérait comme supérieur aux autres et qui manipulait les gens sans se soucier des conséquences pour eux, du moment que cela lui était profitable. Inhumain, c'était le mot.
Dire qu'elle devait composer avec lui...
« Voilà. » : termina-t-elle en vidant sa tasse de café.
Parler l'avait un peu réveillée, et la caféine commençait à faire effet. Du moins, elle n'allait pas s'endormir subitement. Ce serait un cauchemar, d'ailleurs, de se retrouver aussi vulnérable face au diable en personne...
« Je vous ai dit tout ce que je savais... enfin, tout ce qui est susceptible de vous intéresser. »
Ne pas repenser au visage hanté des parents qui découvrent que leur cher enfant a été assassiné...
« Tout cela ne concerne pas que moi. Nous avons tous besoin de votre aide, mais encore une fois, c'est moi qui me dévoue... »
Elle sourit tristement.
« Qu'est-ce que vous pouvez donc m'en dire ? »
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Qu’y a-t-il de plus amusant que le mal ? C’était ce que parfois Neill se demandait. S’il existait des gens pour faire le bien, et le faire bien, le faire pour de vrai, sans hypocrisie, sans mensonge, qu’il lui explique en quoi le faire était drôle ? Qu’est ce que cela apportait ? La satisfaction peut-être ?
Et alors ? Le mal aussi.
Pourquoi vouloir aider les autres, pourquoi vouloir faire des choses qui ne rapportent rien ? Quel intérêt ? Quel ennui…

Neill aimait sa vie, Neill aimait son parcours. Oui, il lui manquait l’essentiel à ce qu’il paraît, il allait sûrement crever seul sous les applaudissements des gens, finir comme s’il n’avait jamais existé, pourrir sur un tas de cadavres sans nom. Mais quel importance, si le reste du temps il avait pu s’amuser ?

Le mieux était d’en rigoler. La vie n’était qu’un jeu après tout, et jouer c’était ce qu’il préférait.

- Je n'ai pas besoin du nom du commanditaire, je l'ai déjà.

Quel était-il hein ? Celui qui était responsable de tous ces meurtres dans Londres ? Le coupable, le maître ? Oh il aurait voulu qu’elle prononce son nom, juste pour pouvoir rire de l’entendre. Là il se contenta d’hocher la tête, comme si elle lui annonçait une grande nouvelle, comme s’il était surpris, comme s’il ignorait de qui elle parlait…

- Par contre, j'aimerais avoir un mobile éventuel que vous auriez inventé, le nom des assassins, et le lien qu'il y a entre toutes ces affaires. Si on vous excepte.

Un mobile qu’il aurait inventé ? Pourquoi aurait-il inventé un quelconque mobile ? Elle était complètement à côté de la plaque, l’amusement dans ces meurtres justement c’est qu’il n’y avait pas de mobiles. Ou alors un tout petit riquiqui, juste pour dire quoi.
Vous ne connaissez pas ? Le meurtre parfait ?
• Agir seul
• Choisir une victime au hasard, sans lien aucun avec vous.
• Prendre une arme qui disparaît (vous savez les stalactites par exemple – sauf si vous préférez les stalagmites)
• Ne jamais revenir sur les lieux du crime
• Et surtout ne jamais en parler, s’en vanter, juste agir comme les autres…
C’était les bases non ?
Bon okay, ce qui se passait à Londres n’avait rien avoir avec ça, Neill avait juste envie de montrer ses connaissances, pour s’amuser.

Il la laissa exposer tous les faits, c’était marrant de voir la chose à travers ses yeux à elle. Irina avait des noms, de suspects, de victimes, quelques informations, et pourtant elle semblait se noyer dedans. Y avait-il seulement un lien entre tous ça ?
Neill voyait bien qu’elle était perdue, qu’elle n’avait pas réfléchis de la bonne manière, qu’elle n’avait pas vu la chose sous un autre angle.
Parfois quand on ne trouve pas de solution, le mieux c’était de changer de point de vue. C’était sûrement pour ça qu’elle était là, non ? Pour avoir celui de Neill.

Elle termina son discours en même temps que sa tasse de café, tandis que le vicomte n’avait pas touché à sa boisson, écoutant tout ce qu’elle avait à raconter. Maintenant la balle était dans son camp, Irina lui avait raconté tout ce qu’elle savait (ce qui était susceptible de l’intéresser, précisa-t’elle), à lui de donner des informations (s'il en avait envie).

- Tout cela ne concerne pas que moi. Nous avons tous besoin de votre aide, mais encore une fois, c'est moi qui me dévoue… Qu'est-ce que vous pouvez donc m'en dire ?

Neill fit la grimace, l’air dégouté.

- Irina, je me fiche des autres. Qu’ils aient besoin de mon aide ? Quelle ironie non ? Je préfèrerais les laisser dans leurs ennuies, mais soit je t’avais dit que je t’aiderais.

Le vicomte choisit ce moment là pour boire, parce qu’il retardait le moment de parler et pouvait réfléchir à ce qu’il allait dire, ou ne pas dire.
Se souvenant du commanditaire, et de celui qui exécute.

***

Une question lui brûlait les lèvres, la langue, et même la gorge, mais serait-il assez suicidaire pour la poser ? Allez tant pis. De toute façon le vicomte se servait de lui pour ses plans, si jamais il le tuait, ça ne serait pas maintenant.

- Monsieur le vicomte, pardonnez ma curiosité, mais pourquoi faire tout ça ? Que vous as donc fait ce détective pour que vous vouliez que Londres se transformes en champ de cadavres ?
- N’exagérez pas, un champ de cadavres ne pourrait pas me satisfaire, ni me payer. Je voudrais seulement quelques meurtres. Rien que ça.
- D’accord, mais pourquoi ?
- Parce que c’est un jeu.

Londres était son terrain de jeu, les gens ses jouets, pour Neill tout n’était qu’un amusement de plus ou de moins, comme des lego grandeur nature.

- Et pourquoi ce détective en particulier ?
- Parce que c’est mon jouet, bien sûr. Vous savez, il faut toujours montrer à son jouet qui est le maître, je suis le maître. Il est mon jouet. Et vous, faites ce que je vous dis, et cessez ces questions.


L’homme n’insista pas, prit son manteau, son chapeau, et s’enfuit de ce manoir, jurant de ne plus jamais y retourner. Il allait obéir, le vicomte voulait des morts, des vrais, alors il aurait, mais l’homme se jura de disparaître aussitôt, parce qu’il en était certains : Neill Owen était de ceux qui trahissent.

***

- Irina, tu n’arriveras pas à trouver les coupables ainsi. Tu notes, tu cherches, tu prends le nom de victimes et tu enfermes les suspects. Tu dis connaître le nom du commanditaire, alors pourquoi ne réfléchis-tu pas comme lui ?


Réfléchir comme le démon qui a voulu tout ça, se mettre à sa place, et se demander ce qu’il aime le plus dans la vie. Voilà ce qu’elle avait oublié, ou peut-être n’avait-elle juste pas envie de réfléchir comme ce sale type qui pour qu’elle vienne jusqu’à lui avait tout mis en œuvre. Qui avait si peu de respect pour les autres qu’il était près à les sacrifier tant que lui obtenait ce qu’il désirait, et qui ne s’arrêterait pas, pas tant que son jouet ne serait pas à lui seul.

Et il boit sa tasse de thé alors que le sang coule dans les rues par sa faute. Il n’a sortit aucune arme pourtant, il a fait le sage, il n’a tué personne de ses propres mains et pourtant il est celui qui est coupable de tout. Si intouchable et si condamnable.
Rien ne pourrait lui être pardonné, mais il n’est jamais puni. Et ça l’amuse en plus.

- D’accord, tu veux savoir, je le sais, tu veux arrêter tout ça, mais le pourras-tu ? Même si je t’aide, même si je te dis ce que tu veux savoir ? Seras-tu capable de mettre un terme à ces meurtres ? Je me le demande.

Il ne doutait pas de son talent, après tout le prénom Seth n’était pas n’importe quoi, il était connu, puisque dès leur première rencontre, Neill avait eut envie de l’éviter, voyant en lui un sale fouineur, pi un doué en plus. Seulement, cette fois-ci Seth devait se battre à un autre niveau, celui de Neill. Il n’était pas question de lustres qui tombent, ou de « sers donc le thé bonniche », on était au dessus de ça.
On était contre un gosse de dix ans capable d’avoir envie de tuer ses parents, un gosse de quatorze ans qui dealait déjà mieux que les adultes, un ado de dix-sept ans qui mettait en place un trafique de pierre, un type de dix-neuf ans qui se fichait de la vie et de la mort, qui jouait avec les humains comme avec des poupées, un garçon sans pitié ni regret.
Le mal coulait dans ses veines, la folie noyait son cerveau, le sang tâchait ses mains, et injustice : le génie l’aidait à rester imprenable et à inventer des plans toujours plus mauvais, toujours plus machiavélique.

Il se leva soudainement et s’approcha d’Irina. Sans la toucher, il appuya ses deux mains sur les accoudoirs et se pencha vers elle, s’approchant mais pas trop, juste assez pour voir tout son visage, et seulement cela. Les yeux dans ses yeux, le sourire qui faisaient voir ses dents, la face emprunt de moquerie.

- Devine Irina, sais-tu ce que le commanditaire préfère dans la vie ? Bien sûr que tu le sais. Où devrais-je aussi t’apprendre cela ? Devrais-je tout te dévoiler ? En as-tu seulement envie ?

Voulait-elle savoir qui il était, ce dont il était capable, tout ce qu’il avait fait ? Oh pour le dernier point, sûrement, juste pour pouvoir rêver de lui faire payer (même si elle ne pourrait pas), mais franchement, avait-elle envie de le connaître ?
Neill en doutait.

- Tu viens jusqu’à moi parce que tu veux que cela cesse, tu détestes voir ça non ? Je me demande ce qu’on ressent quand on doit voir des parents pleurer, ou des amis crier vengeance. Moi je n’ai aucun des deux.

Mais pour ce que ça lui faisait ? Ses parents il les avait tué, des amis ça ne servaient à rien (ou juste pour un temps quand on les payait bien).

- Je veux bien t’aider, mais je n’ai jamais promis que ce serait facile d’obtenir de moi des réponses, et de toute façon je ne suis pas un homme à promesse. Alors devine Irina, sais-tu ce que je préfère dans la vie ?

Parce que si elle réfléchissait, si elle savait, devinait, elle comprendrait sûrement ce que Neill Owen avait voulu faire de Londres.

Un jouet grandeur nature…
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Unity s'était attendue à ce qu'il éclate de rire, à ce qu'il la fasse passer pour une idiote - elle n'avait pas du tout prévu qu'il puisse grimacer en lui lançant :
« Irina, je me fiche des autres. Qu’ils aient besoin de mon aide ? Quelle ironie non ? Je préfèrerais les laisser dans leurs ennuies, mais soit je t’avais dit que je t’aiderais. »
Elle voyait rouge. Elle n'avait plus qu'une envie : se jeter sur lui toutes griffes dehors, lui planter son joli poignard en pleine face, le défigurer à mort, le tuer. Même l'étrangler de ses mains nues auraient pu la satisfaire. Sa rage effaçait toute sa fatigue, lui donnant des forces insoupçonnées. Comme ces grands-mères capables de soulever des voitures dans des circonstances particulières, Unity aurait pu trouver la force de refermer ses mains sur son cou jusqu'à son dernier souffle. Elle avait presque perdu le contrôle d'elle-même...
Mais pas complètement. Elle avait pris l'habitude de compter avec sa fureur presque handicapante. Elle s'en servit plutôt pour n'en paraître que plus froide, plus calme, alors qu'intérieurement elle bouillonnait. Cette fois, c'était trop fort. Jamais on ne l'avait autant énervée... parce que jamais personne ne s'était autant fait haïr qu'elle. Jamais personne n'avait osé se jouer d'elle dans le seul but de s'amuser. C'était la première fois qu'elle était face à quelqu'un qui était prêt à sacrifier des vies pour qu'elle vienne lui réclamer son aide. Comme si elle en avait encore envie...
Et lui qui prit tranquillement une gorgée de thé, contrôlant parfaitement son discours, se moquant d'elle, contrôlant chaque élément de cette rencontre... ô insupportable vision ! Il ne méritait même pas la mort. Il méritait pire.
« Irina, tu n’arriveras pas à trouver les coupables ainsi. » : fit-il calmement remarquer.
Ah ah ah, c'est qu'il était drôle en plus. Elle était suffisamment intelligente pour se rendre compte que ses efforts avaient été vains, pas la peine d'en rajouter.
« Tu notes, tu cherches, tu prends le nom de victimes et tu enfermes les suspects. Tu dis connaître le nom du commanditaire, alors pourquoi ne réfléchis-tu pas comme lui ? »
Elle le regarda comme s'il était fou, ce qui était d'ailleurs précisément le cas. Pourquoi ? Il croyait peut-être que c'était aussi simple ?
Le problème, c'était bien cela : elle ne s'autorisait pas à réfléchir comme lui, parce qu'elle savait qu'elle serait convaincue par les conclusions qu'elle pourrait en tirer. Unity n'était pas innocente : elle avait ses envies de meurtre, ses envies de vol, ses envies de torture... comme tout être humain peut en avoir. Ce sont des instincts primaires, animaux ; et la civilisation seule suffisait à réfréner ceux de la plupart des gens. Dans le cas d'Owen, évidemment, ça ne faisait qu'aggraver les choses. Unity, elle, y avait déjà succombé une fois. Il est plus facile de tuer quelqu'un lorsqu'on l'a déjà fait auparavant : par conséquent, il lui serait bien plus facile de sombrer à nouveau dans la délinquance... ou plutôt, cette fois, ce serait carrément la criminalité. Cela, Neill ne le savait pas encore, mais le jour où il découvrirait de quoi elle avait été capable - de quoi elle était toujours capable, quoiqu'on en dise - il jubilerait complètement. Ce doit être très amusant de tomber sur un détective qui a un casier judiciaire assez rempli, même si c'est sous une autre identité. Comment pourrait-elle vivre s'il savait qu'elle avait été capable de commettre les horreurs qu'à présent elle pourchassait avec ferveur ?
Elle devait rester dans les procédures habituelles. C'était le seul moyen de ne pas craindre une rechute. Presque une question de vie ou de mort. Si elle devenait une nouvelle Lara, cette fois, elle ne s'en sortirait pas. Elle avait une vraie conscience, à présent. On ne peut pas être toujours poursuivie par le remords sans friser la folie. Elle se tuerait d'abord. La mort ne lui faisait pas peur, et elle ne s'offusquait pas à l'idée de savoir à l'avance qu'elle se suiciderait un jour. Mais finir dans un état aussi lamentable s'apparentait bien trop à un acte de lâcheté.
« D’accord, enchaîna Neill, tu veux savoir, je le sais, tu veux arrêter tout ça, mais le pourras-tu ? Même si je t’aide, même si je te dis ce que tu veux savoir ? Seras-tu capable de mettre un terme à ces meurtres ? Je me le demande. »
Si elle en était capable ? Bonne question. Sous-entendait-il qu'il ne s'arrêterait pas là ? En théorie, s'il lui révélait tout ce qu'elle attendait de lui, elle pourrait mettre un terme à cette folie. Mais qu'est-ce qui l'assurait justement qu'il ne recommencerait pas par la suite ? En effet, s'il voyait qu'il pouvait la mettre à genoux avec quelque chose d'aussi simple, il pouvait très bien recommencer. Elle comprenait petit à petit. S'il continuait malgré l'aide qu'il lui apportait, elle ne pourrait toujours pas suivre. Et le même scénario pourrait se reproduire, encore et encore.
Non ! C'était hors de question.
Il y eut comme un déclic. Elle savait désormais qu'elle pouvait vraiment mettre un terme à tout cela. Il y avait un moyen, un moyen tellement dur qu'elle avait des difficultés à l'engager. Cela reviendrait à sacrifier tout : son travail, sa réputation, ses secrets. Tout y passerait, mais avec un peu de chance, lui-même ne s'en sortirait pas. Restait à voir si elle le tuait ou si elle préférait jouer dans la légalité. Sans doute le second cas. Le premier ne ferait office que de plan B. Peu lui importait de devenir une criminelle, pas pour cela. Elle l'avait déjà été, c'était facile. Le seul problème de cette solution, c'était bien que son nom soit sali. Comment faire pour empêcher cela ?
Il s'était approché d'elle. Comme ça, sans prévenir. Il s'appuyait négligemment contre les accoudoirs, la forçant à le contempler dans les yeux. Neill était vraiment fou ! personne d'autre n'avait un regard empreint d'une telle folie que cela en était douloureux. Et ce sourire si moqueur, comment pouvait-elle le supporter ? Unity aurait voulu ne pas pouvoir le regarder en face. Elle savait bien qu'il n'avait pas dû manquer de noter qu'elle était en colère. Comme si cela importait, désormais. Amuse-toi bien, petit Neill...
« Devine Irina, sais-tu ce que le commanditaire préfère dans la vie ? »
Elle faillit lui rétorquer "bien des choses ?" mais s'en abstint. Ce n'était pas le moment de le railler, pas alors qu'elle n'était pas sûre de vouloir vraiment mettre ce plan absurde en place. Pour l'instant, voir s'il peut vraiment l'aider... Très facile, n'est-ce-pas ?
« Bien sûr que tu le sais, affirma Neill. Où devrais-je aussi t’apprendre cela ? Devrais-je tout te dévoiler ? En as-tu seulement envie ? »
Pas la moindre, je le crains. Unity en savait bien trop sur lui à son goût, et elle n'avait encore rien vu. Au moins, elle savait qu'il n'avait rien d'un gentleman. Il était juste une affreuse incarnation du Mal qui s'était dressé sur son chemin, pour son plus grand malheur. Malheureusement, elle craignait de savoir ce qu'il sous-entendait...
Quelle idiote quand même, de vouloir faire son boulot correctement...
« Tu viens jusqu’à moi parce que tu veux que cela cesse, tu détestes voir ça non ? »
Les lèvres d'Unity se serrèrent, jusqu'à devenir presque blanches. Il lui balançait en pleine figure des évidences. Il lisait bien trop en elle. Le vicomte était bien le seul à se satisfaire de cette situation. Il devait même en être fier. Hé ! a-t-on seulement le droit d'être content de soi lorsqu'on commet un début de génocide ? En tout cas, si elle devait en passer par là... bien sûr qu'elle voulait que cela cesse. Elle garda la silence. Inutile d'approuver ce qu'il sait déjà.
« Je me demande ce qu’on ressent quand on doit voir des parents pleurer, ou des amis crier vengeance. Moi je n’ai aucun des deux.  »
Là, c'était le mot de trop.
Unity n'ignorait pas qu'il était parfaitement sincère en disant ça. Elle savait très bien ce qui était arrivé à ses parents. "Morts dans un accident de calèche. Hypothèse la plus probable : assassinat - on soupçonne en effet que quelqu'un a drogué les chevaux. Hypothèse non exploitée pour cause d'absence de preuves. Aucun suspect appréhendé." Elle avait bien vite compris que ce coup de génie, où le meurtrier n'avait pas laissé la moindre trace susceptible de le dénoncer, était sorti du cerveau machiavélique de Neill Owen, leur fils. Il devait avoir quel âge à l'époque, dix-onze ans ? A l'époque, elle-même était encore plongée dans sa propre délinquance. Mais jamais elle n'avait atteint un tel niveau de folie.
Alors qu'il ignore tout de ce sentiment, cela la mettait en rogne. Non, c'était pire. Elle était hors d'elle. C'était bien pire que tout à l'heure : sa volonté ne tenait plus qu'à un fil. Ce simple constat l'avait profondément blessée. Dire qu'un jour, elle avait admiré l'intelligence de cet homme ! A présent, il ne lui inspirait qu'un violent dégoût. Il n'était pas humain. Et il s'attaquait à l'une des choses qui l'empêchait de toucher le fond : le contact avec des inconnus dont on partage malgré tout la peine, les sentiments, le bonheur d'appartenir à une communauté et d'y contribuer pour que ces scènes-là ne se rejouent plus jamais. Ça, on ne pouvait pas le lui dire en face, comme ça : tiens, tu vois, je foule aux pieds tes valeurs, je me moque de ce qui fait de toi un individu à part entière, tu en veux encore ? Sa colère retomba, ne l'habitaient plus qu'une haine froide et de la douleur, une souffrance intense qui lui donnait envie de se battre contre lui. Second déclic.
Il l'avait finalement convaincue. Elle était prête à perdre tout ce qu'elle aimait, tout ce qu'elle était même, juste pour le voir tomber.
« Je veux bien t’aider, mais je n’ai jamais promis que ce serait facile d’obtenir de moi des réponses, et de toute façon je ne suis pas un homme à promesse. Alors devine Irina, sais-tu ce que je préfère dans la vie ? »
Va te faire voir, Neill. (Restons polis, je vous prie.)
Unity s'en fichait totalement, de ce qu'il préférait dans la vie. Non, pas qu'elle s'en fichait - elle savait, elle n'avait pas besoin de le dire à voix haute. Puisqu'il prenait la vie comme un divertissement, et qu'il considérait la ville comme un terrain de jeu, elle n'allait pas le contredire. Personne n'avait jamais voulu s'amuser d'elle. Hé bien, soit. Qu'il soit le premier, et qu'il voit jusqu'où il pouvait aller.
Un petit sourire vint illuminer son visage. Mais ce sourire-là n'avait rien de joyeux ou de satisfait. Il était impossible de lire sur son faciès sa détermination ou son envie d'en découdre. Même Neill, en la voyant, n'aurait pu voir autre chose que sa tristesse. Elle avait l'air abattu, presque... vaincue. Ce qui n'était pas difficile à obtenir, parce que c'était sincère.
Elle semblait triste à en mourir. Parce qu'elle l'était, mais pas pour cette raison-là.
« Owen, vous qui êtes un si grand joueur, j'aurais attendu un peu plus de finesse de votre part. » : murmura-t-elle doucement.
Sortez les violons ! Ce qui aurait dû être une raillerie sonnait plutôt comme de l'apitoiement. Et c'était tellement sincère, si on le prenait dans le sens premier ! Une chose était sûre : avec elle, il ne prenait pas des gants. Et c'était une erreur. Elle avait beau être forte et savoir qu'il n'avait rien d'un saint, elle n'était pas non plus invincible. S'il avait été plus délicat, il aurait pu vraiment anéantir toute sa volonté. Au lieu de ça, il l'avait bien poussée dans ses retranchements, mais certainement pas pour s'abandonner. Oh, non. Mais cela, il ne devait jamais le savoir.
« Vous auriez dû savoir qu'il faut faire attention à ses affaires. Si vous ne prenez pas soin de votre jouet, il casse. »
Elle grimaça. Pas à l'idée de s'appeler elle-même "votre jouet", non. C'était déjà pénible, mais certainement pas insurmontable. Non, c'était la suite, un aveu terrible, et à moitié vrai, qui la révoltait. Devait-elle vraiment le dire ? Elle hésitait.
Elle se recroquevilla, n'ayant qu'une envie. Disparaître.
« Mes félicitations, je suis cassée. »
Elle détourna le regard et enfonça doucement la tête dans ses bras. Tout à coup, elle avait de nouveau sommeil. Envie de se blottir, d'oublier l'insupportable présence du plus détestable des vicomtes, de se laisser complètement aller et de le maudire en silence. Enfin, en apparence. Dormir lui plairait bien, mais elle n'ignorait pas que si elle continuait de lui tenir tête, il ne mordrait jamais à l'hameçon. D'ailleurs, il ne la croirait sans doute pas. Tant pis pour lui, cela lui aurait facilité les choses.
Désespérée ? Elle l'était vraiment. Elle venait de comprendre qu'elle n'avait plus d'autre choix que de mettre en œuvre son plan. Toute cette manœuvre n'était nullement destinée à le forcer à passer aux aveux : désormais, cela n'avait plus d'importance. C'était du suicide, ce qu'elle allait faire... et alors ? Elle avait une fâcheuse tendance à l'autodestruction. Elle n'était pas cassée, loin de là. Elle avait encore la volonté de se battre contre lui, mais cela, il n'avait pas besoin de le savoir. Elle voulait encore sauver le monde, aider son entourage. Elle souhaitait même aimer Ringalls de tout son cœur. Et c'était ce qu'elle allait faire, d'une certaine manière. Tout le monde y trouverait son compte, sauf deux personnes. Owen, bien sûr. Et elle-même.
Il ne l'avait pas cassée, en fait. C'était elle-même qui avait cessé sa résistance pour pouvoir le contrer efficacement. Et cela, c'était normalement impossible à faire. On ne peut pas se montrer totalement "vulnérable" et protéger le secret ultime. Pourtant, elle s'y essayait. Et elle réussirait sans doute.
Il y avait un avantage, dans tout cela. Il avait envie qu'elle résiste. Si elle ne le faisait pas, elle le privait de tout amusement. Et cela, c'était tellement bien qu'elle se sentait parfaitement capable de jouer son rôle jusqu'au bout.


(Quel génie, cette Unity. Folle, mais prête à tout pour qu'il ne s'amuse plus. D'une certaine manière, je l'admire. =O)
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill avait bien des choses qu’il détestait, comme la faiblesse, l’amour (quel horreur), l’amitié (plus une hypocrisie qu’autre chose), et perdre.
Ce sentiment de ne pas être le vainqueur, de ne plus contrôler la situation, de voir les choses lui échapper, provoquait chez lui un dégoût extrême, et nourrissait sa haine, sa folie, sa colère. Puis découlant de l’échec il y avait la déception, cette sensation écœurante qui lui retournait le cœur, les intestins, la tête même.

Mais alors qu’il s’amusait, alors que tout tournait comme il le voulait, alors qu’il avait envie de jouer avec Irina, qu’elle marche dans son jeu, quitte à lui révéler tous ses plans, voilà qu’elle mit fin au jeu, qu’elle changea complètement de réaction. Finis la colère, finis l’envie d’en découdre, plus rien.

- Owen, vous qui êtes un si grand joueur, j'aurais attendu un peu plus de finesse de votre part.

C’était quoi ça ? Elle lui faisait quoi là ? Okay la remarque aurait pu être une moquerie, mais elle sonnait plutôt comme un pauvre apitoiement. Voilà qu’elle lui faisait penser à ceux qui lui criaient pitié, toutes ces victimes inintéressantes dont il finissait par se débarrasser par ennuie.
Pourquoi elle ? Irina ? Il ne voulait pas qu’elle agisse comme ça, bien au contraire, il préférait qu’elle lui jette du thé à la figure.

Ce qui allait suivre, allait l’achever.

- Vous auriez dû savoir qu'il faut faire attention à ses affaires. Si vous ne prenez pas soin de votre jouet, il casse.

Oui et alors ? Il le savait ça, que les jouets se cassaient, et bien quoi ? Où voulait-elle en venir ?

- Mes félicitations, je suis cassée.

Neill se redressa d’un coup et se recula. Son sourire était complètement effacé, son air était devenu grave et sérieux. Et Irina lui parût soudainement très pathétique, à enfoncer sa tête dans ses bras comme ça, comme une petite fille malheureuse. Le vicomte en eut la nausée, un air de dégoût complet, il avait envie de s’approcher et de la gifler pour qu’elle se réveille, se mette en colère, le poignarde même si elle voulait. Il voulait faire tomber sa chaise, lui tirer les cheveux (mais ce n’était qu’une perruque), lui faire mal pour qu’elle arrête de faire celle qui souffrait. Pas logique c’était vrai, mais alors quoi ? Il n’allait quand même pas lui faire du bien pour la réparer ?
Il lui avait déjà donné son jouet préféré, son couteau adoré. Alors pourquoi est ce que d’un coup elle réagissait comme ça ? Pourquoi s’apitoyait-elle ? Pourquoi ressemblait-elle autant à une femme brisée ?

Neill voulu taper du pied, taper du poing, comme un gosse capricieux, et pourtant il ne bougeait pas et se contentait de ce regard dégoûté et méprisant, une envie de vomir tourmentant son estomac. S’il avait fait tout ça, c’était pour elle, pour lui, pour s’amuser, pas pour qu’elle se transforme en … ça.
Cette chose pour qui il n’avait que du mépris, de l’écœurement. Et de la colère, beaucoup de colère. Parce qu’il ne l’avait pas prévu, parce qu’il était entrain de perdre, et que ça il le refusait. Alors qu’il paraissait ne plus vouloir bouger, soudain il éclata, et brisa tout ce qui se trouvait sur la table en l’envoyant valser à l’autre bout de la pièce. Sûrement attirée par le bruit, Elinor entra dans la pièce, mais il lui cria de s’en aller et elle obéit.
Il voulu pendant un moment essayer de se calmer, respirant, mais dès qu’il reposait son regard sur Irina qui paraissait si vulnérable sa colère remontait aussitôt.
Il finit par attraper un de ses bras et la jeter par terre de force, il ne supportait plus sa position, puis il s’approcha d’elle, la regardant de toute sa hauteur :

- Tu es cassée c’est ça ? Alors ça ne fait rien si je te brise un peu plus ?

Il avait envie… Envie… De… La piétiner, lui donner des coups de pieds, l’écrabouiller de tout son poids, la défigurer… De…
Il souleva la chaise avec la ferme envie de la briser sur elle, mais dévia son geste au dernier moment et l’éclata sur le sol, faisant valser quelques morceaux de bois.
Il ne pouvait pas… La blesser, lui faire du mal, il n’y arrivait pas. Bien sûr il ne supportait pas son air, il haïssait le fait qu’elle n’agisse pas comme il le désirait, mais c’était Irina, c’était son jouet numéro 2, il ne pouvait pas la détruire comme ça, pas tout de suite, pas maintenant, elle avait sûrement de quoi l’amuser encore, et si jamais ce n’était pas le cas alors…
Il la briserait vraiment.

Neill après cet excès de folie, sembla retrouver son calme, mais pourtant son air restait toujours emprunt d’écœurement et de déception. Il attrapa assez peu délicatement la main d’Irina et la força à se remettre debout, puis contre toute attente il la prit dans ses bras, la serrant contre lui, non comme une poupée, mais comme la femme qu’elle était.

- Irina, dis moi ce qui te prends, pourquoi agis-tu comme ça si soudainement ? Où est passée ta fierté ? Je sais que tu n’es pas comme ça, je sais que tu es différente…

Il la suppliait presque de retrouver son caractère, de redevenir celle qu’il connaissait, celle qui l’amusait, celle qu’il… qu’il quoi au juste ?

Elle lui plaisait.

Non pas comme une de ces poupées qu’il manipulait si facilement, mais disons comme un jouet un peu particulier, plus difficile à contrôler, mais tellement plus passionnant. Il ne supportait pas qu’elle le déçoive, qu’elle agisse comme ces filles qu’il avait trahis et qui était venue pleurer dans ses jambes.
Mais qu’est ce qu’elle attendait de lui ? Il ne pouvait pas devenir gentil, il ne pouvait pas se transformer en véritable gentilhomme, ni mettre un terme à tout ce qu’il avait bâtit.
A la rigueur arrêter le jeu qu’il avait mis en place à Londres… Seulement, s’il faisait ça, elle gagnerait, elle obtiendrait ce qu’elle voudrait, elle aurait du pouvoir sur lui et ça il le refusait.
C’était lui le maître pas le contraire.

Il se recula doucement, et posa ses mains sur ses épaules, regardant le sol, voulant éviter son regard de peur de voir encore cette sorte de tristesse, de faiblesse.

- Tout ça n’est qu’un jeu Irina. Un jeu meurtrier, mais les victimes étaient consentantes, sais-tu ce que sont prêt à faire les gens en échanges de promesses ?

***

C’était très simple, un jeu tout bête, en pleins milieu de Londres. Le but ? Tuer. Ce qu’on y gagne ? Ce qu’on désire le plus au monde, c’est promis. Comment on joue ? Il suffit d’aller s’inscrire auprès d’un homme du nom de Logan (un pseudonyme sûrement).
Les règles : les candidats doivent s’entretuer, le dernier qui reste gagne.
Si jamais quelqu’un vend la mèche à la police ou aux détectives, alors ils seront tous tué.
Facile non ?
Les pires malfrats étaient venus s’inscrire, mais aussi des petits voleurs, et des pauvres rêveurs qui ne désiraient qu’une chose : qu’on réalise leur souhait.
Logan, l’homme que Neill Owen avait engagé devait s’occuper de tout cela, le vicomte lui s’arrangeait seulement pour que ça ne s’ébruite que vers les gens qui l’intéressaient.
Comme parfois les gens finissent par avoir des scrupules, par changer d’avis, par se dire que finalement ils ne tueront pas… Pour débuter le jeu Logan devait juste allumer la mèche et pour cela tuer deux ou trois candidats au hasard…
Ainsi les gens étaient lancés. Un massacre à grande échelle, passé sous silence.

Bien sûr certains étaient surveillés de près, ceux qui pourraient avoir des remords et aller se vendre à la police, et si jamais ils s’apprêtaient à vraiment le faire, ils étaient tués mystérieusement, un bon exemple pour les autres. Alors on se taisait, les suspects attrapés, comme ceux qui étaient encore dans la rue. Et Neill tirait les ficelles dans l’ombre. Au pire si ça tournait mal, personne n’avait son nom ni son identité, tout était passé au travers de Logan.

Un jeu horrible que le vicomte avait inventé, juste pour attirer Irina. Se fichant des victimes, se fichant du sang qui coulait, se fichant de tout sauf d’elle…

***

Il avait parfaitement conscience d’être le pire des salops, de n’être qu’un démon sans cœur, sans pitié. Et que s’il racontait ça à Irina, elle allait être un peu plus dégoûtée de lui. Mais quelle importance ? Peut-être qu’alors elle le regarderait avec haine et essaierait de le tuer, alors le jeu reprendrait.

Il finit par doucement la pousser jusqu’à un fauteuil et de nouveau s’installa en face d’elle :

- Irina tu vas détester ce que je vais te raconter, tu vas me haïr encore plus si c’est possible…

Il retrouva doucement son sourire, comme si cette idée plutôt que de le répugner lui faisait envie :

- Et tant pis pour moi, je le mérite. Je ne suis pas un ange, je suis si mauvais que l’intérieur de mon corps est pourri, que la haine n’est que ce que je récolte à la fin, que je ne pense qu’à faire le mal et que je m’y complais.

Il n’eut pas vraiment l’air triste par son discours, et pourtant en y réfléchissant ce n’était en rien joyeux, on n’allait pas le plaindre non plus, mais à bien y réfléchir même s’il possédait tout, il n’avait vraiment rien. Il était obligé de plonger plus profondément dans le mal pour obtenir un brin d’amusement, et n’obtenait jamais d’amour.
Bon okay, l’amour le répugnait de toute façon…

- Ecoute bien…

Et il lui exposa les faits, ce qu’il avait prévu, et le nom de l’homme qu’il avait engagé. Il ne semblait éprouver aucun remords pour ce qu’il avait fait et pourtant son ton n’était pas aussi joyeux qu’il aurait dût l’être. Comme si quelque chose le dérangeait dans tout cela, une ombre sur ce magnifique tableau…

Elle était évidente, mais il n’arrivait pas à trouver ce que c’était, pourquoi est ce que cela ne lui donnait pas tout le plaisir qu’il aurait du ressentir à ce moment là, en montrant à Irina à quel point il était mauvais.

Mais bien sûr…
Il avait fait tout ça pour elle, pour elle, elle, elle, encore elle.

Devenait-il fou ? Non, il l’était déjà. Mais un jouet méritait-il autant d’attention ? Sûrement pas. Hors de question.
Il avait mis en place une grande œuvre dans Londres, un jeu dont il pouvait être vraiment fier, un massacre de génie, uniquement pour Irina.
Et le pire, c’est qu’il était prêt à tout arrêter juste pour son jouet…

Et pourquoi arrêterait-il un jeu si amusant hein ? Jamais. Qu’elle se débrouille !
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Silence dans la pièce.
Et puis tout à coup, un déferlement. Des bruits de meubles cassés, d'objets fragiles se brisant contre le mur retentirent dans toute la pièce. Soudain un peu effrayée par cette réaction violente, Unity était bien contente de s'être blottie ainsi. Tout ce fracas, cela lui donnait mal à la tête. Au fond d'elle, elle était quand même ravie de l'avoir mis hors de lui. Surtout que ce ne serait pas elle qui payerait la facture pour réparer tout cela. La porte s'ouvrit, mais Neill chassa la personne - apparemment sa sœur Elinor. Le massacre continua, puis des doigts s'enfoncèrent dans ses doigts et sans qu'elle s'en rende compte, elle se retrouva par terre. Sa tête cogna si violemment le sol qu'elle ne fit même plus attention à l'apparence qu'elle devait donner. Elle essayait de rassembler ses esprits, mais des étoiles dansaient devant ses yeux. Ouh la, il n'y était pas allé de main morte ! Encore un peu, et elle allait vomir. Ne pouvait-il pas faire moins de bruit ? Allait-y arrêter cet infernal boucan qui résonnait dans son crâne endolori ?
« Tu es cassée c’est ça ? hurla-t-il. Alors ça ne fait rien si je te brise un peu plus ? »
Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas répondu. Ce cri était une pure torture. Qu'il arrête ! Qu'il la tue si cela lui plaisait, tant pis pour son plan ! De toute façon, elle avait prévu de se tuer. Maintenant ou plus tard, peu importe. Ringalls trouverait forcément quelque chose pour le coincer.
Mais qu'est-ce qu'il tenait dans la main ? Une chaise ? Elle se demanda s'il allait la jeter sur elle, c'était bien ce qu'il semblait faire. Qu'il ne se gêne pas. Les étoiles disparaissaient peu à peu, la douleur se voulait un peu moins lancinante, mais elle se fichait bien de lui. Si ça pouvait l'amuser, qu'il essaie donc. S'il la tuait lui-même, ça pourrait presque arranger ses plans. Se faire assassiner par un vicomte fou de rage, n'est-ce pas un bon moyen de le faire croupir en prison ? Mais la chaise vola en éclats juste à côté d'elle. Pourtant, elle était sûre qu'il s'était retenu.
De nouveau cette main peu délicate qui la tira vers le haut. Ah, bravo. Comme si cela ne suffisait pas qu'elle soit sonnée, il fallait aussi qu'il lui arrache à moitié le bras. Elle conserva son masque de fragilité et cacha sa colère au fond d'elle-même. Elle ne chercha pas son regard, fermant les yeux pour ne pas voir son visage ravagé par la folie.
Et puis des bras se refermèrent sur elle, comme ça, sans prévenir. Elle ne comprit pas ce qui se passait, mais tout à coup, elle se retrouva plaquée contre Neill. C'était... effrayant.
« Irina, chuchota-t-il, dis moi ce qui te prends, pourquoi agis-tu comme ça si soudainement ? Où est passée ta fierté ? Je sais que tu n’es pas comme ça, je sais que tu es différente… »
Différente, oui, elle l'était. Parce qu'elle était plus maline que les autres. Parce qu'elle n'avait pas peur. Mais il méritait d'être averti, de voir ce qu'il pouvait faire... de voir ce qu'il avait juste fait. Comme si des mots gentils pouvaient vraiment suffire après un tel ravage. Alors, elle resta immobile, garda un regard vide et une expression triste. Oh non, ce ne serait pas comme ça qu'il pourrait recoller les morceaux. Il fallait qu'il sache que même le plus fier des adversaires peut s'écrouler.
Ses mains sur ses épaules. Elle entrouvrit légèrement les paupières et constata qu'il fixait le sol. Quel imbécile. N'avait-il donc même pas la décence de contempler "son" œuvre ?
« Tout ça n’est qu’un jeu Irina, ajouta-t-il. Un jeu meurtrier, mais les victimes étaient consentantes, sais-tu ce que sont prêt à faire les gens en échanges de promesses ? »
Un jeu ? Sans blague ? Elle s'était déjà douté que cela devait beaucoup amuser Neill. Mais les victimes consentantes, était-ce seulement possible ? Pourtant, elle le croyait. Elle fit comme si elle n'écoutait pas, comme si cela n'avait pas d'importance. Ça en avait, mais elle pouvait se passer de ces renseignements. Elle, elle finirait dans le trou dans quelques jours.
Elle ne réagissait toujours pas.
Même quand il la fit s'asseoir, elle se laissa guider et tomba dans le fauteuil sans amortir le choc. Bien qu'il ait été très doux, elle sentit son dos cogner contre le dossier. Aïe. Troisième douleur. Elle avait toujours mal au bras, et si sa tête n'était plus douloureuse, elle se sentait toujours à moitié dans les vapes. Elle l'entendit s'installer à son tour et annoncer :
« Irina tu vas détester ce que je vais te raconter, tu vas me haïr encore plus si c’est possible. Et tant pis pour moi, je le mérite. »
Hein ? Situation exceptionnelle, il reconnaissait qu'il était immonde ? Quel dommage qu'elle soit obligée de se cantonner à ce rôle, sinon, elle en aurait bien profité.
« Je ne suis pas un ange, je suis si mauvais que l’intérieur de mon corps est pourri, que la haine n’est que ce que je récolte à la fin, que je ne pense qu’à faire le mal et que je m’y complais. »
Voilà quelque chose de totalement honnête et sincère. Mais cette absence de tristesse dans sa voix rendait le tout un peu trop froid, trop morbide. Comme s'il se réjouissait d'être un être abject. Elle le haïssait encore plus d'avouer ses torts avec un manque évident de sensiblerie.
« Ecoute bien… »
Il commença à expliquer son plan.
Unity resta complètement inexpressive, toujours inerte, toujours vidée. On aurait pu croire qu'elle n'écoutait pas, même si son cerveau enregistrait la moindre information. Quel horrible plan de génie ! Pas étonnant qu'elle n'ait rien pu y comprendre : c'était pire que ce qu'elle avait jamais pu imaginé. Elle ne s'était pas trompée en pensant qu'il pourrait l'aider. Pas le moindre détective n'aurait pu obtenir de telles informations sans un coup de pouce d'Owen. Et dire qu'elle était la seule à pouvoir l'obtenir... Si son plan ne marchait pas, mais qu'elle se tuait quand même, que se passerait-il ? Qui serait à même d'occuper son rôle, qui pourrait tenter de contrer ce machiavélique vicomte ? Ce serait lâcher un fou en pleine rue... ou plutôt, vu que c'était déjà le cas, le laisser en liberté. Cela dit, de quoi se soucierait-elle ? Elle serait morte, après tout...
Avant qu'il en est terminé, elle ne put s'empêcher de bailler, non par insolence, mais parce que son malaise ne passait pas et qu'elle restait fatiguée. Ce serait déjà un miracle si elle parvenait à retenir tout ce qui lui avait été dit, avec un cerveau en si mauvais état. Sa vue s'était un peu brouillée, c'était étrange. Quand il eut terminé, elle n'émit pas la moindre remarque sur ce qu'il avait dit. Il n'avait pas besoin de savoir qu'elle avait vraiment écouter. Jouer le rôle jusqu'au bout, même quand on croit être découvert : c'était une des règles essentielles pour être crédible. S'arrêter, c'était admettre qu'on avait cherché à tromper l'autre ; continuer, c'était donner une preuve que tout ce qu'elle avait fait jusque là était sincère et vrai. Aussi massa-t-elle son front douloureux en demandant "craintivement" :
« Pourquoi vous m'avez jetée au sol ? »
Elle imaginait bien la réaction de Neill. Pas la peine de la voir, cela lui suffisait. Comme si c'était vraiment évident qu'elle ne s'intéressait plus à l'enquête... bah, comme dit avant, si elle ne se rappelait de rien, ce n'était pas grave : son plan suffirait en tout cas.
« J'ai mal au crâne. » : avoua-t-elle, et ce n'était que la stricte vérité.
Se renfonçant dans son siège, elle prit ses tempes dans ses mains. Oh bon sang, ça ne voulait pas partir. Même la douleur était revenue, et elle commençait à s'inquiéter. Elle avait dû se prendre un sacré coup sur la tête. A présent, c'était vraiment devenue sa priorité : fini de s'intéresser à son enquête, à sa relation tumultueuse, maintenant sa santé l'intéressait bien plus.
Elle se leva sur des jambes tremblantes, mal assurées, et tenta quelques pas. Sa tête se mit à lui tourner.
« Il faut que je prenne l'air ! » : s'écria-t-elle d'un ton paniqué.
Sa vue devenait de plus en plus floue, elle ne savait pas trop où elle mettait les pieds mais sous ses bottes, elle sentait des morceaux de bois, de porcelaine, et d'autres matières qu'elle ne reconnaissait pas. Elle avançait à l'aveuglette, et ne rencontra pas une seule fois Neill. Au contraire, elle avait tout fait pour l'éviter.
PAF !
Elle venait de prendre le mur de plein fouet. Souffle coupé, elle tomba à la renverse et heurta violemment le sol... encore une fois. Pourquoi ne voyait-elle presque rien ? Pourquoi ne savait-elle pas ce qui arrivait ? Seule la souffrance l'habitait.
« Aïe. » : eut-elle le temps de murmurer.
Puis elle se sentit s'enfoncer dans les ténèbres...
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill réfléchissait, assit sur une chaise, les coudes sur ses jambes, le dos des ses mains retenant son front. Il avait l’air complètement perdu dans ses pensés et ne paraissait pas avoir envie d’être dérangé, pourtant Elinor se permit un commentaire.

- Neill, mon frère, je pense que cette femme est dangereuse, sans doute devrais-tu t’en débarrasser.
- Tais-toi Elinor, qui t’as permis de donner ton avis ?
- Je ne dis ça que pour ton bien.


Il savait que sa petite sœur avait raison, quelque part quelque chose en lui lui disait la même chose mais…
Mais il n’avait pas envie. C’est tout.

- Je sais ce que je fais, je ne te permets pas de commentaire.
- Mais Neill…
- Tais-toi Elinor, laisse-nous seuls.


Elle finit par obéir et quitta la pièce, elle n’avait que ça à faire de toute façon, elle voyait bien que son cher grand frère ne l’écouterait pas, et en elle-même elle pria pour avoir tort. Se disant qu’au pire elle se débarrasserait elle-même de cette femme, et que Neill la remercierait plus tard.

Le vicomte, de son côté se disait qu’il le ferait, qu’il la tuerait, un jour, quand elle ne lui servirait plus à rien, quand elle ne serait plus amusante. Mais se lasserait-il vraiment un jour ?
Bien sûr que oui, c’était évident, un jouet ne pouvait pas être marrant tout le temps.
Il releva finalement les yeux et fixa la femme évanouie, allongée sur le lit d’une chambre vide qui avait servit à sa mère à une époque lointaine.

- Irina, qu’est ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tu es tellement changeante ? Pourquoi est ce que tu ne fais jamais ce que je désire ?

Et pire encore, pourquoi est ce que lui, Neill, qui se lassait si vite, qui n’avait aucune pitié, pas de regret, pas de remord, qui transformait le monde en terrain de jeu, et qui ne vivait que pour lui-même, pourquoi est ce qu’il ne la tuait pas pour cet affront, pour sa désobéissance ?
Pourquoi continuait-elle à l’amuser alors qu’elle était si énervante ?

- N’as-tu pas peur de t’évanouir sur mon territoire ? Sais-tu ce que je peux te faire ? Ou alors n’as-tu même pas peur de ça ?

Bien sûr elle n’allait pas lui répondre puisqu’elle dormait mais bon.

Alors qu’il lui avait raconté ses plans, il semblait qu’elle ne les avait pas écouté, et même plutôt qu’elle s’en fichait. Ce qui l’avait préoccupé plutôt que le fait qu’il ait fait de Londres un terrain de massacres, c’était pourquoi il l’avait jeté au sol.

Pourquoi hein ? Mais c’était sa faute, à elle, parce que voilà qu’elle s’apitoyait, plutôt que de se mettre en colère. Puis elle avait dit qu’elle avait mal au crâne et ce qui s’était passé ensuite avait totalement échappé à Neill. Elle s’était écriée qu’il fallait qu’elle prenne l’air, s’était mise debout mais semblait marcher à l’aveuglette, le vicomte n’avait pas bougé se demandant ce qu’elle lui faisait là. Finalement il avait sursauté quand elle s’était prise le mur, et s’était levé en vitesse pour la rattraper mais trop tard.
Il ne trouvait même pas ça drôle, qu’elle puisse se rendre à ce point ridicule, il n’était pas non plus en colère. A vrai dire c’était un autre sentiment à ce moment là qui s’était infiltré dans ses veines : l’inquiétude.
Bon sang voilà qu’il s’inquiétait pour son jouet, pour sa santé, il voulait la soigner, l’aider, et ne pas la laisser dans cet état. Il ne voulait pas la perdre, pas tout de suite, pas encore.
Il l’avait donc porté jusqu’à la chambre de sa mère et l’y avait allongé, puis avait appelé Elinor pour qu’il l’aide à voir si elle était blessée quelque part à la tête.
Il avait fallu lui retirer la perruque, et sa petite sœur était la seule en qui il pouvait faire confiance pour qu’elle tienne ce secret, bien sûr il aurait préféré qu’elle ne le sache pas, mais il n’avait pas beaucoup le choix. En plus elle n’avait pas demandé d’explication et c’était mieux comme ça.

L’arrière du crane avait bien cogné et saignait un peu, en même temps elle était tombée de pleins choc sur le sol, deux fois. Ils avaient nettoyé la plaie avec de l’eau puis ils avaient bandé sa tête. Bon sang, Neill n’avait jamais soigné personne, si quelqu’un devait crever il le regardait souffrir et rigolait, il ne l’aidait même pas à mourir plus vite.
Et maintenant voilà qu’il prenait soin d’Irina (et elle ne le remercierait très certainement pas, puisqu’il était sûrement coupable, et de toute façon il n’avait pas envie qu’on lui dise merci), plutôt que de torturer son jouet, de lui faire du mal, il la laissait se reposer sur le lit de sa mère.

Il aurait au moins le temps d’en profiter pour mettre au point des plans machiavéliques et méchants, mais même pas, il restait assit là, à la regarder, à essayer de réfléchir sans en être capable. Neill reprend toi, Neill va jouer dehors, Neill va torturer un gamin, droguer un homme, mettre une femme sur le trottoir, va jouer avec les cailloux, cacher des cadavres, rire de la police, te moquer de la vie, de l’enfer, du paradis. Va faire le mal comme tu aimes si bien le faire, mais ne reste pas assis là à réfléchir comme un idiot.
Mais il n’écoute pas la voix de sa raison, ou plutôt de sa folie, et il attend de voir si Irina va se réveiller ou pas, si elle va rester là à dormir et pour combien de temps encore ?
Et si elle ouvre les yeux qu’est ce qu’il va faire ? Qu’est ce qu’il va dire ?

Personne ne s’endormait dans son manoir sans se réveiller tout simplement comme ça. D’habitude les femmes étaient à ses côtés, et quand elles s’éveillaient, elles comprenaient alors qu’elles allaient vivre malheureuses dorénavant et surtout sans lui, sans ce salop qui avait prit leur vertu et les laissait tomber tout simplement, et seulement pour s’amuser. Mais Irina ?
C’était différent. Il l’avait soigné, il avait attendu qu’elle se réveille, alors que pourrait-il dire ? « Oups désolé Unity, j’ai perdu l’usage de mes doigts et je t’ai soigné au lieu de graver sur toi le fait que tu m’appartenais » ? Ridicule. Déjà, il ne s’excusait pas.
Mais il n’avait pas non plus envie de la jeter de son manoir juste après. Alors quoi ? Qu’allait-il faire ?

Neill arrête de réfléchir, blesse là, torture là, fait lui mal, fait la souffrir et moque toi d’elle. Montre lui qui est le maître et qui est l’objet. Etale tes méfaits, montre lui à quel point tu es méchant, fais toi détester encore et encore…

Mais cet idiot n’écoutait pas la voix de la sagesse, et une autre idée germa dans sa tête, une idée dangereuse, encore plus que le reste, quelque chose qui pouvait le mener tout droit à sa perte sans passer par la case départ, sans s’arrêter en prison. Mais ça l’amuserait non ? Tout cela n’était qu’un jeu après tout.

- Irina réveille toi, que je m’amuse.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Pendant un bon moment, Unity resta évanouie. Elle ne remarqua pas qu'on la transportait ailleurs, qu'on enlevait sa perruque et qu'on bandait précautionneusement la tête. Pendant un bon moment, elle avait cessé d'exister. Son enveloppe physique reposait sur un lit qu'elle ne connaissait pas, mais elle était incapable de le remarquer. Flottant dans le néant, elle n'avait même pas conscience qu'elle vivait.
En fait, elle reprit contact avec le réel petit à petit. Ce fut d'abord son corps qui lui envoya des signaux. La douleur de son crâne éclaté, sa respiration délicate lourde de sommeil, le toucher de ces draps doux et raffinés, son organisme en repos. C'était étrange, elle sentait comme un crochet qui la tirait. Des bruits se faisaient entendre : on parlait près d'elle, mais elle ne comprenait pas grand chose, que des sons inintelligibles qui se ressemblaient tous. Tout bas, c'était limite si elle les remarquait. Elle ne se demanda pas ce qui se disait, et encore moins si elle était le sujet de la conversation : elle était incapable d'aligner la moindre pensée. Sa tête était vide, seule sa présence dans un endroit inconnu emplissait ses sens. Une odeur de sang et d'un délicieux parfum féminin flottait dans l'air, s'infiltrant sournoisement dans ses narines engourdies. Comment deux senteurs si différentes, un arôme métallique et acide face à une fragrance florale et enjouée, pouvaient-elles se mêler et former une nouvelle atmosphère, nouvelle et propre à son environnement actuel ? Pourquoi ce claquement léger lui rappelait-il celui d'une porte ? Était-elle seule dans la pièce ? ... alors que cette mystérieuse question se formait dans son esprit, elle se demanda ce que signifiait le mot "seule". Pourquoi penser ainsi ? Cogiter lui donnait encore plus mal à la tête, si c'était possible. Cela brouillait aussi ses perceptions précaires. Quelque chose se fit entendre ; une voix d'homme peut-être, vue qu'elle lui paraissait grave ; que pouvait-il bien dire ? Lui parlait-il à elle ou à quelqu'un d'autre ? Ne plus réfléchir. Se laisser dériver. Elle reprenait peu à peu contact avec la réalité. Elle se sentait lourde, affalée sur un lit qui ne lui appartenait pas elle. Elle n'était pas chez elle ! Mais qu'est-ce qui avait pu lui arriver ? Cela avait-il un rapport avec ce mal de crâne persistant ? Impossible de ne pas se poser des questions. Tout devenait brusquement plus clair. Un nom lui apparut subitement, un nom qu'elle reconnut immédiatement. Un terrible sentiment de haine s'empara d'elle.
Neill Owen...
Bien sûr. Elle se souvenait, maintenant. Elle était chez lui. Dans sa maison. Et pas par une troublante coïncidence. Elle était venue le voir, lui rendre visite. Alors qu'elle tentait d'y voir plus clair, elle se demanda comment cela avait-il pu se produire. Qu'est-ce qui avait bien pu la pousser à pénétrer dans l'antre du diable ? Meurtres, lui soufflait son esprit groggy. Meurtres, meurtres, meurtres... Elle essaya de bouger sa main, mais ce fut à peine si elle parvint à remuer un ongle... autrement dit, ce fut un échec. Une histoire de meurtres ? ... Ah non, c'était pire ! tout cela n'était qu'un jeu, orchestré dans le seul but de l'obliger à lui réclamer son aide. Comme si ce n'était pas déjà suffisamment difficile de se sentir constamment sur la sellette. Subitement, elle perdit toute envie de se réveiller, de revenir à la vie. Mourir ! oui, c'était ça qui aurait dû se passer. Comment supporter d'être dans la même pièce que le vicomte, de respirer le même air que lui ? Jamais elle n'avait autant détesté quelqu'un. Elle ne souhaitait pas sa mort : elle voulait que le destin lui réserve un autre châtiment. Malheureusement, pour l'instant, Dame Fortune semblait toujours choisir son camp à lui. Peut-être le monde n'était-il pas gouverné par une puissance positive, comme on le croyait. Ce qui expliquerait parfaitement pourquoi elle gisait sur son lit.
« Irina réveille toi, que je m’amuse. »
Elle n'entendit pas. Elle essayait tellement de s'endormir, d'oublier un peu, qu'elle ne faisait même plus attention à ce qui se passait autour d'elle. Unity ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas lire dans ses yeux à quel point il la trouvait faible. Ce n'était qu'une comédie, à la base, mais finalement, son corps avait lâché... avec un petit coup de pouce de Neill, bien sûr. Avec quelle violence il l'avait plaquée au sol ! Il n'aurait pas agi différemment s'il avait voulu la tuer - juste qu'il l'aurait sans doute laissée par terre jusqu'à ce qu'elle agonise. Quelle sympathie, vraiment. Et quelle folie.
Plusieurs minutes encore s'écoulèrent, et Unity continuait de rassembler ses esprits. Elle reprenait des forces, essayant cette fois de s'extirper de cette torpeur qui la paralysait. Rien à faire, impossible de bouger, même soulever une paupière lui demandait un effort considérable. Mais puisqu'elle était bien consciente, désormais, et qu'elle ne pourrait repartir dans un monde merveilleux de néant, elle voulait revenir dans la réalité. Comment le faire, lorsque son corps refusait d'obéir ? Pour passer le temps, elle forgea de nouveau son rôle. Elle était censée avoir craqué, ne pas avoir résister à ses moqueries incessantes, à son mépris insupportable. Ce serait bien facile, parce qu'elle n'avait même pas assez de forces pour se lever.
Treize minutes et des poussières. Ce fut le temps qui s'écoula jusqu'à ce qu'elle arrive à refermer son poing. Lentement, mais sûrement. Elle commença à bouger toutes ses articulations - du moins, celles dont elle se rappelait l'existence - et comprit qu'elle se remettait en marche. Quand elle fut sûre que tout fonctionnait, elle ouvrit les yeux sur un monde embrouillé.
Tout cela ressemblait un peu à la chambre de Neill - du moins, c'était dans le même style austère et élégant. Cependant, elle était presque vide. De plus, l'endroit possédait une aura typiquement féminine plutôt rassurante. La silhouette un peu troublée du vicomte lui apparut, et elle s'étonna de le voir là. Pour un peu, si elle ne savait pas à quoi s'en tenir, elle aurait cru qu'il se tenait à son chevet. N'importe quoi. Il devait sans doute se délecter de sa souffrance, de sa pâleur maladive ; ça, c'était bien son genre. Mais elle ne pensa même pas à se dégoûter de sa manière de fonctionner - elle était au dessus de cela, à présent. Ses yeux embués continuèrent d'explorer la pièce. Mince, pas de bol, ils étaient encore une fois seuls. Ce qui signifiait : moqueries, sarcasmes, et tout le tralala. Ce qui n'était absolument pas juste, parce qu'elle tenait mal son rôle : sa faiblesse temporaire était à la fois une force et un inconvénient dans son jeu. Et si elle se trahissait, qu'allait-elle bien pouvoir inventer ? ... comme si cela avait de l'importance. Elle reporta de nouveau son regard sur Neill, s'attendant à ce qu'il prenne la parole. Allez, qu'il se dépêche, et qu'on en finisse : elle n'avait pas la moindre envie de l'entendre débiter des railleries douteuses qui blesserait profondément son ego. Mais puisqu'il le fallait...
Pourtant, il gardait le silence. Elle s'étonna un instant de cette scène. Il y avait quelque chose de bizarre. Il ne pouvait pas rester impassible alors qu'elle tombait évanouie chez lui. Quelque chose en plus de la déplacer sur ce lit gigantesque. Mais quoi ? Que devait-elle donc craindre ?
« Salut. » : fit-elle d'une voix tremblante et enrouée.
Bon, d'accord. Comme premier essai, saluer la personne qui se trouve en face de vous aussi familièrement n'avait rien d'exceptionnel, ni de brave. C'était juste simple et bref. Le moyen idéal de voir si elle pouvait parler. Et c'était le cas. Bravo, Unity. Mais elle n'allait pas tourner autour du pot. Elle voulait qu'il sache ce qu'elle voulait faire, même s'il ne comprendrait sans doute pas ce qu'elle sous-entendait. Elle voulait lui montrer qu'elle avait tendance à s'autodétruire.
« Alors je ne suis pas morte ? » : demanda-t-elle sur le même ton, incarnant l'innocence même.
Tiens, il ne lui faisait pas remarquer que c'était finement observé ? Bizarre. En même temps, depuis qu'elle l'avait rencontré, sa vie avait pris une tournure étrange et très désagréable. Elle n'aurait jamais pensé qu'elle en viendrait à haïr celui qui lui avait offert le plus beau cadeau de toute son existence. Pourtant, maintenant qu'elle songeait aux derniers mois, cela lui paraissait... normal. Bizarre, mais dans la norme tout de même. Comme quoi, ce n'était pas incompatible.
« J'aurais préféré mourir. » : avoua-t-elle très sincèrement.
Oh oui. Cela lui aurait bien plus plu que de se retrouver encore seule avec lui. Cette scène avait quelque chose d'oppressant. De dérangeant. C'était la matière même des cauchemars : plutôt qu'effrayante, elle lui montrait ses propres contradictions, la mettait mal à l'aise... tout cela, pour elle, c'était pire que la peur en elle-même. Rien de tout cela n'était naturel, elle n'aurait jamais dû se trouver là, elle n'aurait jamais dû tomber dans les pommes... mais c'était arrivé. Et si tout cela hantait ses nuits, que pourrait-elle en conclure... ?
En se redressant, elle constata que si elle n'avait plus sa perruque, son crâne n'était pas libéré pour autant. Elle leva une main vacillante vers sa tête et ne rencontra pas des cheveux mais... quelque chose. Qu'est-ce que c'était ? Elle caressa l'objet, et son cœur chavira lorsqu'elle se rendit compte que c'était un bandage. Elle observa Neill avec un regard neuf. Non, il n'avait quand même pas osé... ?
Il l'avait guérie. Ou fait guérir, cela n'avait pas d'importance, mais l'essentiel était là. Il n'avait pas voulu qu'elle meure. D'un côté, cela la réjouissait : quand elle se tuerait, cela le rendrait sans doute fou. D'un autre, cela la rendait très, très en colère : comment avait-il pu osé ? Il lui fracassait la tête, et puis il la soignait, comme ça ? Elle avait eu raison : ce gamin ne faisait pas du tout attention à ses affaires. Encore heureux qu'elle allait bientôt s'extirper de ses griffes : elle serait devenue plus folle qu'elle ne l'était déjà en sa compagnie. Il n'avait pas le droit de prendre soin d'elle comme d'un jouet ! Elle ne voulait pas qu'il la soigne, qu'il s'occupe d'elle comme ça, qu'il décide pour elle qu'elle devait vivre ! En même temps, il n'était sans doute pas au courant de sa volonté d'en finir une bonne fois pour toute. Si elle n'avait pas été dans un si mauvais état, et si elle ne jouait pas un rôle, elle lui aurait ri au nez. Hé, attendez, monsieur le Mal en Personne essaie de sauver la vie de sa victime ? Vous ne trouvez pas cela très drôle ? Unity estimait que c'était plutôt hilarant. Tant pis, elle garderait le côté comique de la scène pour elle-même. Vu qu'il n'était pas bête, il le devinerait peut-être, lui aussi.
« Pourquoi voulez-vous tant que je vive ? s'enquit-elle doucement. C'est vraiment cruel de votre part. »
Hélas, oui, elle devinait bien ses intentions. Tout ça, ce n'était qu'un jeu, et lui la considérait comme son jouet. Alors forcément, un jouet mort, ça n'amuse pas grand monde. Elle ne se méprenait pas sur son compte. Tout était intéressé. Et elle aurait bien du mal à trouver la Faucheuse tant qu'il se trouverait dans les parages. Quelle horreur. Si seulement il pouvait la laisser libre ! elle avait cru que ce serait possible. Et puis il lui avait tendu un piège, elle avait foncé dedans tête baissée et s'était encore plus emmêlée dans les filets qui entravait déjà ses mouvements.
Elle devinait ses intentions. Mais si lui ne devinait pas les siennes...
« Je ne peux pas. »
Elle se laissa aller contre l'oreiller, refermant les yeux. Il pouvait aller au diable, elle ne voulait plus le voir.
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill attendait, et il n’était pas dans le genre patient, même si il avait appris à l’être au fil des années, cette fois-ci il aurait voulu qu’elle ouvre les yeux dans la seconde. Les minutes semblaient s’écouler comme des heures, le rendant un peu plus dingue chaque fois. C’était sans doute sa plus grande faiblesse, la folie. Le jour où il sombrerait complètement alors il rejoindrait très certainement son grand frère à l’asile, où ils élèveraient ensemble des délires complètements barges de domination du monde… Enfin ça, Neill le faisait très bien tout seul.

Et puis soudain, un mouvement, Neill s’agrippa à la chaise tant il n’y croyait plus. Elle avait fermé son poing et ça ne lui avait pas échappé, ça n’aurait pas pu lui échapper puisqu’il ne la quittait plus des yeux. Il la laissa se réveiller doucement sans la brusquer (et ce n’était pas l’envie qui lui manquait pourtant). Puis Irina ouvrit les yeux. Il resta silencieux, continuant de la regarder émerger. Elle était terriblement pâle, mais ça lui importait peu, elle était vivante et elle se réveillait. Quand elle tourna son regard vers lui, il ravala sa salive.
Finalement elle parla, d’une voix faible et enrouée, de celle qui n’avait pas été utilisé depuis quelques temps.

- Salut

Neill retrouva son sourire. Pas cet espèce de faux sourire moqueur et sarcastique, ou de gentleman hypocrite, non son vrai sourire, celui qui montrait qu’il était content (d’avoir retrouvé son jouet bien sûr). Il n’arrivait même pas à parler lui, il ne savait toujours pas ce qu’il aurait pu dire, et heureusement pour lui, Irina semblait avoir pleins de choses à raconter.
Il la laissa faire en silence, enregistrant ses paroles et cherchant le sens de celles-ci, il n’aimait pas vraiment ce qu’elle lui racontait à dire vrai, mais il ne pouvait pas la couper, de peur de rater quelque chose d’important.

Tout d’abord, elle fit remarquer qu’elle n’était pas morte, très bonne déduction non ?

- J'aurais préféré mourir.

Neill se mordit les lèvres, pourquoi disait-elle ça ? Ce n’était pas naturel, ce n’était pas logique. Les gens en général préféraient vivre. Bon il ne parlait pas de ceux qu’il avait poussé au suicide, mais ceux là il s’en fichait bien, là il s’agissait d’Irina, et lui avait envie qu’elle vive, au moins le temps qu’elle l’amuse.

- Pourquoi voulez-vous tant que je vive ? C'est vraiment cruel de votre part.

Pourquoi vouloir mourir ? C’était stupide. Bien sûr qu’il était cruel, ne le savait-elle pas depuis le temps ? Neill pensait pourtant qu’elle l’avait compris avec ce qu’il lui avait raconté plus tôt, mais peut-être n’avait-elle pas vraiment écouté.
Et puis d’autres l’auraient remercié de les avoir sauvé, se serait sentit soulagé de toujours être là en vie, d’avoir Neill près d’eux qui les guettait comme un animal sauvage et apeuré du moindre geste.
Mais pour dire vrai, c’était la première fois que cela arrivait, jamais le vicomte ne s’était inquiété de personne, jamais il n’était resté près d’un lit pour veiller quelqu’un, jamais il ne s’était sentit si soulagé de voir que l’autre était toujours vivant.

Elle termina son discours par un « je ne peux pas », reposant sa tête sur l’oreiller, refermant ses yeux. Il se leva soudainement, il ne voulait pas qu’elle se rendorme. Il attrapa sa main (cette sale manie qu’il avait de toujours lui prendre la main), et se permit de s’asseoir sur le lit, près d’elle.

- Irina, pourquoi vouloir mourir ?

Il n’avait pas l’habitude d’une telle chose.

- Les gens me demandent de les épargner, ils me supplient, ils me parlent de leur femme, de leurs enfants, de tous ceux qui seraient triste sans eux, ils pleurent, ils me parlent de pitié, ils s’agenouillent, me lèchent les chaussures même, ils s’agrippent à mes jambes, à ma chemise, ils me déshabilleraient s’il le fallait. Alors pourquoi vouloir mourir ?

Il parlait sincèrement, sans se vanter, exposant juste les faits.

- Tu me trouves cruel de t’avoir soigné, alors que je n’ai jamais soigné personne. D’autres m’auraient sauté au cou et remercié.

Même s’il ne lui demandait pas des « merci » parce qu’il s’en foutait, il voulait juste comprendre ses paroles, pourquoi une telle déception d’être toujours en vie ?

- Pourquoi vouloir que tu vives ? C’est évident non ?

Pour continuer à s’amuser avec son joujou super drôle, personne n’avait envie de voir un de ces jeux préférés s’abîmer, se casser, ou disparaître complètement.
Oui, enfin, sauf que Neill avait une autre idée en tête, petit enfoiré n’en avait jamais assez de jouer, quitte à se perdre lui-même, de toute façon qu’est ce que cela pouvait lui faire tant qu’il s’amusait ?

- Irina…

Il approcha la main de la demoiselle, près de son visage à lui, la tenant maintenant avec ses deux mains. Il la posa sur joue comme une caresse, il avait fermé les yeux et souriait bêtement.

- Si tu meurs…

Il approcha la main près de ses lèvres, et rouvrit les yeux, d’un regard intense, de ceux qui vous fixent comme s’il pouvait lire directement dans votre âme.

- Je serai seul à nouveau.

Il déposa un baiser sur la main et la reposa sur le lit. Il avait dit ça avec une étrange sincérité, ce n’était pas difficile, puisque c’était l’entière vérité. Bien sûr, il avait sa petite sœur, son adorable Elinor qui faisait tout ce qu’il désirait, mais qu’avait-elle d’intéressant ? Même s’il avait confiance en elle, même si dans un certain sens elle était la seule qui pouvait être proche de lui, elle ne comblait pas le vide. Il finissait par ne la voir que comme son esclave à pleins temps, elle n’avait strictement rien d’intéressant.
Tandis qu’Irina, elle…
Evidemment, s’il avait dit ça, ce n’est pas parce qu’il avait peur d’être seul, bien au contraire, c’était juste parce qu’il voulait voir comment elle réagirait…
Sans doute serait-elle en colère, ou répugnée. Et que ferait-elle si Neill cherchait à la séduire ? Juste comme ça, pour s’amuser bien sûr.
Il y avait des femmes qui le haïssaient et pourtant réclamaient son amour, cela pourrait être drôle non ? Qu’Irina succombe.
Lui, il en riait d’avance.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Impossible de se rendormir. L'autre idiot de vicomte lui avait encore pris la main. Décidément, il aimait vraiment faire ça. Or, Unity détestait ces contacts, quand sa peau touchait la sienne, quand ils étaient reliés par un lien de chair. C'était extrêmement désagréable, insupportable même. Mais impossible aussi de dégager sa main. Économiser ses forces, ne pas résister. Clé de la Mort. Le lit s'affaissa. Elle n'ouvrit pas les yeux : elle avait compris qu'il s'était assis sur le lit. Bon, d'accord, il était quand même chez lui, donc il faisait ce qu'il voulait, mais quand même, elle aurait bien aimé qu'il s'en abstienne.
« Irina, pourquoi vouloir mourir ? »
Neill ne comprenait pas. Il ne pouvait pas savoir. Il était incapable d'éprouver de la compassion pour ses victimes, alors pourquoi comprendrait-il le sacrifice qu'elle avait l'intention de faire ? Plus sérieusement, elle s'étonnerait vraiment que personne n'avait cherché à se suicider après avoir tout perdu à cause de lui. Le désespoir, cela devait dépasser son entendement.
« Les gens me demandent de les épargner, ils me supplient, ils me parlent de leur femme, de leurs enfants, de tous ceux qui seraient triste sans eux, ils pleurent, ils me parlent de pitié, ils s’agenouillent, me lèchent les chaussures même, ils s’agrippent à mes jambes, à ma chemise, ils me déshabilleraient s’il le fallait. Alors pourquoi vouloir mourir ? »
Beurk. C'était tellement écœurant qu'elle était bien contente de ne pas avoir garder les yeux ouverts. S'il parlait posément, sans en être fier - même s'il devait bien l'être, elle s'en doutait... qui pouvait susciter une telle réaction à part lui ? certainement pas elle - elle n'osait imaginer son visage. Était-il déformé par l'envie, par le mépris, ou par autre chose de plus terrible encore, si c'était possible ? Montrait-il son vrai visage, celui d'un démon sans cœur et sans remords ? Elle qui avait encore un peu mal à la tête, elle préférait s'épargner des émotions trop violentes. On n'est jamais trop prudents, après tout.
Pauvres gens, quand même. Comme elle comprenait bien leur réaction ! Si elle n'était pas intimement convaincue que sa mort serait l'évènement qui permettrait de traduire Neill en justice, elle aurait sans doute été comme eux : elle aurait voulu continuer de vivre, ne serait-ce que pour protéger ses identités. Mais il faut parfois faire le sacrifice ultime pour sauver le monde ; à un niveau plus modeste, elle voulait bien abandonner ce qui lui était le plus cher pour que Neill paie pour tous les crimes qu'il avait commis. Toutes ces personnes qui ne demandaient qu'à survivre et qui avaient eu le malheur de rencontrer son chemin. Pour elle, fière représentante de l'ordre, c'était inacceptable que quelqu'un en soit réduit à une telle extrémité. Perdre sa dignité, avant de perdre la vie...
« Tu me trouves cruel de t’avoir soigné, fit-il remarquer, alors que je n’ai jamais soigné personne. »
Vraiment ? Et alors, elle devait s'en sentir honorée ? Il venait bien de tomber sur le seul être humain qui aurait préféré qu'il s'en abstienne. Mais oui, il était cruel, et il le savait parfaitement. Tout cela n'était qu'un détail insignifiant qui ne voulaient pas dire grand chose.
« D’autres m’auraient sauté au cou et remercié.  »
Merveilleux ! Encore un peu et elle allait croire que tout le monde s'aplatissait devant Neill - et à la réflexion... ce devait être le cas. Sauf qu'il avait oublié une chose. Elle n'était pas "d'autres". Unity l'avait déjà remercié une fois, et cela lui était bien suffisant. Cette fois, vu qu'il avait contrecarré ses plans, elle n'avait pas la moindre envie de lui être reconnaissante.
« Pourquoi vouloir que tu vives ? C’est évident non ? »
Beaucoup trop. Mais si comme elle, il savait pourquoi il l'avait sauvée, pourquoi s'étonner qu'elle n'ait pas envie de vivre dans de telles conditions ? Il fallait être plutôt stupide pour ne pas remarquer que personne n'aime être traité comme un jouet. Et c'était bien ce qui lui arrivait. La pauvre petite Unity qui avait craqué et se considérait comme cassée refusait de jouer. Elle n'aurait "jamais" la force de résister. De toute façon, même si rien de tout cela ne s'était passé ainsi, elle aurait fait exprès de réprimer toutes ses colères, de ne pas répliquer, juste pour l'embêter lui, parce que c'était bien ce qu'il attendait d'elle. Elle se serait contentée de le regarder avec un sourire ironique et des yeux moqueurs. Mais ça n'aurait nullement servi le plan, le plan et toujours le plan...
Voilà que Neill approcha sa main prisonnière de son visage ! Ses doigts ne réagissaient même pas à ses ordres fréquents : ferme le poing de nouveau, ferme ! alors que tout le reste de son corps semblait lui obéir. Elle sentit la joue du vicomte sous sa paume, et se refusa à ouvrir les yeux. Pas question de changer de conduite juste parce qu'il se comportait bizarrement.
« Irina... Si tu meurs... »
Si je meurs quoi ? Ne va pas lui dire qu'elle va te manquer ou n'importe quelle idiotie qui peut te passer par la tête, Owen, ou je te tords ton joli cou. (Mais non, je ne le ferai pas ! Me tape pas !) Franchement, la scène prenait une tournure qui ne plaisait pas du tout à Unity. C'était quoi, cette nouvelle stratégie à la gomme qu'il lui sortait ?
« Je serai seul à nouveau. »
La vraie Unity aurait éclaté de rire.
Elle ne le fit pas, parce qu'elle se rendait compte que son organisme était un peu trop affaibli. Et puis, surtout, cela aurait cassé le rôle. Seul, à nouveau ? Tiens donc, c'est très intéressant de considérer un jouet comme une compagnie. Il ressemblait vraiment à un gamin pourri gâté qui ne se rendait pas compte de sa propre solitude.
Elle sentit des lèvres baiser sa main, et elle se raidit. Du moins, autant qu'elle le pouvait, c'est-à-dire pas beaucoup. Alors ça, c'était le bouquet. Qu'espérait-il donc en faisant cela ? Qu'elle croie qu'il tenait à elle ? Sauf que c'était pathétique. Lamentable. Ridicule. Il n'y avait aucune chance pour qu'il lui fasse gober un tel mensonge. Par chance, il reposa ensuite sa main sur le lit. Sa peau la démangeait là où il l'avait "embrassée", comme si ses lèvres étaient recouvertes d'acide. Elle se retint de justesse pour ne pas la frotter contre les draps.
Calmement, sans rouvrir les yeux, elle chuchota :
« Mais Owen, vous êtes déjà seul. Je ne suis pas avec vous. »
Elle espéra de tout son cœur qu'il n'allait pas de nouveau exploser et détruire tout ce qui lui passait sous la main. Elle n'avait pas la moindre envie de se cogner de nouveau la tête contre le sol, merci bien.
« Vous le savez. Ça n'a pas d'importance pour vous. Et ça n'en a pas pour moi. »
Puis, d'une voix plus plaintive, et bien sûr artificielle :
« Vous êtes inhumain, Owen. Je n'attends rien de votre part. J'aimerais juste que vous me laissiez tranquille, moi, que vous me laissiez reprendre goût à la vie. Que vous soyez seul, tant mieux pour vous. Vous ratez sans doute les plus belles choses au monde, mais si cela vous plaît... »
Elle laissa sa phrase en suspens. Bien sûr, si cela lui plaisait...
Mais aimer quelqu'un, ou être aimé, se sentir proche de sa famille, avoir des amis... sans cela, la vie serait bien terne. Unity savait bien qu'il voulait être solitaire, qu'il se démarquait de tous, même de sa sœur. Il savait se comporter en société, mais jamais n'avait pensé que les civilités puissent avoir un vrai intérêt, elle l'aurait parié. Il était de mort de l'intérieur, condamné à rester un gamin entouré de joujoux inanimés qu'il pouvait martyriser à loisir et qui croyait vivre bien. Comme il se trompait ! Pourquoi personne n'avait-il jamais pensé à le faire assassiner ? Cela devait être possible, il suffisait d'y réfléchir longuement. Pourquoi était-elle la première à songer sérieusement à s'opposer à lui ? Il lui faisait toujours un peu peur, mais certainement plus pour les mêmes raisons. En fait, il lui faisait plutôt pitié. Malgré son génie incontesté, il était stupide, parce qu'il ne comprenait pas les choses les plus simples de la vie. On ne peut pas vivre seul, on a besoin des autres. Un ami vous rendra toujours un meilleur service que quelqu'un qui se sent obligé de vous le rendre. Sans amour, la race humaine s'éteindrait, car tout le monde resterait dans son coin. A deux, on est plus forts, on peut vaincre les obstacles que la vie dresse sur son chemin. On se sent toujours heureux quand on sait qu'on a réussi à s'intégrer à une communauté.
Pauvre Neill... si brillant et si sot...
Oui, de la pitié, mais dans une certaine limite. Elle ne pouvait pas pardonner à l'auteur du jeu des massacres de ces derniers temps. Elle ne pouvait pardonner à quelqu'un qui tuait ses parents. Elle ne pouvait pas pardonner quelqu'un qui avait fait autant de mal. Un suppôt du diable n'avait le droit qu'à la mort. Le diable en personne méritait pire.
« Moi, ça me désespère. »
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Irina ne voulait pas ouvrir les yeux, elle restait allongée comme ça les yeux fermés peu importe ce que lui disait Neill. Et ça avait quelque chose de frustrant.
Finalement elle chuchota :

- Mais Owen, vous êtes déjà seul. Je ne suis pas avec vous.

C’était terriblement vrai, mais le vicomte aurait dut s’en foutre complètement.

***
Je viens de la grande classe
J'y apprends la tristesse
J'envie les classes basses
Et les cours de tendresse
***

Il avait été seul toute sa vie, même quand ses parents étaient vivants. Quand il avait été un tout petit bébé, des nourrices sans nom, sans identité l’avaient élevés, son père avait oublié même jusqu’à son existence, quand sa mère était trop occupée à pleurer pour penser à lui. C’est presque à se demander comment ils avaient fait pour avoir Elinor. Il aurait pu être un petit frère, mais Cédric était le portrait craché de leur géniteur, toujours à jouer, à dépenser, à s’alcooliser, à baiser.
Il aurait pu être un grand frère, mais il était déjà pourri jusqu’à la moelle pour penser à Elinor comme une personne à part entière.
Alors il aurait pu être un amant, mais à ce moment là il détestait déjà trop le monde entier pour ne pas trahir les femmes et les hommes avec qui il couchait.
Ne restait plus que l’amitié, mais ce mot pour lui rimait avec hypocrisie, ses soient disant amis n’avaient aimé chez lui que ses mensonges et son foutu argent.
Cela le faisait vomir, jamais il ne s’attacherait à rien, ni personne, il serait toujours le maître absolu et se débarrasserait simplement de ce qui ne lui faisait plus envie.
Et quoi ? Il n’était pas à plaindre, il s’amusait, oui il s’amusait. Il faisait de sa vie la chose la plus drôle qui soit, et tant pis s’il était plus vide que les cailloux qu’il ramassait et revendait.

Il était seul oui, complètement et totalement seul, avec lui-même et ses propres délires. Et il aurait dut s’en foutre.
Comme toujours.

Alors pourquoi les paroles d’Irina le troublèrent ? Parce qu’il croyait qu’elle au moins était différente de tous les autres ? Bien sûr il la traitait de même, il faisait d’elle son jouet, mais était-il vraiment pareil que d’habitude ? Après tout il l’avait soigné, il lui avait offert son bien le plus précieux, il l’invitait dans son manoir, il faisait d’ailleurs tout pour qu’elle vienne, il se montrait encore plus lunatique que d’habitude, puis surtout il refusait qu’elle meurt.
Pour une fois il ne se sentait plus si seul que ça…
Mais elle avait raison, totalement. Qu’est ce que ça changeait qu’elle soit là ? Rien. Il avait juste un nouveau jouet, un peu plus brillant, plus amusant, et puis c’est tout. Il finirait alors par se lasser, par le jeter, et en chercher un autre, encore et encore. Jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un mette un terme à ça en lui tirant une balle entre les deux yeux, et en visant bien, quelqu’un qui lui fera sauter la cervelle parce qu’il aura eut plus de courage que d’autres, parce qu’il aura aussi eut plus de chances.

Neill en eut la nausée, c’était tellement terrible d’être en face de la vérité, comme se prendre une bonne grande claque dans la figure et ne pouvoir rien y changer. Il se releva d’un coup et se recula. Pour un peu il se serait prit les pieds dans sa chaise et se serait cassé la figure, mais heureusement cela n’arriva pas, imaginez la scène où le maître perd toute crédibilité, ce serait pire que tout.

- Vous le savez. Ça n'a pas d'importance pour vous. Et ça n'en a pas pour moi.

Non, bien sûr, ça lui était égal. Il avait toujours été seul, qu’est ce que cela pouvait lui faire qu’il le soit encore et toujours ? Ca n’avait aucune importance, tant qu’il s’amusait.
Et peu importe qu’elle s’en fiche aussi, de toute façon elle se fichait de lui tout entier, si elle était là ce n’était pas pour le voir lui, mais juste pour arrêter le petit jeu de massacre.
Et alors ? Bien sûr qu’il le savait, elle ne serait pas venue sinon, ça lui serait même pas venu à l’idée de lui rendre visite juste pour lui-même.
Il n’avait pas eut le choix, s’il voulait qu’elle vienne, il fallait qu’il la fasse venir. Et cela l’amusait.
Ah oui vraiment ?

- Vous êtes inhumain, Owen.

Inhumain ? Il avait deux pieds, deux bras, deux yeux, un nez, une bouche, il savait parler, s’habiller, il ressemblait pourtant à un humain, sans le cœur bien sûr.

- Je n'attends rien de votre part. J'aimerais juste que vous me laissiez tranquille, moi, que vous me laissiez reprendre goût à la vie. Que vous soyez seul, tant mieux pour vous. Vous ratez sans doute les plus belles choses au monde, mais si cela vous plaît...

La laissez tranquille ? Pourquoi aurait-il fait ça ? Qu’aurait-il à y gagner ? C’était la première à être venu vers lui. Okay, Seth voulait juste faire son bon boulot de détective comme un gentil chienchien qui ferait justice, il était juste tombé sur la mauvaise personne c’était tout, quelqu’un qui saurait deviner qu’un « il » est un « elle » et qui ne s’arrêterait pas là, qui avait soif de connaissance et de destruction.
La laissez reprendre goût à la vie ? Mais quel goût avait sa vie ? Il avait réalisé son plus grand rêve, ironiquement, n’était-ce pas cela qui mettait du goût dans sa vie ? Ou alors préférait-elle être une domestique, un détective, une fiancée ?

Qu’il soit seul, tant mieux pour lui… Tant mieux pour lui.
Et que ratait-il ? Les plus belles choses au monde ? Qu’est ce que c’était ? Il avait presque envie de se boucher les oreilles pour ne plus l’entendre.
Il s’en fichait, pour lui la vie était belle à sa manière, il l’aimait comme ça, il aimait jouer, amasser de l’argents, grandir sa réputation, il aimait réparer ce que son crétin de père, ce que son idiot de frère, ce que ces deux bons à rien avaient détruit. Qu’aurait-il dut avoir de plus ?

L’envie de continuer comme ça jusqu’à sa triste vieillesse, jusqu’à ses 90 ans ? C’était ridicule. Il avait dix-neuf ans, il avait le temps de brûler sa jeunesse et de se faire butter avant d’être vieux.
Personne ne pouvait vivre toute une vie ainsi, il le savait, mais il marchait sans arrêt sur un fil, il n’était pas à l’abri d’une balle perdue, d’un coup de couteau, ou d’un pouvoir magique qui le tuerait. Il ne vivrait donc pas toute une vie, et c’était bien pour cela qu’il en profitait.

- Moi, ça me désespère

Et ça le désespérait aussi, d’une certaine manière, mais que pouvait-il y faire ?

- Unity, ne te moque pas de moi. Tu es aussi seul que moi.

On lui envoyait la balle, très bien, mais fallait pas compter sur lui pour ne pas la rendre.

- Ou alors tu vas me dire que tu aimes Ringalls, que tu aimes Tareth ? Ou n’importe quel autre minable de cette ville ?

Peu à peu il reprenait consistance, il reprenait confiance, il se retrouvait et enfermait en lui les doutes qu’elle avait fait naître, sans le savoir.

- Tu me parles de ces belles choses, tu parles bien sûr de l’amour, de l’amitié, alors dis moi que t’ont-elles offert Unity ?

Il utilisait son vrai prénom à dessein, parce qu’il montrait bien à quel point elle était aussi seule que lui, tant pis si elle lui prouvait le contraire.

- Et que sais-tu de moi ? Tu as fouillé mon passé non ? Tu as sûrement appris des choses sur mes parents ou mon frère ? Mais tu n’as rien vu, tout ce que tu as retenu c’est ce qui était écrit dans les journaux, ou dans les rapports de police, peut-être que tu en as fait des suppositions, et alors ? Qu’est ce que ça te dit de moi ?

Qu’il était un démon ? Ouais, c’est bon, on avait compris, pas besoin de savoir qu’il avait butté ses parents et envoyé son frère à l’asile pour le comprendre ça, suffisait juste de voir ses putains d’excès de folie et n’importe qui pourrait le conclure. Il était dingue, il était méchant.

***
Moi, je n'ai que deux ans
C't assez pour avoir honte
Assez pour être grand
Assez pour me rendre compte
Que mes parents sont fous
***

Il n’était pas à plaindre, il l’aurait été si on l’avait connu avant, genre quand il n’était ni mauvais, ni gentil, ni rien, juste un observateur de ce qui se passait autour de lui. Maintenant personne ne prendrait pitié pour ce salop enfoiré, et c’était tant mieux, il n’aurait pas supporté qu’on lui dise « mon pauvre », il ne l’était pas, il avait de la chance, parce qu’il s’en était sortit, tout seul, avec ses propres forces. C’était mieux que finir le nez dans sa merde, comme tous ces bons à rien qui pleuraient qu’on leur donne de l’amour et nyanyanya.

- J’ai trouvé assez de force pour vivre, et toi tu espères que je te laisse tranquille, non que je te laisse mourir ? C’est bien parce que tu sais que tu n’as rien de toutes ces belles choses dont tu me parles.

Il n’était pas moqueur, il aurait pu, il aurait pu prendre ses airs sarcastiques et s’amuser d’elle, mais à la place il lui crachait ces mots comme s’il voulait lui montrer que ça ne le touchait pas, qu’il s’en fichait, qu’elle était pareil que lui au final.

- Tu me prends pour un idiot, mais tu es aussi idiote que moi.

Il se tenait maintenant debout devant le lit et scrutait Irina, non, Unity d’un regard qui montrait à quel point il était sérieux, qu’elle garde les yeux fermés ou pas, il s’en fichait maintenant. Il avait chassé ses doutes, il avait rebâtit sa confiance. Il n’avait pas de leçon de recevoir d’une fille qui préférait mourir que d’affronter l’horreur de la vie.
Il avait les poings serrés, juste pour se planter les ongles dans les paumes, pour ne pas craquer. En si peu de temps il avait tellement eut de sentiments contradictoires et quasi inconnus, allant de la déception à l’inquiétude, voire à la peur, en passant par l’envie, et les doutes, qu’il en aurait vomis s’il ne s’était pas retenu.
Il se tenait fermement sur ses deux jambes, il serait le plus fort, il était le maître.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Mais Neill n'avait pas dit son dernier mot. Il revint à la charge, et ses paroles amenèrent à Unity un étrange sourire sur ses lèvres.
« Unity, ne te moque pas de moi. Tu es aussi seul que moi. Ou alors tu vas me dire que tu aimes Ringalls, que tu aimes Tareth ? Ou n’importe quel autre minable de cette ville ?  »
Il allait sans doute trouver cela drôle, mais c'était le cas. Même si elle détestait Ringalls, elle l'appréciait quand même, sinon elle se serait déjà tuée depuis longtemps. C'était une relation tumultueuse, entre amour, amitié et haine, et cela lui convenait parfaitement. Lord Tareth ? Il était bête, mais il avait son utilité. Maintenant, elle ne l'estimait pas beaucoup, mais c'était son opinion. Il avait le droit de vivre, comme toute personne normale. Et les autres minables de la ville ? ... ma foi, ces personnes qu'il qualifiait de "minable" avaient leur valeur propre, qu'il était incapable de jauger.
Bien sûr qu'elle avait des amis. Sa chère Ann, à laquelle elle pensait toujours avec émotion pour toutes ces merveilleuses années passées ensemble. Son mariage les avait éloignées, mais Ann continuait de lui envoyer régulièrement à son domicile des invitations à prendre le thé avec elle, invitations qu'elle recevait toujours trop tard. Ann était une déesse pour Unity, et elle était toujours déçue d'avoir manqué une occasion de revoir cette femme qu'elle avait toujours adoré. La connaissant parfaitement, elle savait très bien qu'Ann chercherait à lui trouver un prétendant digne de ce nom. Shelly aussi était mariée, mais Unity avait gardé plus de contacts avec elle : elles habitaient dans le même quartier et se croisaient souvent dans la même boulangerie, et passaient parfois du temps ensemble, à se remémorer de vieux souvenirs amusés. Shelly était heureuse et ne se souciait pas du célibat de son amie, ce dont Unity lui était reconnaissante. La jeune femme était profondément romantique, toujours adorablement ingénue et croyait au coup de foudre. Ses enfants étaient eux charmants et sensibles que leur mère. Pouvait-on qualifier Ann et Shelly de personnes minables, elles qui avaient tant donné à la détective ?
« Tu me parles de ces belles choses, dit Neill, tu parles bien sûr de l’amour, de l’amitié, alors dis moi que t’ont-elles offert Unity ? »
Tout, Neill. Tu n'as même pas idée du bien que cela lui a fait.
Ann et Shelly étaient merveilleuses. Quand bien même elle ne les voyaient plus beaucoup, elle était contente de les avoir connues. Même si elle avait changé, elle reconnaissait qu'elles faisaient toujours partie de son être. Irina lui faisait toujours penser à Shelly, tout comme Seth avait hérité de la force tranquille d'Ann. Elle aimait les porter avec elle tous les jours.
Et puis, il y avait surtout Ryan...
« Et que sais-tu de moi ? Tu as fouillé mon passé non ? Tu as sûrement appris des choses sur mes parents ou mon frère ? Mais tu n’as rien vu, tout ce que tu as retenu c’est ce qui était écrit dans les journaux, ou dans les rapports de police, peut-être que tu en as fait des suppositions, et alors ? Qu’est ce que ça te dit de moi ? »
L'interruption de Neill coupa net ses pensées, et son sourire disparut. Bien sûr qu'elle avait appris ce qui était arrivé à sa famille, il est essentiel de bien connaître ses ennemis, et par conséquent, de se renseigner sur leur passé. Par contre, il se trompait. Elle avait bien sûr utilisé ces sources, mais s'il pensait que c'était tout ce qu'elle avait à sa disposition, il était bien loin de la vérité. Le réseau savait tout. Le réseau avait les moyens de vous faire parler. (tuuuuutt) Toutes ces petites combines, certaines à la limite de la légalité, lui avaient donné beaucoup de détails. Ses suppositions, elle estimait donc qu'elles avaient un fond de vérité. Maintenant, elle savait bien qu'elle n'en était encore que début. Il y avait autre chose que ce Neill, méchant en chef et gros vilain pas beau, autre chose aussi que cette apparence de Neill pseudo gentilhomme. Mais quoi ? Elle ne trouvait pas. Elle pensait qu'il y avait autre chose, parce qu'elle avait bien remarqué qu'il devenait progressivement dépendent...
« J’ai trouvé assez de force pour vivre, et toi tu espères que je te laisse tranquille, non que je te laisse mourir ? C’est bien parce que tu sais que tu n’as rien de toutes ces belles choses dont tu me parles. »
Elle ouvrit les paupières et leva les yeux au ciel. Il ne comprenait vraiment rien à rien. En fait, sa principale erreur, c'était de mélanger sa vie professionnelle avec sa vie privée. Jusque là, il ne l'avait rencontrée que dans le cadre de son travail. Mais savait-il seulement qu'elle avait aussi une vie à côté de ces jeux ? Ces belles choses, elle les avait, mais dans la vie d'à côté, la privée, la sentimentale. Cela n'intervenait pas sur le plan professionnel. En outre, son suicide appartenait au même plan : sa mort devait servir à mettre un criminel derrière les barreaux. Unity faisait toujours une distinction entre ses deux vies, un fossé bien dur à franchir.
En outre, cette volonté de mourir faisait aussi partie intégrante de ce jeu. Si tout le monde savait qu'elle avait cette intention à cause de lui, cela orienterait forcément les soupçons vers le vicomte...
« Tu me prends pour un idiot, mais tu es aussi idiote que moi. » : lâcha finalement Neill.
D'un calme olympien, elle fixa son regard sur lui. Oh oh oh, il avait besoin de se maîtriser on dirait. Il était un peu trop droit pour que ce soit naturel et serrait un peu trop les poings. Besoin de prouver quelque chose, vraiment. Elle ne lui avait jamais dit qu'elle le prenait pour un idiot, mais apparemment, il avait deviné. D'accord, pourquoi pas.
Elle pencha la tête sur le côté.
« Vous avez raison. » : répondit-elle docilement.
Pas d'argumentation, pas de négation, non. Une absence de résistance, exactement ce qu'il ne voulait pas voir. Unity n'avait pas repris du poil de la bête, oh non : il était allé trop loin.
C'était en tout cas les apparences. En réalité, elle suivait toujours son foutu plan et était bien contente de faire ce qu'il ne voulait pas voir de sa part. Pour la première fois, elle s'amusait vraiment de leur rencontre.
Et puis elle s'allongea et replia les couvertures. Rien ne vaut un bon lit face au mal de crâne. Elle garda les yeux fixés sur le vicomte, remplis d'un vide innocent. Comme si quelque chose s'était vraiment brisé en elle.
Et elle pensa à ce fameux jour où elle l'avait retrouvé.
C'était elle au départ qui était venu vers lui, parce qu'il était trop transi d'amour pour elle pour oser approcher. Un admirateur secret, son contraire parfait. Elle lui avait tendu la main, parce qu'elle avait bon cœur et savait que ce devait être dur pour lui de la regarder de loin. Elle n'était pas amoureuse, et elle le lui avait dit ; c'était un peu dur pour lui, mais avec le temps, il avait échanger ce regard épris pour un regard d'ami. Et leur amitié leur avait été favorable à tous les deux. Elle les avait construits, leur avait permis de sortir de leur carapace bien fermée et de s'ouvrir au monde. Bien sûr, ils avaient aussi récoltés pas mal de punitions pour toutes les bêtises qu'ils avaient pu faire ensemble, et qu'ils n'auraient jamais osé faire s'ils avaient été seuls ou avec un autre. Le temps les avait éloignés : lui à ses études, elle à sa délinquance, et puis ce fut fini. Ils n'avaient plus de temps à se consacrer.
Mais les hasards de la vie les avaient réunis. Il était devenu avocat tandis qu'elle-même jonglait entre ses rôles de femme au foyer célibataire, domestique de Tareth, espionne et bien-sûr détective. C'était d'ailleurs sous sa forme de Seth qu'il l'avait revue.
« Vous avez les mêmes yeux qu'une amie d'enfance, avait-il fait remarqué. Quand cette affaire-là sera terminée, vous pourriez enquêter et savoir ce qu'elle est devenue ? »
Il ne pouvait la reconnaître, parce qu'il ne l'avait pas vue depuis des années, et parce qu'il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse se travestir. Seth avait bien évidemment accepté, ne demandant même pas à être payé. Cela s'était passé il y a trois mois. Elle se rappelait très bien de l'impression qu'elle en avait eu : un pincement au cœur en contemplant ce charme qu'elle ne lui connaissait pas. Seth avait ensuite "retrouvé" la trace d'Unity Violet (et lui apprit qu'elle se faisait appeler Violett, parce qu'elle était toujours en froid avec sa famille) et ils s'étaient de nouveau rencontrés.
Quel jour merveilleux ! Elle avait été tellement ravie de pouvoir lui parler sous sa véritable identité ! Il était devenu un jeune homme séduisant et bien plus assuré qu'auparavant, alors qu'elle-même... elle s'était surtout assagie, à ses yeux, mais en faisait encore à sa tête sur certains points - comme le mariage. Elle ne lui avait toujours pas parlé de ses multiples identités et redoutait de le faire. Comment réagirait-il ? Continuerait-il de l'aimer, comme elle-même l'aimait ?
La joie illuminait le visage pâle d'Unity, une joie teintée de tristesse à l'idée du mal qu'elle allait lui faire. Au fond, c'était mieux ainsi. Elle ne pouvait pas passer sa vie à lui mentir. Quel avenir aurait-il auprès d'une femme qui passe son temps à jouer des rôles ?
Serrant doucement le poing, elle sourit à Owen.
Elle ne savait pas ce qu'il imaginait d'elle. Il n'avait sans doute pas tort de penser que son existence devait être assez lamentable, parce que travailler avec Ringalls relevait parfois du cauchemar. Mais que savait-il vraiment de la profonde Unity, celle qui se cachait derrière la battante téméraire ?
« Je crois que vous avez confondu ma vie privée avec ma vie professionnelle. »
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill contrôlait toujours tout, parce que quand on travaille dans son milieu il fallait constamment montrer qui était le maître, sinon on n’était pas crédible et on se faisait flinguer/poignarder/tabasser au coin d’une ruelle. Il était toujours sûr de lui, en confiance, il savait souvent ce qu’il fallait dire, ne pas dire, et comment se comporter.

Sauf là. Il n’y arrivait. Il avait beau dire tout et n’importe quoi, allez dans le sens d’Unity, comme allez à l’opposer, se moquer d’elle, la menacer, ou alors lui faire des avances et se comporter comme un gentleman… Elle réussissait toujours à le surprendre, à ne pas réagir comme il s’y attendait, et finalement il se sentait perdu et troublé et perdait le contrôle.
Oui Neill était lunatique et cinglé, mais encore plus avec Unity parce qu’elle n’agissait pas comme prévu.

De tout ce qu’il lui avait balancé, elle se contenta d’un simple :

- Vous avez raison.

Et c’était tout, rien que ça. Pas de colère, pas de réponses méchantes, pas de « mais bon sang fermez là vous me saoulez ». Docile comme une poupée. Il aurait dut en être heureux, après tout elle était son jouet, et elle obéissait, elle admettait même qu’il avait raison, et pourtant il se sentait mal, frustré, et son envie de vomir ne lui passait pas. Il avait la tête qui tournait aussi. Et il ne savait plus quoi dire, ni quoi faire, il espérait qu’elle ne parle plus, et qu’elle referme les yeux, mais elle ne le quittait pas du regard.

- Je crois que vous avez confondu ma vie privée avec ma vie professionnelle.

Et il réalisa qu’elle avait raison et à quel point il avait été stupide de croire qu’ils se ressemblaient. Ils n’avaient rien en commun, lui, Neill était du côté du mal, elle était du côté du bien, elle avait sûrement des gens en qui elle tenait et réciproquement, lui n’avait personne. Elle était différente des autres, quand il ne faisait qu’imiter ce qu’il avait vu. Il était faux, elle était vraie.
Et cette fois-ci ce fut trop, ses tripes ne supportèrent plus d’être nouées autant alors qu’elles n’en avaient pas l’habitude, et se sentant soudain vraiment mal, il sortit de la pièce aussi vite qu’il pu et là dans le couloir, sur les murs, il rendit tout ce qu’il avait bu et mangé. C’était immonde, affreux, et heureusement qu’il avait eut le temps de sortir parce que c’était … Trop horrible. Jamais il n’aurait voulu se montrer comme ça, devant qui que ce soit, et heureusement là il était seul (oh oui seul, complètement seul).

Il se recula et s’accroupit, essuyant d’une main sa bouche et l’autre tenant sa chemise, essayant de se calmer, de réfléchir, de respirer. Il ne s’était jamais montré aussi sensible, d’habitude les gens ne le touchaient pas, jamais. Mais Unity, Irina, Seth, peu importe, ses mots, ses réactions étaient comme du poison, s’infiltrant dans le sang de Neill et le rendant malade.

Elinor arriva en courant dans le couloir, elle avait sûrement sentit grâce au pouvoir de sa pierre que Neill n’allait pas bien.

- Neill, est ce que ça va ?
- Elinor, il faut que tu nettoies le couloir, apporte moi aussi une bassine d’eau que je me lave le visage.


La petite sœur inquiète obéit immédiatement, et revint assez vite avec ce qu’il avait demandé. Neill plutôt que de prendre la serviette et de se le passer sur le visage, plongea la tête dans la bassine d’eau froide. Espérant que ça le soigne, que ça le réveille, que ce poison s’en aille, et que ses idées soient remises au clair. Quand il sortit, il avait les bouts des cheveux mouillés, la face dégoulinante d’eau, mais ne se sentait pas mieux pour autant.

- Neill tu veux aller t’allonger ?
- Ne t'occupes pas de moi et nettoies le couloir Elinor.
- Le couloir peut attendre, dit moi que tu vas bien.


Il respira fort une fois, deux fois, puis à genoux dans le couloir, il attrapa la main de sa petite sœur et lui caressa doucement les cheveux, puis d’une voix douce et débordante de gentillesse il rassura Elinor :

- Ne t’inquiète pas, je vais bien, d’accord ? C’est juste une mauvaise nausée, mais c’est passé maintenant…
- C’est à cause d’elle !

Elle l’avait affirmé avec un ton méfiant et mécontent, pour sûr elle semblait détester Unity, et en plus elle avait raison.

- C’est vrai Elinor.
- Alors je peux me débarrasser d’elle !
- NON !


Il l’avait crié sans s’en rendre compte, pas sur un ton méchant, mais plutôt inquiet qu’elle le fasse vraiment, il connaissait Elinor, elle éliminerait tout ce qui ferait du mal à son frère.

- Elinor, ne lui fait pas de mal, d’accord ?


La jeune enfant fronça les sourcils, ne comprenant pas l’ordre de son frère, pourquoi vouloir garder en vie quelqu’un qui le faisait souffrir ?

- Elle… Est différente, ne lui fait pas de mal.


Mais soit, c’était un ordre de son grand frère chéri, alors elle acquiesça et promis qu’elle ne toucherait pas à Unity, sauf si elle osait tenter quelque chose contre lui.

- Maintenant tu peux nettoyer le mur ?


De nouveau elle dit oui, puis alla chercher le matériel pour le faire, pendant qu’il retournait dans la chambre. Pas la peine de faire celui qui n’avait rien eut, vu à la vitesse où il était sortit, il ne chercha même pas à se bâtir un masque, il se contenta de rester ce à quoi il ressemblait à ce moment là. Un garçon pâle, mouillé, et un peu malade. Il referma la porte et alla s’asseoir sur le siège, il avait trop peur que ses jambes le trahissent.
Neill resta silencieux quelques minutes, puis finalement doucement, d’une toute petite voix un peu cassé, souriant il avoua :

- D’accord Unity, tu as gagné. Je suis seul, tu ne l’es pas.


Pour qu’il admette quelque chose comme « tu as gagné », il fallait vraiment que ça soit vrai. Mais le jeu n’était pas terminé, perdre une manche, ce n’était pas les perdre toute. Et même si ça lui faisait bien mal de devoir l’admettre, il avait déjà vomis alors tout allait bien, il se sentait presque plus léger maintenant en plus.

- J’avais oublié que tu n’étais pas qu’un détective et une domestique, j’avais oublié que tu étais Unity et pas Irina ou Seth. Ou alors ça m’aurait simplement fait plaisir de croire que j’avais réellement raison. Enfin de toute façon, je finirai par tout apprendre sur toi.


Plus seulement parce qu’il voulait être le maître absolu, mais parce qu’il … était curieux de savoir.
Savoir quoi ? Son passé, son présent, ses envies, ses désirs, ses plaisirs, ce qu’elle déteste, ce qu’elle ne supporte pas (à part lui bien sûr), ce qu’elle aime manger, le mot qu’elle utilise le plus souvent. Pas en tant que Seth ou Irina, mais en tant qu’elle-même. Pourquoi elle lui paraissait si différente de tous ces cons d’humains ?
Et surtout pourquoi, oh oui pourquoi elle l’intéressait autant ? Pas comme objet ou jouet, mais comme personne…
Pas étonnant qu’il vomisse, rien que de songer un truc pareil il en était malade.

- Donc, je ferai attention de ne pas oublier. Ne mélangeons pas vie privée et vie professionnelle.


Et peut-être que si lui mélangeait c’était parce qu’il ne faisait pas la différence entre les deux. Sa vie privée était pareil à sa vie professionnelle, son boulot était d’être méchant, et il était tout le temps méchant (sauf quand il faisait semblant que non, pour mieux l’être après), et cela ne changerait pas. D’ailleurs pourquoi changerait-il ? Sa vie était très bien ainsi, il n’en voulait pas d’autres… Il voulait juste pouvoir garder Unity.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Neill l'avait très souvent surprise. D'abord furieux, il était ensuite très calme avant d'éclater de rire, et puis tout à coup il devenait sarcastique. Comment réagir face à un lunatique cinglé ? Sauf que là, ce fut le bouquet. La chose la plus imprévisible se produisit, quelque chose à laquelle elle n'aurait jamais pensé, et si on le lui avait dit, elle n'y aurait pas cru. Neill se mit à courir et sortit de la chambre en trombe. Hein ?! je répète : il vient de sortir de la chambre ! Dans le classement des réactions bizarres, celle-ci occupait la première haut-la-main. Pourquoi s'enfuyait-il donc ? Qu'avait-elle donc dit qui puisse l'effrayer à ce point ?
Un bruit étrange se fit entendre dans le couloir. Le vicomte ? Vraiment très étrange, toute cette affaire. Mais avec tout cela, Unity ne s'inquiétait pas trop pour lui. Elle commençait à peine à se sentir mieux, comme si sa fuite lui avait brusquement retiré toute douleur. Heureuse de ce constat, elle réussit à se relever et s'assit sur le bord du lit. Encore un peu convalescente, elle préféra ne pas aller plus loin. C'était suffisant comme effort, de toute façon. Elle en profita pour admirer le décor, chose qui n'était pas faisable lorsque Neill traînait dans les parages. Elle avait remarqué une profusion de rouge et ne fut pas déçue de voir que presque tout avait cette teinte écarlate. C'était... à la fois élégant et sanguinaire. La personne qui avait décoré la pièce devait vraiment adoré cette couleur, car il y en avait partout, de toutes les nuances possibles, du plus foncé au plus vif. Pas vraiment au goût d'Unity, qui préférait les tons plus sombres et plus sobres. Là dessus, Ringalls et elle était parfaitement d'accord, cela se voyait dans leur appartement. Ici, tout était trop surchargé, trop uni, trop...
« NON ! » : s'écria la voix de Neill, et Unity sursauta.
Elle s'arracha immédiatement à la contemplation du décor. A qui parlait-il ? Certainement pas à elle.
« Elinor, ne lui fait pas de mal, d’accord ?  » : fit-il d'une voix plus basse, qu'elle eut du mal à comprendre.
Elle eut la désagréable sensation que ce "lui" la désignait. Elinor, lui faire du mal ? ça semblait impossible... mais si Neill s'y opposait... Minute, je la répète : Neill s'y opposait ! Il devait vraiment être timbré pour songer à la protéger de sa petite sœur. Peut-être que cette Elinor était plus dangereuse que ce qu'elle avait cru, mais elle-même n'était pas sans ressources.
« Elle... est différente, expliqua Neill, ne lui fait pas de mal. »
Différente, Unity ? dans quel sens ? Était-ce pour cela qu'il voulait la voir, voulait être avec elle ? Sans doute. Il la voyait vraiment différente ? Bon, c'est vrai que toutes les femmes ne sont pas des détectives qui cumulent les identités et qui sont trop téméraires pour leur propre salut, mais quand même... elle n'avait jamais pensé qu'elle puisse être autrement. Ça faisait mal.
Elinor marmonna une réponse étouffée qu'elle ne comprit pas.
« Maintenant tu peux nettoyer le mur ? » : ordonna Neill.
Voilà maintenant qu'il utilisait des noms de code. A moins que...
Il était de retour dans la pièce. Tout de suite, Unity jeta un coup d'œil... oh. Maintenant, il semblait aussi malade qu'elle, pour une raison inconnue. Des gouttelettes d'eau ruisselaient sur ses cheveux et son visage, ce qui était normalement impossible à moins que le plafond du couloir ne fuie. Très très bizarre, décidément. Il s'installa sur une chaise - rouge, comme vous vous en doutez - en silence. Ni l'un ne l'autre ne parla pendant un petit mot, Unity essayant de se cantonner à cet étouffant rôle qu'elle devait jouer pour... bon, je pense que vous avez compris maintenant. Ce fut finalement lui qui se dévoua.
« D’accord Unity, tu as gagné. Je suis seul, tu ne l’es pas. »
Pardon ? Mais pourquoi disait-il ça alors qu'elle venait de sortir il y a peu de temps qu'elle l'approuvait ? Décidément, il ne suivait pas la moindre ligne de conduite. Que quelqu'un comme Neill lui dise qu'elle avait gagné, c'était assez effrayant. Enfin, il devait être sacrément bouleversé pour qu'il se montre aussi pitoyable.
« J’avais oublié que tu n’étais pas qu’un détective et une domestique, continua-t-il, j’avais oublié que tu étais Unity et pas Irina ou Seth. »
En même temps, il ne la connaissait pas vraiment sous sa vraie identité. Il n'avait fait qu'entrevoir son vrai caractère, une flamme vivante qui dévorait tout sur son passage. Mais pourquoi lui cherchait-elle une excuse ? Instinct maternel, sans doute ; vous ai-je déjà dit que celui d'Unity est extrêmement développé ? (Il suffit de la voir avec March) A cet instant précis, Neill ressemblait vraiment à un gamin chamboulé. Ridicule. Il était peut-être plus jeune qu'elle, mais pas au point de ne pas savoir s'occuper tout seul de lui-même. Là voila donc tiraillait entre sa haine pour le vicomte et son envie de le couver comme un gosse. Sacrée Unity, quand même...
« Ou alors ça m’aurait simplement fait plaisir de croire que j’avais réellement raison. Enfin de toute façon, je finirai par tout apprendre sur toi.  »
Et réciproquement, elle l'espérait. Toujours connaître son ennemi à la perfection.
« Donc, je ferai attention de ne pas oublier. Ne mélangeons pas vie privée et vie professionnelle. »
Alors elle lui sourit. Elle fit celle qui regagnait confiance en soi, celle qui commence à se dire que le Grand Méchant Loup n'est peut-être pas si terrible que cela. Bien sûr, ce revirement de situation ne jouait pas vraiment en sa faveur. Peu importait, du moment qu'elle reprenait le masque à l'extérieur. Là, elle allait jouer le juste milieu. Un peu des deux, en fait. La flamme d'Unity reprendrait légèrement, encore fragile mais bien présente. Oui, pourquoi pas, après tout ?
Mal assurée, elle se leva. Elle avait envie de rire en voyant dans quel état lamentable ils étaient tous les deux. Encore un peu, et on se serait crus dans un hospice. Mais elle ne le faisait pas : cela ne lui plaisait pas vraiment de se comparer à lui. Qu'est-ce qu'il pouvait la dégoûter quand même, cet être insensible qui la considérait comme un jouet ! Mais en même temps, il y avait cet instinct maternel qui s'était éveillé en le voyant rentrer dans la chambre. Elle s'approcha de Neill et se planta devant lui.
« Je crois que c'est ça, votre erreur, murmura-t-elle. Enfin, une de vos erreurs. »
Qu'il prenne cela comme il le veut. Elle savait bien qu'il considérait que sa vie était parfaite, mais il se trompait. On ne pouvait pas s'engager sur une telle voie sans avoir une bonne raison de le faire. L'amusement, par exemple. Mais il ne fallait pas que le travail empiète sur toute votre vie, c'était néfaste. Elle avait failli commettre cette même erreur, lors de ses débuts en tant que détective. Pas facile de jongler entre toutes ces identités sans se perdre soi-même. A présent, elle avait atteint un équilibre, une stabilité qu'il était venu bouleverser. Elle aussi commettait des erreurs, c'était humain. C'était bien la première fois qu'elle songeait à appliquer ce qualificatif à Neill.
Elle leva une main - hourra, elle ne tremblait plus ! - vers la tête du vicomte et commença à ébouriffer ses cheveux, un drôle de sourire sur les lèvres. Et après, elle accuse le vicomte d'être lunatique... mais elle est aussi imprévisible que lui. Elle le regarda droit dans les yeux, sans la moindre once de moquerie ou de méchanceté, juste sa générosité, celle qui n'exigeait rien en retour, pas même un remerciement. C'était ça, son instinct maternel. Et puis elle le réfréna, et se rendit compte de son geste. Elle retira brusquement sa main, comme si elle s'était brûlée, et perdit son sourire. Et voilà. Elle avait perdu le contrôle d'elle-même.
Un peu troublée, elle lâcha :
« C'est tellement dommage que vous soyez ce que vous êtes, vous savez. Je ne sais même plus quoi faire. Vous êtes vraiment imprévisible, Owen. »
Elle retourna s'asseoir sur le lit. Elle sentait encore ses cheveux sous sa paume. Bizarre, quand même, comme le contact pouvait être plus agréable quand c'était elle qui le désirait.
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Un sourire. Un simple sourire, banale, juste des lèvres étirés sur un visage. Alors fallait qu’on explique à Neill pourquoi ce fichu sourire qui ressemblait à n’importe lequel lui faisait écarquiller les yeux et lui donnait envie de voir Unity sourire.

Il devenait fou, mais pour de vrai cette fois-ci, ce n’était pas une folie contrôlé, c’était au contraire quelque chose qui s’emparait de lui et dont il n’arrivait pas à se débarrasser, et sur lequel il n’arrivait pas à mettre des mots. C’était à la fois agréable et amusant, mais surtout terriblement effrayant parce qu’inconnu et qu’il ne réussissait pas à se défendre contre ça.

Finalement elle se leva, avança vers lui, et s’arrêta. Comme ça il devait lever les yeux pour la regarder, elle le dominait et ce n’était pas logique puisqu’il était le maître du jeu, mais il ne bougeait pas. Neill aurait voulu avoir un air moqueur, il n’arrivait qu’à la regarder bêtement.

- Je crois que c'est ça, votre erreur. Enfin, une de vos erreurs.

Hein ? Quoi donc ? Il n’avait pas tout suivit, et il… Bon sang pourquoi avait-il l’impression que ses yeux rouges l’hypnotisaient. Non se concentrer, sur ses erreurs, sur son erreur, quelles étaient-elles ? Juste avant ils parlaient… De quoi déjà ?

Elle était charmante Unity, il avait déjà remarqué ça avant. Il l’aimait bien sans sa perruque, il la préférait même comme ça, naturelle. Avec son bandage, ça lui donnait un air un peu bancal, un peu fragile, terriblement mignonne… MAIS ce n’était pas le sujet.

Il devait se concentrer, penser à ce qu’elle lui disait, puis lui renvoyer une remarque sarcastique, alors elle s’énerverait, ils se disputeraient et il montrerait à quel point il est fort, et méchant, et qu’il deviendra son maître et qu’elle sera son jouet. Voilà comment cela devait se passer. Oui se…

Concentrer…
………
…………..
……………………………………………………………….

Un vide dans sa tête tout à coup comme si tous ses neurones s’étaient déconnectés en même temps, Unity venait de passer sa main dans ses cheveux et de les ébouriffer. Il ne rêvait pas, il sentait la sensation sur sa tête, d’une douceur qu’il n’avait jamais connu et qui le faisait bugué comme s’il avait été un ordinateur.
Non Neill n’était pas du genre sensible, sauf que voilà, depuis le début il ne se passait que des trucs complètement irréels, il avait déjà du mal à suivre au point d’aller en vomir dans le couloir, et maintenant ça…
Et puis faut bien reconnaître que jamais personne ne lui avait ébouriffé les cheveux, sûrement que les gens avaient trop peur, ou trouvait ça trop infantile, stupide, ridicule, et sans doute que si n’importe qui d’autre qu’Unity avait essayé, il l’aurait tué.
Mais là…

Non il devait se reprendre, se ressaisir et… Pourquoi arrêtait-elle ? Il aurait voulu qu’elle continue. Non il ne voulait pas, si il voulait, non, si, non.

*Sortez de ma tête pensés bizarres*

Respirer doucement, reprendre son calme, ne pas oublier qui il est, ce qu’il est, ce qu’il fait. Neill Owen petit enfoiré, grand démon, méchant vilain, voilà. C’était très bien ça, alors il fallait qu’il se lève, qu’il mette fin à cette mascarade à coup de moqueries, et de sarcasmes, et tout irait pour le mieux. Et puis, il n’eut pas le temps.

- C'est tellement dommage que vous soyez ce que vous êtes, vous savez. Je ne sais même plus quoi faire. Vous êtes vraiment imprévisible, Owen.

Elle parlait d’imprévisibilité, elle ? Et d’ailleurs s’il était comme ça, elle en était la seule responsable. D’habitude oui il était méchant, fou, lunatique, mais pas à ce point, jamais à ce point. C’était cette fille qui lui faisait faire n’importe quoi depuis le début, il était temps que ça cesse.

Il se leva donc d’un coup et alla se placer devant elle, comme elle l’avait fait plus tôt. Voilà, les rôles étaient rétablis, c’était Unity qui devait lever les yeux pour le regarder et non l’inverse.

- Que je sois quoi ? Tu aurais voulu que je sois gentil c’est ça ? Une sorte de type sympa et chiant à mourir… Très peu pour moi.

Non jamais il ne serait gentil, il serait sûrement mort bien avant de faire quelque chose de bien de toute façon.

- Tu es celle qui est imprévisible, Unity. Tu me rends dingue.

Voilà lui montrer qui était le maître ici, et qui était le jouet.
Attendez… Minute.
Son jouet lui avait ébouriffé les cheveux, ne le détestait-elle donc pas tant que ça ? Il avait peut-être encore une chance de la séduire alors et…
Ce n’était absolument pas parce qu’il voulait encore sentir cette main dans ses cheveux, encore, encore et encore, juste parce que ce serait amusant de la voir succomber. Bien sûr.

Cet abruti, évidemment qu’il mourrait d’envie qu’elle passe encore sa main dans ses cheveux, mais plutôt crever que de l’admettre, il était un peu comme un chat qui n’est pas rassasié de ses caresses de la journée, mais qui fait mine qu’il s’en tape. Pourtant s’il avait pu, il aurait posé direct sa tête sur ses genoux pour qu’elle …

*Je ne laisserai jamais un truc pareil se produire*

Pour qu’elle s’occupe un peu de lui, et rien que de lui. Mais comme il ne savait pas comment s’y prendre, il se mit à agir comme un véritable idiot.

- Pourquoi soudainement tu me touches ? Peut-être que tu veux que je te rende l’appareil ?

Et voilà, c’était nul, il draguait au lieu de simplement demander « s’il vous plaît mademoiselle, prenez soin de moi ».

*De toute façon je n’ai absolument pas envie qu’elle me touche, je veux juste m’amuser*

Ben voyons.

- Ce serait amusant, qu’on joue à un autre jeu.

Et il se pencha vers elle, appuyant ses mains sur le lit, l’air séducteur, mais quasi désespérant. Il semblait dire « je vais m’amuser avec toi », alors qu’en fait il ne voulait qu’une chose, un simple geste, rien de grave, qu’elle repasse sa main dans ses cheveux. C’était tout.
Mais il était trop fier, trop orgueilleux, trop ignorant, puis trop stupide…
Elle ne le saurait sûrement jamais.
Tant pis pour lui.

Après tout, un démon ne méritait pas la tendresse.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Ouf. Encore un peu et ses jambes allaient lâcher et...
Neill s'était levé à son tour et s'était posté devant elle. Pour changer. Ça allait finir par devenir une habitude. Enfin, cela ne la dérangeait pas tant que ça, pour cette fois, vu qu'elle était incapable de tenir debout. Pour cette fois uniquement, bien sûr...
« Que je sois quoi ? Tu aurais voulu que je sois gentil c’est ça ? Une sorte de type sympa et chiant à mourir… Très peu pour moi. »
Elle ne put s'empêcher de rire. Pas à ce point, quand même. C'est sûr que si elle avait pu choisir dès le départ, cela aurait fait partie de ses préférences. Mais quitte à partir de la personnalité de Neill, elle l'aurait préféré un peu moins moqueur et un peu plus honnête. Entre autres, vu que dans l'idéal, il aurait au moins la décence de ne pas monter un jeu diabolique de meurtres pour la faire venir ; et il n'aurait jamais cette tête de gamin qui la poussait à vouloir s'occuper de lui, à essayer de lui montrer tout ce qu'il avait raté dans sa vie et qui était encore accessible à ce stade. Face à lui, tel qu'il était, elle ne savait ce qu'elle attendait de sa part. Elle ne savait même pas comment il allait réagir, la plupart du temps.
« Tu es celle qui est imprévisible, Unity. Tu me rends dingue. »
Ouf. Elle n'était pas la seule qui croyait devenir folle. C'était même assez marrant qu'il pense la même chose qu'elle. Encore que pour elle, être imprévisible, c'était un peu une protection. Si elle avait toujours agi comme il s'y attendait, elle se serait sans doute fait impitoyablement écrasée. L'horreur. Qu'il n'aille pas s'en plaindre, après : n'était-ce pas ce qu'il avait recherché ? N'était-ce pas pour cela qu'il avait envie de la voir ? Parce qu'elle était différente, parce qu'elle osait faire ce que nul autre n'aurait espéré envisager, parce qu'elle refusait d'agir autrement que comme elle voulait. Parce qu'elle n'avait pas peur de ce qu'il pourrait lui faire.
« Pourquoi soudainement tu me touches ? Peut-être que tu veux que je te rende l’appareil ? »
Sous le coup, elle perdu toute trace de joie et de douceur, et son regard se durcit. Ah oui. Quel idiot, franchement. Il n'y avait que lui pour casser un tel moment. Elle qui croyait qu'elle avait à peu près réussi à briser la glace et à obtenir un répit, mais non. Il fallait qu'il reprenne ses vieilles habitudes de démon. Soit. C'était ce qu'il était, après tout. Et Unity n'avait plus la moindre envie de caresser ses cheveux. Hé, elle ne pouvait pas deviner que c'était juste ce qu'il voulait ! Il s'y prenait très mal, il ne comprenait pas comment elle fonctionnait. Imprévisible, mais il était facile d'obtenir quelque chose d'elle. Elle ne demandait qu'à donner - pas vraiment à lui, mais c'était de sa faute, il n'avait pas à se comporter ainsi ! En tout cas, une chose était sûre.
Cette nouvelle approche ne lui disait rien qui vaille.
Elle détourna le regard, soudainement déçue par ce revirement de situation, comme si elle se sentait blessée par ce comportement. C'était un peu le cas. Tout ce que faisait Neill avait tendance à être blessant, de toute façon. Entre railleries qui frappaient juste là où ça faisait mal, empoignades qui manquaient cruellement de délicatesse et accès de colère particulièrement virulents, il y avait de quoi se transformer en petit animal craintif. Elle ne comprenait que trop ses victimes. Heureusement qu'elle, elle avait un objectif : sa chute. Qu'il tombe de son piédestal, qu'il subisse ce qu'il avait fait aux autres, qu'il crève dans l'indignité. Ça, c'était un fait. Et heureusement aussi qu'il semblait avoir besoin d'elle...
« Ce serait amusant, qu’on joue à un autre jeu. » : annonça Neill.
Et elle comprit tout de suite à quel jeu il pensait.
Il s'était penché vers elle, très suggestif. Elle ne le regardait pas, mais elle sentait sa présence. Il était proche. Trop proche. Ce n'était pas qu'il n'était pas séduisant, ça non. Sans être magnifique, il avait un charme indéniable. Mais cela ne pouvait suffire. Il manquait le fond, dans tout cela. Jamais Unity ne pourrait être attirée par quelqu'un comme lui, surtout vu qu'elle savait que tout n'était un jeu pour lui. Et puis, d'autres personnes se bousculaient déjà pour ravir son cœur.
Très doucement, elle s'éloigna de lui. Comme ça, sans un mot. Elle se réfugia au centre du lit. Décidément, toutes les circonstances semblaient s'être mise d'accord : une chambre rouge, vraiment ! De toute façon, elle ne voyait pas pourquoi il faisait ça. Il y avait une différence énorme entre vouloir que quelqu'un vous rendre visite et vouloir séduire ce quelqu'un. En fait, elle avait l'impression d'être à la place de Goldigger, sauf qu'elle voyait bien plus clair dans son jeu. Enfin, clair... elle ne comprenait pas ce qu'il attendait d'elle. Certainement pas qu'elle se laisse séduire. Mais quoi ? Cela la laissait perplexe, et Unity n'aimait pas nager dans l'incompréhension.
« Vous aviez raison, fit-elle remarquer d'une voix sans ton. Vous essayez tout, même le pire. »
Et pan ! voilà qu'elle lui renvoyait une de ses paroles à la figure. Pourquoi pas, après tout ? C'était bien ce que lui-même faisait. Sauf qu'elle n'avait pas la moindre envie de se moquer de lui. Il lui faisait toujours penser à un enfant, avec sa tête de malade et son teint un peu pâlot. Elle n'avait peut-être plus envie de le materner, mais elle continuait à croire qu'il n'était qu'un gamin en mal d'affection.
Elle croisa son regard. Elle ne réussit pas à déchiffrer les émotions qui l'habitaient, si on appelait ça des émotions dans son cas. Un mélange de données contradictoires, paradoxales : voilà ce qu'elle voyait. Ce qui renforça son trouble à elle. C'était bien la première fois qu'elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle lisait dans les yeux de quelqu'un. D'habitude, c'était simple : il était surtout fou et sadique. Mais cette fois ? Qu'est-ce qu'il voulait, bon sang, qu'est-ce qu'il voulait ? Pas qu'elle tombe dans le panneau. Mais quoi ?
« Mais regardez-vous, Owen, vous avez quel âge ? Vous êtes trop jeune pour jouer à ce jeu-là avec moi. »
Son âge, elle le connaissait plus ou moins. La vingtaine, peut-être un peu moins. Bon, ça devait faire qu'il avait au minimum six ans de moins qu'elle. Au fond, ce n'était pas vraiment un problème. Unity était plutôt en train de le taquiner. Elle se doutait bien qu'il avait dû coucher avec des gens que même elle considérerait comme vieux. Il n'empêche, c'était vraiment un très jeune homme. Et il allait sans doute le prendre mal, aussi s'empressa-t-elle d'ajouter :
« Je plaisante. Ce n'est pas ça le problème. »
Comment lui expliquer ce que lui-même refusait d'admettre ? Lui dire que ce n'était pas ce qu'il voulait lui, et qu'elle non plus n'en avait pas envie ? Elle n'avait pas hésité à lui dévoiler sa solitude, à lui jeter au nez sa faiblesse. Et il avait très mal réagi, apparemment, ça l'avait rendu malade. Il n'était peut-être pas aussi solide que ce qu'il croyait, et elle n'était pas assez cruelle pour en rajouter une couche, même s'il était bien la personne la plus détestable qu'elle ait jamais rencontrée. Réagir vivement, ce n'est pas être méchante. Sans compter que là, elle se contrôlait. Si elle s'était lâchée, elle lui aurait sans doute hurlé dessus et aurait cherché par tous les moyens à lui prouver qu'il n'était qu'un imbécile pour avoir seulement osé songer qu'il avait le droit de la séduire. Mais non. Un peu de doigté emprunté à Irina et Seth ne faisait pas de mal.
« Vous confondez encore vie privée et vie professionnelle. »
Oui. Voilà qui était mieux. Elle le lui avait déjà dit, ça. Et ce n'était pas encore trop virulent pour lui. Voilà qu'elle prenait des pincettes avec Neill, franchement, quelle ironie cette foutue vie...
« Je ne suis pas venue pour vous faire plaisir, je suis venue parce que mon travail l'exigeait. La première fois, à Buckingham, c'était aussi le cas, sinon, je ne vous aurais pas approchée - je ne serais même sortie de chez moi, en fait. Quand vous êtes venu chez Tareth, là encore, je bossais. Vous voyez ce que je veux dire ? Vous appartenez à ma vie professionnelle, Owen, sauf que je ne vous traite pas comme un collaborateur parce que vous m'y obligez. C'est bien vous qui voulez que je sois votre jouet, je me trompe ? »
Elle avait dit ça d'une traite, sans reprendre son souffle, sans lui laisser le temps de l'interrompre ; le tout, avec calme et délicatesse. Seule la dernière phrase avait été relevée d'une pointe d'amertume. Ouais, ce n'était certainement pas elle qui avait eu cette idée saugrenue.
« Moi aussi, j'ai tendance à les mêler, parfois. Je n'aurais jamais dû vous toucher, mais... vous aviez l'air fragile. C'était émouvant, je trouve, j'adore ça. Alors excusez-moi de vous avoir ébouriffé les cheveux, ça ne se reproduira plus. »
Si elle savait que c'était justement ce que Neill voulait, qu'elle recommence... elle aurait trouvé cette scène encore plus attendrissante.
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Y voudrait pas vieillir, et pour jamais vieillir, y sait qu’y doit crever.

Unity n’était pas réceptive à ses avances, tout d’abord elle détournait le regard et ensuite elle se reculait s’asseyant au milieu du lit, loin de lui. Neill s’en trouva frustré, mais quelque part il se doutait que jamais elle ne marcherait dans ce jeu là. Après tout, elle le détestait, alors elle n’allait pas se jeter dans ses bras aussi facilement et ce n’était pas un petit sourire et un mignon regard qui allait y changer quelque chose.
Il avait déjà été meilleur dans ce jeu là, ça c’était certain, mais aujourd’hui il était troublé, bizarre, et perdait ses airs sûr de lui. Comme si un virus était entré dans son corps et foutait le bordel dans ses pensés, ses manières, ses envies.
Il la regardait, mais ne cherchait pas à avancer, il semblait ne même pas avoir la volonté de faire un geste, comme s’il admettait déjà la défaite.

- Vous aviez raison. Vous essayez tout, même le pire

Il baissa les yeux, et fixa le lit, comme s’il se repentait d’être aussi horrible, méchant, blessant, comme s’il avait envie qu’elle le pardonne d’être aussi nul. Bon pas vraiment en fait, peut-être que pour lui c’était juste un jeu, une manière de dire « allez sois cool, sois sympa, je suis mignon et faible, je rends les armes », enfin normalement c’est comme ça qu’il aurait agis pour obtenir ce qu’il voulait. Sauf que là, il baissait vraiment les yeux, parce qu’il se sentait presque mal de ce qu’elle lui disait.
Faux, il n’essayait pas tout, il n’essayait pas les sentiments d’amitié ou d’amour, il n’essayait pas l’honnêteté, la gentillesse (la vraie), mais le pire oui, ça… De la drogue au meurtre en passant par le vol, le deal, le mensonge, l’hypocrisie, la violence, le chantage etc. etc.

- Mais regardez-vous, Owen, vous avez quel âge ? Vous êtes trop jeune pour jouer à ce jeu-là avec moi

Trop jeune ? Y avait-il seulement un âge pour ce genre de jeu ? Il ne serait jamais trop jeune, parce qu’il ne vivrait jamais vieux, il le savait, et de toute façon n’avait aucun désir à vivre longtemps. En fait s’il avait pu toujours avoir dix neuf ans, ça lui aurait bien plu ça, ou peut-être pas, s’il l’avait désiré vraiment, une pierre se serait incrusté en lui quand il l’aurait touché, et cela n’arrivait jamais parce qu’il n’avait aucun désir (cela prouvait-il qu’il était vide, ou qu’il avait déjà tout ?).
Mais Unity se rattrapa :

- Je plaisante. Ce n'est pas ça le problème.

Alors quel était-il ? Savait-elle combien de femmes ou même d’hommes auraient voulu être à sa place à cet instant, quitte à tout donner à Neill, quitte à tout perdre… Mais Unity n’était pas facile à avoir, et c’était ça qui était bien non ? C’était après tout ce qu’il trouvait amusant, et ce pourquoi il avait voulu faire d’elle son jouet.
Parce qu’elle ne faisait jamais comme les autres, parce qu’il avait tout à découvrir d’elle. Si là maintenant elle s’était laissée faire, sûrement que le vicomte se serait lassé tout de suite, et qu’au fond de lui sans l’admettre, il ne désirait qu’une seule chose : qu’elle le repousse, lui dise non, et que le jeu dure encore, encore et encore.
Et qu’elle passe sa main dans ses cheveux.
Juste un peu.

Il avait toujours les yeux baissés et finalement ce n’était peut-être pas plus mal, puisque la suite le brisa, au point qu’il eut l’impression d’entendre chaque partit de son corps se mettre à craquer alors qu’il n’avait pas bougé d’un pouce.

- Vous confondez encore vie privée et vie professionnelle. Je ne suis pas venue pour vous faire plaisir, je suis venue parce que mon travail l'exigeait. La première fois, à Buckingham, c'était aussi le cas, sinon, je ne vous aurais pas approchée- je ne serais même sortie de chez moi, en fait. Quand vous êtes venu chez Tareth, là encore, je bossais. Vous voyez ce que je veux dire ? Vous appartenez à ma vie professionnelle, Owen, sauf que je ne vous traite pas comme un collaborateur parce que vous m'y obligez. C'est bien vous qui voulez que je sois votre jouet, je me trompe ?

Quelqu’un avait dit un jour que la langue était la meilleure et la pire des choses, parce qu’on pouvait dire les belles plus choses comme les plus blessantes, et Neill ne le savait que trop bien, lui qui utilisait les mots pour manipuler, les sarcasmes et moqueries pour toucher, d’habitude il était celui qui faisait mal et il en était fier, heureux même, il adorait ça. Aujourd’hui, il avait l’impression qu’on le punissait en lui montrant ce que ça faisait d’être à la place de ceux qui recevaient ses saloperies en pleines figures. Et encore, Unity était sympa, elle s’était exprimé calmement, alors qu’elle aurait pu lui hurler dessus des insultes (mais ça l’aurait sans doute beaucoup moins touché).
Le voilà prit à son propre piège, il était celui qui voulait qu’Unity soit un jouet, et maintenant elle lui renvoyait. Il n’appartenait pas à sa vie, elle était là ouais mais par obligation, tout cela n’était qu’un boulot. Ça n’avait rien de personnel, il suffirait qu’il arrête de jouer et elle l’oublierait aussi vite, parce qu’il ne faisait partit que de la vie professionnelle, autant dire que dalle quoi.
Les gens ce qu’ils retenaient s’étaient leurs familles, leurs amis, jamais leur boulot. On ne lui avait jamais dit « ne me tue pas, j’aime trop mon travail », jamais.
Pas qu’il aurait voulu qu’elle l’apprécie, il s’en fichait, juste qu’il avait espéré avoir une place quelque part en elle, dans son monde, tout comme elle en avait une en lui (sans qu’elle ne le désire en fait). S’il la voyait comme un jouet, elle ne le percevait que comme un truc sur sa route, ce n’était pas beaucoup mieux, c’était peut-être même pire, parce que lui pensait à elle, quand elle avait déjà quasiment oublié son existence.

Ce n’était pas fini…

- Moi aussi, j'ai tendance à les mêler, parfois. Je n'aurais jamais dû vous toucher, mais... vous aviez l'air fragile. C'était émouvant, je trouve, j'adore ça.

Tout d’abord, elle l’avait trouvé fragile, ce fut une révélation horrible pour lui. Il n’aurait pas supporté que quelqu’un d’autre l’ait vu comme ça, et si c’était arrivé jamais il ne l’aurait laissé en vie. Ensuite elle ajouta « émouvant », disant même qu’elle adorait ça. Comment était-ce possible ? Parlait-elle bien de lui, Neill Owen, sale démon enfoiré de son espèce ? Il avait du mal à y croire, comment avait-elle pu penser un truc comme cela ? Tellement… Tellement…
Non jamais il ne voulait paraître fragile ou émouvant (ou juste pour séduire mais à ce moment là c’était voulu).

Les dernières paroles d’Unity finirent de l’achever :

- Alors excusez-moi de vous avoir ébouriffé les cheveux, ça ne se reproduira plus.

Une énorme déception s’abattît sur lui, comme si tout un coup un gros rocher lui était tombé dessus et qu’il avait du le soulever à la force de ses épaules. Tout ce qu’il désirait vraiment, il ne l’aurait plus jamais, et elle s’en excusait en plus.

*Bien sûr je ne le désirais pas vraiment … Mais…*

Mais il le voulait c’était tout, et il l’avait perdu. Tant pis pour lui, bien fait pour lui, même.
Ses jambes ne résistèrent pas au poids de cette nouvelle, et il se laissa glisser, tombant à genoux sur le sol, posant sa tête dans ses bras sur le lit. On aurait presque pu croire qu’il allait se mettre à pleurer, évidemment ce ne fut pas le cas, c’était Neill quand même.

Il avait besoin de faire le vide, de ne plus penser à rien, de se retrouver lui-même, ses moqueries, sa méchanceté. Ce cinéma avait assez duré, il voulait bien être troublé quelques minutes, mais fallait pas abuser non plus, de toute façon il avait bien compris qu’il n’obtiendrait pas ce qu’il voulait, il n’était pas fait pour ce genre de choses, les caresses, la tendresse, c’était bien pour les autres, les faibles, les minables qui crevaient minablement après une vie minable et sans intérêt. Lui, il n’avait jamais eut ça, et puisque ça lui était interdit, c’était qu’il n’en avait pas besoin.
Il éteignit donc tout ce qui s’était allumé ces dernières minutes, les sentiments qui l’avaient chamboulé, les envies qui étaient nées, il enfonça ça profondément quelque part où il ne les retrouverait pas, et c’était mieux comme ça.

Doucement, il se releva, il avait retrouvé ses couleurs, son air sûr de lui, son regard froid, son sourire moqueur, il était redevenu le démon qu’il était et qu’il aurait dût être toujours. Surtout pas fragile, surtout pas émouvant, un type qui se fichait bien de cette main dans ses cheveux (ou pas, mais bon).

- Tu as raison, ça ne se reproduira plus.

Dernier sursaut de la part de cette maudite envie, puis il la fit disparaître complètement.

- J’ai dix neuf ans, c’était bien ça la question ? Et toi ? Ton âge, le vrai, pas celui d’Irina.

C’était plus un ordre qu’une question, je te donne mon âge à toi maintenant, comme s’il l’ignorait totalement alors qu’il avait son vrai prénom.

- Oui. Tu es mon jouet. Et rien que ça.

Il insista sur ce dernier point, pas forcément pour elle, mais surtout pour se convaincre lui, oublier qu’à un moment il l’avait vu comme une vraie femme.

- Et je ne suis ni fragile, ni émouvant, là-dessus tu fais erreur. Tu l’as dis non ? Et moi aussi d’ailleurs. Je suis capable du pire, et je n’ai pas encore tout essayé. Par exemple la torture d’animal, la destruction complète d’une ville, ou … Le viol.

Il avait dit ça presque en riant, sauf le dernier mot sur lequel il avait insisté exprès, tout en posant un genou sur le lit. En vérité, il n’avait absolument aucune envie de violer qui que ce soit, surtout pas Unity. Il ne trouvait en ça rien d’amusant, il préférait une proie soumise, parce qu’il y avait un jeu autour, il fallait essayer de la séduire, la faire tomber, et parfois cela s’annonçait plus compliqué que prévu, c’est dans ces moments là que c’était amusant. Le sexe en lui-même, c’était agréable, sans plus. Aussi le viol ne l’intéressait absolument pas.
S’il avait dit ça, et fait un geste équivoque alors qu’en fait il ne la toucherait pas contre son gré, c’était juste parce qu’il voulait voir sa réaction, se moquer encore d’elle, un peu, puis surtout lui montrer qu’il avait le pouvoir.
Elle était chez lui, sur le lit de sa mère, dans une pièce dont la porte était fermée, et personne ici ne viendrait la secourir, en plus elle était blessée, et ne semblait pas avoir la force de s’enfuir.
Il était gagnant, la partie reprenait.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Elle le vit glisser du lit, tomber à genoux et se prendre la tête entre les bras. Oh oh. Elle avait voulu être sympathique, mais apparemment, elle y était allé un peu fort. Pauvre petit Neill, il avait l'air si anéanti après son discours. Elle se sentit coupable. Elle aurait presque été lui ébouriffer les cheveux - et si cet idiot n'avait pas eu l'idée de redevenir le vicomte maléfique, elle l'aurait fait et il aurait été tout content ; mais non, il a fallu qu'il n'en fasse qu'à sa tête - de lui murmurer des mots gentils, pour l'aider à se sentir mieux, pour lui montrer qu'il n'était pas trop tard. Elle ne pouvait lui promettre une place dans sa vie privée, parce qu'elle savait ce qu'il était, ce qu'il était capable de faire, elle serait incapable de le supporter. Comment lui expliquer qu'elle attendait de ses proches qu'ils la respectent et évitent de se moquer d'elle pour le simple plaisir de s'amuser ? Il serait sans doute incapable de concevoir une vie normale, avec des amis, un amour et des connaissances que l'on ne dénigre pas. Pour lui, c'était presque râpé.
Elle voulait aller le réconforter, mais soudainement, elle fut coupée dans son élan. Neill s'était relevé, mais il n'avait plus rien de l'être humain qu'elle venait d'apercevoir quelques instants auparavant. De nouveau ce sourire moqueur aux lèvres, cette arrogante confiance en lui, ses yeux d'une froideur diabolique. Le Neill qu'elle avait toujours connu était de retour, impeccable, comme si rien de tout cela ne s'était passé. S'était-il joué d'elle ? Avait-il percé sa carapace, compris ses points faibles et les avait-il exploités ? Tout cela n'était-il qu'une comédie dans laquelle elle était foncée tête baissée ? Elle regretta sincèrement de ne pas s'en être tenu au rôle de poupée brisée. Au moins, elle n'aurait pas eu tant cette impression de s'être fait avoir. Là, elle avait l'impression de s'être trop dévoilé, plus que ne le devait une relation professionnelle. La bonne blague ! elle avait déjà commencé à l'insérer dans sa vie privée, avec son envie de le remettre sur le droit chemin, de l'aider à s'ouvrir au monde qui l'entourait, à reprendre confiance en l'humanité. Mais là, à cet instant précis, elle le regrettait. Elle était d'ailleurs déçue de penser quelque chose de pareil à propos d'un démon comme lui. Il ne méritait pas le droit chemin. Il méritait de souffrir.
« Tu as raison, ça ne se reproduira plus. » : affirma-t-il.
Elle se réjouit silencieusement de ne pas l'avoir touché de nouveau, malgré l'envie qu'elle avait de le réconforter. Oh, oui, il se serait bien moqué d'elle. Il devait déjà bien s'amuser. Elle n'eut pas besoin d'inventer l'air blessé qui jaillit sur son visage. Il l'avait touchée bien trop profondément, et le coup était dur, très dur. Soudain, elle n'eut pas la moindre difficulté à reprendre ses habitudes de brisée. Elle était à deux doigts de la rupture, là.
« J’ai dix neuf ans, c’était bien ça la question ? Et toi ? Ton âge, le vrai, pas celui d’Irina. »
Elle ne répondit pas. Dix-neuf. Encore pire que ce qu'elle avait imaginé. Il lui semblait presque impossible qu'un jeune homme à peine sorti de l'adolescence puisse être aussi pourri de l'intérieur, aussi diabolique. Elle encore, elle avait été récupérable. On avait pu la sauver. Mais lui ? Elle avait la désagréable sensation que l'histoire s'était répétée, mais en pire. Bien pire que ce qui lui était arrivé. Sans compter qu'elle n'avait rien d'un Ringalls qui savait s'y prendre pour sauver un jeune en mauvaise posture. Elle, elle était perdue. Incapable de rien, sinon de rester les bras croisés et de le regarder s'enfoncer dans le mal.
« Oui.»
Oh oh. Cette manière qu'il avait d'appuyer sur ce mot n'avait rien de bien rassurant. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir approuver ? Et surtout, qu'est-ce qui la ferait craquer elle ?
«Tu es mon jouet, lâcha-t-il. Et rien que ça. »
Ah, oui. Là, il avait touché le gros lot.
Elle se sentit pâlir brusquement. Son visage devait avoir pris un teint cadavérique. Ouille. Ça, ça faisait TRES mal. C'était la confirmation de tout ce qu'elle craignait. Il n'avait fait que jouer. Il n'avait fait qu'endosser un masque d'enfant, trop réaliste pour qu'elle puisse déceler l'illusion, et l'avait forcé à le traiter comme un être humain. Le pire, c'est que cela avait marché comme sur des roulettes. Elle ne demandait que ça, à le voir sous un jour plus positif, à essayer de le sortir de ses ténèbres, à l'aider. Et lui qui en fait ne jouait qu'un rôle particulièrement réussi, qui ne pensait à rien de ce qu'il lui disait ! Comme il devait se moquer d'elle, à présent. C'était trop. Elle se laissa tomber sur le dos et ramena ses jambes près d'elle. Oh oui, elle avait envie de mourir, à présent. Elle avait hâte que son suicide soit la première pierre de l'édifice qui marquerait sa chute. C'était tout ce qu'il méritait. Ce serait sa vengeance à elle pour tout le mal qu'il pouvait lui faire.
« Et je ne suis ni fragile, ni émouvant, là-dessus tu fais erreur. Tu l’as dis non ? Et moi aussi d’ailleurs. Je suis capable du pire, et je n’ai pas encore tout essayé. Par exemple la torture d’animal, la destruction complète d’une ville, ou …»
C'était officiel : Unity avait envie de se terrer quelque part, là où il ne pourrait plus la voir. Une erreur ? A ce stade-là, c'était carrément une faute critique. Un échec. Elle n'aurait jamais pensé qu'il pourrait être aussi bon qu'elle - mais c'était pire, il était meilleur manipulateur.
« Le viol. »
Hein ? Il n'était quand même pas sérieux ? C'était quoi, ce sous-entendu minable ? Il n'était quand même pas sérieux. Pourtant, rien qu'à le voir, on aurait dit que... si.
Bon sang, il ne manquait plus que ça...
Elle prenait conscience de sa situation. Un peu malade, elle n'avait pas la moindre chance face à la force brute de Neill. Elinor n'arrangerait pas la situation, quant à s'enfuir, elle ne tenait pas très bien sur ses jambes, elle n'irait pas loin. C'était hors de question qu'elle se ridiculise face à lui... enfin, plus que ce qu'elle avait déjà fait. Maudite vie, comme si elle n'avait pas assez d'ennuis comme ça. Elle resta immobile, allongée sur le lit, le laissant s'approcher. Elle n'avait qu'un seul bouclier face à cela : ne pas résister. Jamais.
Elle afficha un faible sourire, ombre de ce qu'avait été sa joie lorsque Neill avait joué la comédie. Il fallait à tout prix qu'elle ne montre pas son envie de vengeance, de le faire souffrir autant qu'il pouvait lui faire mal, mais plutôt qu'elle accentue sur sa douleur, sur cette nouvelle blessure, ce coup porté à son ego vacillant, sur sa fragilité, sur les faiblesses de son armure qu'il avait tant réussi à mettre à jour. Avec un peu de chance, cela le dégoûterait. Et il la laisserait enfin tranquille... après tout, n'était-ce pas ce qu'il trouvait intéressant dans ce jeu, qu'elle résiste ?
« Vas-y, sers-toi. » : fit-elle d'une voix brisée et méprisante.
Elle ne remarqua même pas qu'elle venait de cesser de le vouvoyer. Quand elle s'en rendit compte, elle ne put s'empêcher de sourire intérieurement. Ça ne pouvait qu'ajouter de l'effet à son jeu à elle, cette perte de la politesse. Comme si elle ne se contrôlait plus, comme si elle en avait assez de se montrer un minimum respectueuse. Au diable la courtoisie. Une jeune femme aux abois n'est pas censée s'en embarrasser.
« Rien ne peut faire aussi mal que tout ce que tu me fais subir, continua-t-elle sur le même ton, en le regardant de ses yeux vides d'expression. T'avais pas le droit d'incruster comme ça dans ma vie. T'avais pas le droit de me forcer à venir ici. T'avais pas le droit de me traiter comme si je valais rien, ce qui est sans doute ce que tu penses vu que tu ne dois pas avoir une très haute opinion de moi, à te jouer de moi sans même un remord. J'espérais que t'étais sincère, que tu n'étais pas qu'une brute insensible. Je me suis comportée comme une idiote. »
Puis, en serrant ses genoux contre elle.
« Allez, achève-moi. Porte-moi le coup de grâce. J'en ai marre. »
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
Neill n’avait jamais menacé quelqu’un de viol, c’était la première fois, et de toutes les réactions auxquels il pouvait s’attendre, Unity en eut une à laquelle il ne s’attendait pas. Utilisant le tutoiement, elle lui dit simplement de se servir, sans même se défendre ni rien. Sa voix semblait seulement brisée.
Elle n’avait pas l’air de vouloir l’en empêcher alors qu’il était clairement évident qu’elle n’avait aucune envie qu’il la touche. Et le trouble en lui revint aussi vite qu’il était partit, pourtant il garda son masque, il n’avait pas envie une nouvelle fois de lui montrer des faiblesses.

- Rien ne peut faire aussi mal que tout ce que tu me fais subir. T'avais pas le droit d'incruster comme ça dans ma vie. T'avais pas le droit de me forcer à venir ici. T'avais pas le droit de me traiter comme si je valais rien, ce qui est sans doute ce que tu penses vu que tu ne dois pas avoir une très haute opinion de moi, à te jouer de moi sans même un remord. J'espérais que t'étais sincère, que tu n'étais pas qu'une brute insensible. Je me suis comportée comme une idiote.

Non il n’avait pas le droit, de rien, de tout, et alors ? Le droit il le prenait, il était le maître après tout, et tant pis pour elle si ça ne lui plaisait pas. Pourtant elle semblait ne pas avoir remarqué qu’il avait été sincère quelques minutes plus tôt, apparemment Unity croyait qu’il avait joué un rôle, et tant mieux, c’était mieux si elle ignorait que pendant un moment elle avait réussi à réveiller en lui des sentiments bizarres et contradictoires. Il ne répondit rien, il se contenta de la regarder, si faible assise sur le lit. C’est vrai qu’il aurait pu là, s’approcher, la déshabiller et la toucher, ça aurait été vraiment facile, mais il n’en ressentait aucunement l’envie.
Briser les femmes c’était d’accord, mais pas de cette manière, c’était vraiment trop… Il avait beau être inhumain, horriblement méchant et sans pitié, c’était un acte qui le répugnait et auquel il ne trouvait rien d’amusant. C’est pour cela que même si elle l’ignorait, Unity n’avait absolument rien à craindre.

- Allez, achève-moi. Porte-moi le coup de grâce. J'en ai marre.

Et quel coup de grâce allait-il lui donner ? Il poussa un soupir et s’avança, mais son air n’exprimait aucunement le désir, plutôt une sorte d’amertume. Puis au lieu de la toucher il s’assit en face d’elle, et la fixa. Elle paraissait vraiment faible et vulnérable, elle avait quelque chose d’Irina, petite poupée de porcelaine. Il se demanda un instant si elle faisait semblant, si en fait elle attendait qu’il s’approche trop pour le poignarder. Alors dans ce cas là le plus logique serait de se reculer, il éviterait comme ça un coup de couteau.

Il n’en fit rien. A la place il soupira une deuxième fois.

- Les remords, les regrets, tout cela, je ne connais pas.

Et heureusement, sinon il serait torturé par tout ce qu’il avait fait de mal, et finirait par se suicider.

- Mais Unity, pourquoi parais-tu si fragile ?

C’était vrai, il avait pourtant l’impression qu’elle n’était pas comme ça, oui il l’avait blessé, cassé, et il continuait, mais était-ce à ce point ? Alors vraiment, il ne savait pas prendre soin de ses affaires, et son jouet était beaucoup plus faible qu’il ne l’avait cru au premier abord.

Neill n’avait toujours pas bougé, il était juste là, assit en face d’elle, en tailleur et la regardait, essayant de la comprendre. Elle lui paraissait tellement insaisissable, comme s’il avait à faire de l’eau ou du brouillard, d’habitude il comprenait assez vite la manière dont les gens fonctionnaient, mais cette fois-ci il n’y arrivait pas du tout. Quand il allait à gauche, elle prenait à droite, quand il la suivait, elle faisait demi-tour, il ne prenait plus le même chemin alors elle le rejoignait. C’était un peu énervant, mais en même temps ça avait quelque chose d’agréable. C’était différent avec d’habitude, elle ne se laissait pas avoir, elle ne tombait pas dans les pièges, au contraire elle les évitait avec une facilité étonnante, il pensait la mener là où il voulait, mais en fait c’était Unity qui chaque fois traçait la route à suivre.
Elle ne voulait pas jouer, mais elle semblait être le véritable maître du jeu.

- Je ne te toucherai pas, je n’en ai pas envie, ce n’est pas que tu n’es pas désirable, simplement que je ne supporterais pas de coucher avec quelqu’un contre son gré, malgré ce que j’ai dis.

Comme quoi même le démon pouvait avoir certains vices en horreur.
Finalement il se recula, descendit du lit, et alla ouvrir la porte.

- Unity, tu es libre de partir.

Il n’avait pas envie qu’elle le fasse, il refusait qu’elle quitte cette pièce, pas avant qu’il ait pu en apprendre encore plus sur elle, mais il avait l’impression qu’il pourrait la retenir durant des jours et des jours tant sa présence avait d’effets sur lui. Des effets certes néfastes, qui le rendaient malade, qui mettaient à découvert ses faiblesse, mais en même temps plaisants parce que quasi inconnu.
Pourtant il la laissait partir, parce qu’il ne voulait pas la détruire un peu plus, il ne voulait pas continuer à la briser, sinon jamais il ne connaitrait la véritable Unity. Certes, elle ne serait plus qu’une poupée entre ses mains, mais elle aurait également perdu tous son intérêt.
Finalement, peut-être était-il prêt à accepter le côté « humain » de la jeune femme, si en échange elle continuait à faire naître en lui toutes ces choses dérangeantes.
Pourquoi avait-il envie de cela ? Il savait pourtant qu’il n’avait pas besoin de ces sentiments inutiles... Mais quelque chose en lui désirait en découvrir un peu plus. Et d’ailleurs, n’aimait-il pas essayer diverses choses variées hein ?

Ce qu’il ne voulait pas admettre c’était qu’il était entrain de tomber dépendant d’Unity.

- Je suppose que tu t’en fiches, mais avait que tu partes, je peux t’aider à trouver Logan.

Une manière de la faire rester près de lui, juste encore un peu avant qu’elle ne laisse dans son manoir que le souvenir de son passage. Et il savait bien, alors que même elle était encore là, qu’une fois partie il n’aurait plus qu’une envie, celle de la revoir.
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Deux soupirs. Neill s'était approché et se contenter de rester là, à la fixer. Comme ça, sans rien faire. D'une certaine manière, c'était rassurant. D'un autre, elle se demandait quelle erreur elle avait bien pu commettre pour qu'il agisse ainsi. Il semblait amer, une émotion qu'elle ne connaissait que trop, pour l'avoir bien souvent ressentie lorsqu'elle avait pensé à leurs précédentes rencontres. Ce silence, cette absence de gestes, elle avait envie de le secouer, de le frapper de toutes ses forces même si elle savait bien qu'elle ne pourrait lui faire mal. Qu'il arrête de la fixer avec cette expression !
« Les remords, les regrets, tout cela, je ne connais pas. » : affirma-t-il.
Non ? Elle n'aurait jamais pu deviné, très sincèrement. Bien des années après ses propres frasques, elle ne regrettait même pas d'avoir tué untel, son seul remord, c'était qu'elle se soit enfoncée dans la violence. Mais les morts, les vols, les crimes ? elle se rendit compte qu'elle avait très bien appris à vivre avec. Elle continuait à les intégrer dans son quotidien, sauf qu'elle avait changé de camp. Elle avait mal lorsqu'elle pensait aux douleurs des familles, ou que les victimes auraient préféré vivre, mais cela ne changeait pas une constante effrayante : elle n'était pas dégoûté de l'acte en soi, juste de ses conséquences. Comment devait-elle le prendre, alors qu'elle ne comprenait que trop le vicomte ?
Voilà que, même sans parler d'elle, il lui donnait un autre coup. Assez désespérant, celui-là, parce qu'il était capable de faire remonter le passé à la surface. Elle avait déjà du mal à se dire qu'elle avait pu agir aussi stupidement autrefois, alors songer que Neill serait capable de déterrer tout cela et de s'en réjouir, c'était presque suicidaire. Tant mieux. Elle savait au moins à quoi elle pourrait penser lorsqu'elle se donnerait la mort.
« Mais Unity, demanda Neill, pourquoi parais-tu si fragile ? »
N'était-il donc pas capable de croire ce que lui disaient ses yeux ? Pourtant, elle savait très bien de quoi elle avait l'air. Un rôle qu'elle n'aurait jamais voulu jouer dans d'autres circonstances, avec d'autres implications que son plan. Mais pourquoi ? Peut-être parce qu'elle était vraiment, que son équilibre était instable et qu'elle avait du mal à se faire une place dans une vie étouffante qui ne faisait aucun cadeau à une femme de son envergure ? Ou peut-être était-ce parce que la vie humaine est fragile. Tout peut voler en éclats en un instant. Vous marchez tranquillement, et puis le hasard vous fait mourir, comme ça, subitement. Ou vous perdez la raison, vous vous enfoncez à force de ne voir que du noir, vous vous créez des problèmes. Cette fragilité toute humaine était toutefois une arme puissante ; mais quelqu'un comme Neill, qui abhorrait sans doute tous les signes de faiblesse, ne devait pas être en mesure de le comprendre. Il suffit de voir le trouble que cela lui a causé, les questions qu'il se pose, la manière dont il regarde Unity même s'en trouve chamboulée. Un jeu astucieux, qui ne plaît pas tellement aux grands acteurs, mais qui avait des répercussions bien plus importantes que prévues...
Enfin, il fallait quand même avoir un minimum d'intelligence et de talent. On ne joue pas facilement la fragilité, et Unity craignait qu'il ne devine que tout cela n'était qu'à moitié sincère. Si elle en était vraiment arrivée à un tel stade, au lieu de se plaindre et de rester immobile, elle aurait craché sa haine à la figure de son bourreau et aurait plutôt tout fait pour que cela ne se sache pas. Le numéro de la poupée, ce n'était vraiment pas son truc.
« Je ne te toucherai pas, je n’en ai pas envie, ce n’est pas que tu n’es pas désirable, simplement que je ne supporterais pas de coucher avec quelqu’un contre son gré, malgré ce que j’ai dis.  »
C'est ça, excuse-toi encore de faire quelque chose de bien. Il s'éloigna d'elle, mais elle ne le remarqua même pas. C'était ce qu'elle voulait, et elle l'avait obtenu, fin de la discussion. Mais quelque chose la fichait en rogne. Ce "désirable". Bon sang, elle n'avait pas envie d'être désirable, par la moindre ! Pourquoi lui avait-il dit ça ? Qu'est-ce qu'elle aurait donné pour qu'il oublie cette partie de phrase qui ne faisait que la mettre en colère un peu plus, alors qu'au fond, ça restait assez anodin. Elle ne fut même pas enchantée de voir qu'il ne supportait pas tout, ayant bien compris que cela n'avait rien à voir avec l'éthique ou un soudain sursaut de conscience. A ce rythme, il allait vraiment la rendre folle.
Elle entendit la porte s'ouvrir et regarda dans la direction. C'était Neill qui venait de le faire. Elle fut surprise qu'il ait décidé de l'ouvrir à ce moment précis. C'était trop bizarre, elle ne comprenait pas. Allait-il appeler sa sœur, allait-il enfin s'en aller et la laisser se reposer en paix ?
« Unity, tu es libre de partir. »
Elle se retint vraiment de justesse pour ne pas éclater de rire. Non, sincèrement, c'était très drôle, il en avait de bonnes ce vicomte. Certes, il était vrai qu'elle était chez lui et que s'il ne voulait pas qu'elle s'en aille, ce serait sans doute très facile pour lui. Mais quand même, elle n'aimait pas devoir dépendre de lui pour avoir le droit de partir, c'était trop injuste. Encore que cela ne changeait pas trop de l'habituelle. Non, cette fois, ce qui était vraiment drôle, c'était qu'il acceptait de la laisser sortir alors qu'elle n'aurait certainement pas la force de se lever. Vous croyez vraiment qu'après vous être pris deux bons coups sur la tête, vous allez pouvoir courir et sauter partout en assurant que vous n'avez pas eu mal ? Un peu de sérieux, ça n'existe que dans les livres où les personnages ont d'importantes capacités de régénération ou sont soignés par des mages aux pouvoirs de guérison surpuissants. Ce qui n'était certainement par le cas de Neill - d'ailleurs, s'il avait commencé à avoir des pouvoirs surnaturels, le monde serait certainement en danger... à moins qu'il ait déjà une pierre, auquel cas ils étaient tous mal barrés.
« Je suppose que tu t’en fiches, mais avant que tu partes, je peux t’aider à trouver Logan. »
Logan... c'était qui, déjà ? Ah oui, le coupable désigné par Neill, celui qu'il avait engagé pour mettre en place son jeu diabolique. Comme si elle en avait vraiment besoin, de l'aide de ce gros malin. Il avait bien raison : elle s'en fichait. Pas besoin de savoir où était Logan et de l'arrêter pour son plan... enfin, si, ça l'arrangerait quand même, car rien ne disait qu'il n'allait pas continuer après la chute de Neill. Bon, d'accord, peut-être qu'elle ne s'en fichait pas. Mais elle n'était pas censée s'y intéresser encore. Comment faire dans ce cas ?
Oh... mais il y avait peut-être un moyen. C'était franchement criminel de proposer quelque chose pareil, mais qui avait dit qu'Unity était une sainte ? Elle n'aimait pas cela, mais pour sauver une ribambelles d'imbéciles destinés à mourir et empêcher leur famille de connaître le déchirant chagrin dont elle avait déjà été témoin, les meilleurs moyens sont parfois expéditifs. Enfin... peut-être cela vous rassurera-t-il si je vous dis que ce n'était en fait qu'une plaisanterie ?
« Ben voyons, ricana-t-elle doucement. Tu n'as qu'à t'en occuper toi-même. Flingue-le donc, et apporte-moi sa tête à la maison. »
Bon, j'avoue que c'est un peu excessif, et que ce n'est pas trop le genre de plaisanteries qu'affectionnent les détectives. Cela dit, elle avait déjà utilisé cet humour de nombreuses fois auparavant, et elle devait avouer que c'était toujours aussi drôle. Sauf si Neill s'y mettait, mais ce gars-là était aussi spirituel qu'une tombe et serait bien capable de penser ce qu'il disait. D'ailleurs, il était bien capable de vraiment le faire. Quelle horreur, recevoir la visite d'un Neill couvert de sang tenant dans ses mains une tête fraichement coupée... bonjour les réactions du voisinage.
« Ou sinon, corrigea-t-elle, t'as qu'à le dire à Ringalls. Lui, ça va toujours plus l'intéresser que moi. »
Mince. Étant donné qu'il se fichait bien des autres, et qu'il n'avait pas envie d'aider quelqu'un d'autre qu'elle, il allait sans doute en conclure qu'elle s'en fichait - ce qui était bien censé être le cas - et ne prendrait pas la peine de renseigner son patron tyrannique. Aïe. Mine de rien, résoudre une affaire comme celle-là, ça lui aurait toujours donné de bons points, et moins de chances que le dossier de preuves n'atterrisse subitement sur le bureau d'un lieutenant de police. Enfin, qu'est-ce qu'elle pouvait y faire ? Avec ou sans cette aide, il allait tombé. Frêle consolation sur Unity, qui avait hâte de pouvoir mettre son plan en marche.
« Quand même, t'es sacrément malin. » : ajouta-t-elle.
Cela lui faisait bizarre de lui parler aussi familièrement, comme si elle s'adressait à quelqu'un qu'elle connaissait. Elle avait tendance à parler ainsi, d'une façon décontractée, lorsqu'elle était calme. Au contraire, lorsqu'elle s'énervait, elle avait tendance à devenir beaucoup trop polie. L'inverse de la plupart des gens, somme toute.
« Je peux savoir comment je fais pour m'en aller si je ne tiens même pas sur mes jambes, hein ? fit-elle remarquer. Alors soit, puisqu'on a tout le temps, va le tuer pour moi. »
Neill Owen
Gentilhomme mal intentionné
Messages : 400
Points : 232
Date d'inscription : 07/07/2010
Localisation : Quelque part où on s'amuse
Emploi/loisirs : Faire le mal et le faire bien
Humeur : Café vanille

Un peu plus sur toi !
Relations:
Possèdes-tu une pierre ?: Non ><
Le pouvoir de la pierre:
- Ben voyons. Tu n'as qu'à t'en occuper toi-même. Flingue-le donc, et apporte-moi sa tête à la maison.

Neill lâcha la porte et regarda Unity avec la soudaine impression d’avoir des hallucinations auditives. C’était parfois ce qui arrivait quand on s’injectait dans le nez des produits pas recommandés, mais il savait qu’il n’était sous l’emprise d’aucune drogue. S’il en avait pris une fois c’était à quinze ans par là, et depuis il n’avait jamais retenté l’expérience.
Donc il avait très bien entendu ce qu’elle avait dit et ce n’était pas dût à l’imagination de son esprit.
Pour un peu il en aurait jubilé, c’était trop fort, trop agréable d’entendre ce genre de mots sortir de la bouche de son jouet, mais il se contenta d’un sourire tout ce qu’il y avait de plus mauvais.
Il se voyait déjà accepté la proposition et ramener le cadavre de Logan à Unity, comme un cadeau bien particulier pour sa jolie proie. Le jeu s’arrêterait peut-être même pas, sans doute que les gens continueraient à s’entretuer juste parce qu’ils avaient découvert le plaisir de se débarrasser d’un de ces semblables.

- Ou sinon, t'as qu'à le dire à Ringalls. Lui, ça va toujours plus l'intéresser que moi.

Le vicomte se fichait de ce Ringalls, et il ne voyait pas pourquoi il aiderait un détective, s’il voulait rendre service à Unity c’était différent, c’était juste pour gagner de l’emprise sur elle. S’il voulait bien l’aider c’était parce qu’elle l’amusait, que la vie devenait terrible avec elle, et que c’était le seul moyen pour qu’elle accepte de le voir.
Et puis Neill fronça les sourcils, parce qu’elle n’avait pas tellement l’air intéressé par tous ces crimes finalement. Elle venait pour y mettre un terme et finalement semblait se fiche complètement de cette histoire. Le vicomte réfléchit, pourquoi cela ? Est-ce que le coup sur la tête l’avait refroidi ? Ou est ce qu’elle avait une idée en tête ?
Elle avait semblé si fragile, et maintenant elle utilisait un genre d’humour noir, celui que Neill préférait, et il lui semblait avoir la véritable Unity en face de lui, et c’était agréable. Bon sang que ce jouet là lui plaisait. Il se demandait bien ce qu’elle lui réservait comme autre surprise, il aurait voulu pouvoir trifouiller le fond de son âme pour découvrir à son insu tous ses secrets.
Mais en fait il pouvait le faire cela, il suffisait juste de rester le plus longtemps possible avec elle.

- Quand même, t'es sacrément malin.

Ouais, il l’était, sinon il ne serait pas arrivé aussi loin alors qu’il n’avait que dix-neuf ans. Il était malin, il avait l’intelligence et l’instruction, il savait comment plonger le monde ou les gens dans la peur, la tristesse, le désarroi, l’enfer.
Il lui manquait pourtant l’essentiel, la capacité de demander ce qu’il désirait réellement, ce qui en même temps faisait de lui un parfait idiot maladroit. Refuser les bonnes choses sous prétexte de garder le pouvoir, de rester le maître était une erreur stupide, mais pour Neill les sentiments n’étaient qu’une chose sans intérêt et la faiblesse des humains.

- Je peux savoir comment je fais pour m'en aller si je ne tiens même pas sur mes jambes, hein ?

Il pouvait la raccompagner, c’est vrai, cela ne le dérangeait de la porter ou de l’aider à marcher, mais comme il n’avait pas vraiment envie qu’elle parte il pouvait faire semblant que cela l’embêtait. Alors ils resteraient là, tous les deux à discuter, un jour, dix jours, autant de temps qu’ils en auraient.
Et puis il aimait bien qu’elle le tutoie, elle lui manquait certes de respect, mais ça n’avait aucune importance, parce qu’il ne la tuerait pas pour si peu, maintenant il n’était plus à ça près. Il aurait même voulu qu’elle l’appelle par son prénom, il se demandait ce qu’il aurait ressentit à l’entendre sortir de sa bouche, sans doute de la réjouissance.

Enfin Unity plutôt que discuter avait une autre idée en tête :

- Alors soit, puisqu'on a tout le temps, va le tuer pour moi.

C’était vraiment ce qu’elle désirait ? Aucun problème, de toute façon il n’avait pas prévu de laisser Logan en vie, soit il le tuait, soit il le dénonçait anonymement, dans tous les cas l’autre en aurait prit pour son grade.
Le pire c’est qu’il pensait pouvoir échapper à Neill, quelle bonne blague.

- Tu es sérieuse Unity ? La mort d’un homme ça ne te fait donc rien en fait ?

C’est vrai que ça n’avait pas tellement l’air de la perturber, pourtant Logan était beaucoup plus humain que Neill et puis à partir du moment où il s’était retrouvé dans le manoir du vicomte, il n’avait plus eut le choix que de lui obéir. Finalement l’autre n’était pas si coupable, presque à plaindre.

- J’ai envie de continuer à jouer, et je vais te prendre au mot. Je me demande ce que tu vas dire si je le ramène et que je le tue ici devant toi. Est-ce que tu vas m’en empêcher ?

En plus il le tuerait doucement, afin qu’il souffre, afin qu’il ait le temps de comprendre qu’il va mourir et qu’il voudrait qu’on l’achève plus vite. Rien que d’y songer, Neill en était tout excité, il trépignait presque d’impatience, et finalement se frotta les mains.

- Très bien, très bien, je vais aller le chercher, je vais demander à Elinor de s’occuper de toi pendant ce temps.

Sans plus attendre Neill sortit de la pièce, alla chercher son manteau et fit venir sa petite sœur, lui demandant de garder Unity et de lui apporter à boire ou à manger si elle le désirait, et surtout de ne lui faire aucun mal (c’était le plus important, il ne fallait pas que sa petite sœur en profite pour croire qu’elle pouvait se débarrasser de la jeune femme).
Il salua Unity avant de quitter le manoir :

- Attendez mon retour très chère, je serai rapide.

Et il partit enfin, laissant Elinor seule avec son jouet.
Il s’enfonça dans les ruelles de Londres, là où il savait que se trouverait sa future victime…
Unity Violett
Détective. Seth Stutfied / Irina Blaze
Messages : 150
Points : 379
Date d'inscription : 21/05/2010
Neill semblait... intéressé par ce revirement de situation, c'était le mot. Qu'elle lui demande de tuer un homme pour elle, même si ce n'était qu'une plaisanterie, paraissait le ravir. Évidemment, elle n'en avait pas vraiment envie. Si elle en était témoin, elle allait avoir bien du mal à expliquer ce qu'elle faisait dans cette pièce... à supposer qu'elle leur dise une bonne partie de la vérité. Prétendre qu'elle ne savait rien pouvait aussi être dangereux : ne connaissant pas suffisamment Neill, elle ne pouvait être sûre qu'il n'allait pas la mêler à toute cette affaire. Soudain, son humour retombait à plat.
« Tu es sérieuse Unity ? La mort d’un homme ça ne te fait donc rien en fait ? »
Bien sûr que non, elle n'était pas sérieuse. Enfin, la mort d'un homme faisait plus mal à sa conscience qu'à son cœur, ça, c'était la stricte vérité. Quand son esprit affirmait que ce n'était pas bien, son cœur ne voyait que les conséquences à côté. C'était ça, vieillir : on se ramollit avec l'âge, et elle n'avait plus rien à voir - enfin, plus tout à fait serait plus correct - avec l'adolescente rebelle qui ne voulait surtout pas suivre le chemin de ses parents. Elle, elle ne s'était jamais réjouie de la violence, elle se contentait de ne pas en avoir peur. Les états d'âme étaient venus avec Ringalls, sans pour autant lui faire regretter tous ces morts à qui elle avait ôté la vie - même si, rassurez-vous, ils ne sont pas si nombreux que ça.
Elle se composa une mine innocente et troublée, comme si elle venait de se rendre compte des implications de ses paroles. Oh, elle l'avait cherché, au fond, elle en était bien consciente. Et elle s'était doutée que Neill sauterait sur l'occasion, seulement... elle ne pensait pas...
« J’ai envie de continuer à jouer, annonça le vicomte, et je vais te prendre au mot. Je me demande ce que tu vas dire si je le ramène et que je le tue ici devant toi. Est-ce que tu vas m’en empêcher ? »
Elle ouvrit la bouche, comme sur le choc ; puis ramena immédiatement sa main devant ses lèvres, comme si cela la gênait d'être surprise avec une telle expression sur le visage. Elle n'avait pas pensé qu'il le ferait... du moins, pas tout de suite. Elle aurait dû s'en douter. Quelle idiote ! Maintenant, elle allait se retrouver avec un meurtre sur les bras. Comment gérer une telle affaire ? Le problème, c'est qu'elle ne pouvait pas le laisser tuer ce Logan devant elle. Cela détruirait son image de détective consciencieuse - ce qu'elle était, d'un certain côté - et ferait ressortir celle d'une amatrice de violence - ce qu'elle n'était pas vraiment, car si elle ne rechignait pas à l'utiliser, elle ne l'aimait pas encore. Autrement dit, ce serait implanter l'idée dans la tête de Neill qu'elle n'était pas si sage, et il fouillerait encore plus dans son passé, et il trouverait ses erreurs de jeunesse et...
Stop. Elle devait réfléchir posément, pas se laisser emporter par ses émotions. Logan ne devait pas mourir, c'était clair.
« Très bien, très bien, je vais aller le chercher, je vais demander à Elinor de s’occuper de toi pendant ce temps. »
Quoi ? Elinor, la sœur à moitié folle qui avait l'air de n'avoir qu'une envie : se débarrasser d'elle ? Unity espérait vraiment que Neill avait raison d'avoir confiance en elle. Oh, ce n'était pas qu'elle avait peur d'elle, elle se doutait bien que la jeune fille était loin d'être innocente, savait se battre et n'hésiterait pas à tuer ce qu'elle estimait être une menace ; cependant, Unity n'était pas sans ressources, et se savait plus forte que les autres femmes - le seul problème, c'était quand elle tombait sur quelqu'un comme Neill, elle n'avait pas de quoi résister bien longtemps sur une épreuve physique... mais bon, en même temps, elle n'en avait jamais eu besoin. Si Elinor attaquait, elle contrecarrerait, sûrement. Avec son esprit plus qu'avec son corps un peu malade.
Neill sortit de la pièce, la laissant seule pour un petit moment. Vraisemblablement, il allait vraiment partir à la recherche de Logan. Quelle horreur. Sa seule chance d'empêcher un meurtre, c'était d'être plus maline que lui, de jouer sur ses faiblesses à lui. Normalement, Logan serait vivant lorsqu'il le lui ramènerait ; et il ne mourrait certainement pas rapidement, le vicomte aurait sans doute envie de montrer à Unity ce que signifiait vraiment tuer quelqu'un - comme si elle l'ignorait. Il fallait donc qu'elle joue là-dessus. Tout cela ne ferait que retarder le moment de la mort de Logan, et par conséquent, lui offrir un bienheureux répit à exploiter pour l'empêcher de commettre cette bêtise.
Elle y réfléchissait encore, n'ayant pas trouvé quel argument serait susceptible de dévier le vicomte de sa résolution macabre, lorsque celui-ci revint, accompagné d'Elinor. Il avait enfilé un manteau et avait repris son masque de charmant gentleman. Elle espérait que c'était parce qu'il se rappelait de ne pas se moquer d'elle lorsque quelqu'un d'autre était là, et qu'il considérait sa sœur comme une personne à part entière, mais elle n'y comptait pas trop. De toute façon, même s'il ne l'avait pas fait, elle ne l'aurait certainement pas poignardé - comment se défaire ensuite de cette furie qui elle ne se laisserait pas tuer et qui serait sans doute aveuglée par la haine pour cette étrangère meurtrière, bref.
« Attendez mon retour très chère, je serai rapide. »
Ben voyons. Et où voulait-il qu'elle aille dans cet état ?
Il sortit de la chambre, la laissant en compagnie de sa douce sœur. Unity se redressa et s'adossa contre les oreillers. Elle fixa Elinor droit dans les yeux, lui montrant son véritable visage : celui d'une femme qui n'a pas peur de grand-chose et qui n'a pas beaucoup à perdre. C'était vrai, quoi, perdre la vie, c'était tout perdre, et cela ne lui faisait pas peur. N'était-ce pas la preuve qu'elle n'avait rien de bien intéressant ? Pourtant, elle avait des amis, des amours, des personnes qu'elle appréciait et qui le lui rendaient. C'était son seul regret. Ça, et le fait qu'elle allait abandonner son bien le plus précieux, ses identités. Si elle en était à ce point...
Elle sourit brusquement à Elinor. Comme ça, amicalement.
« Pourriez-vous m'aider à remettre ma perruque, s'il vous plaît ? » : demanda-t-elle très poliment.
Visiblement, cela ne lui plaisait pas trop, mais elle accepta quand même. Quelques minutes plus tard, les longs cheveux de jais factices retombaient de nouveau sur les épaules d'Unity. Elle ajusta un peu sa fausse frange pour qu'elle retombe dans les yeux ambrés et en filtre la couleur. Parfait. Elle ne l'avait pas remise par un effort de coquetterie, c'était plutôt parce qu'elle n'aimait pas que Logan découvre qu'elle devait porter une fausse chevelure. Si elle le sauvait, elle risquait d'avoir encore à faire à lui. Elle n'avait pas envie d'une énième personne au courant de ses jeux d'identité, sinon, cette fois, ce serait elle qui le tuerait. En personne. Comme je l'ai dit, sa plus grande crainte, c'est bien de voir ses identités divulguées, et nous savons tous de quoi peut être capable une personne acculée. Elle se demanda ce qu'en penserait Neill : elle refusait qu'il le tue, et puis elle s'en chargeait. Vraiment bizarre, comme situation. Elle espérait sincèrement ne pas en arriver là, tenant trop à son métier, mais cette fois, elle devait prendre les choses en main.
Après avoir très poliment remercié Elinor, elle ferma les yeux et se concentra. Quelles étaient les faiblesses de Neill ? C'était un joueur quasiment démiurge, il n'avait jamais de remords, il était fier de manipuler les autres. Elle se doutait qu'il devait être un petit peu orgueilleux, comme tout être humain. Tout ce qu'il faisait, c'était pour s'amuser. Et les crimes ne lui faisaient pas peur, encore moins si c'était lui qui était obligé de les commettre. Dans toute cette histoire, il voulait toujours tout contrôler.
Tout contrôler...
Bien sûr. C'était ça, le problème, avec lui. Il n'arrivait pas à la contrôler aussi facilement que les autres. Pourquoi ? peut-être parce qu'elle était aussi imprévisible que lui... enfin, elle s'y obligeait. Elle faisait tout pour le contrer, pour ne jamais lui donner satisfaction. C'était ce qui lui plaisait, d'une certaine manière. Mais jusque là, c'était toujours lui qui avait eu la main. Lui qui avait essayé de la manipuler. Il était temps de lui montrer qu'elle aussi savait calculer. Oh, pas lui dévoiler tout le plan, ni la comédie qu'elle lui servait ; mais faire preuve d'intelligence, monter sur pied une nouvelle stratégie pour lui faire croire que cette fois, il avait été manipulé, tant et si bien qu'il avait foncé dans le piège tête baissée. En même temps, cela devait rester simple, et n'englober que la partie "amener Logan à Unity". L'idée était d'une simplicité enfantine, et c'était cela qui était génial. Pas besoin de grands détours, d'un jeu bien compliqué pour embrouiller la victime, non. Une femme qui s'était pris deux bons coups sur la tête aurait été apte à suivre une idée aussi facile. Ce qui serait plus douloureux pour Neill - enfin, à supposer qu'il ne comprenne pas qu'elle lui mentait - c'était de s'être fait avoir par un être affaibli qui n'avait même pas eu besoin d'utiliser de grands artifices pour lui faire faire ce qu'il voulait. Merveilleux, comme je le disais.
Évidemment, elle ne pouvait savoir le trouble qu'elle causait en lui, les envies contradictoires qui l'habitait. Elle ne pouvait savoir qu'il la croirait sans doute, parce qu'il était prêt à tomber dans tous les pièges qu'elle pouvait lui tendre. Elle ignorait tout le pouvoir qu'elle détenait sur lui, comme il serait facile de renverser la balance et de le contrôler lui. Si elle avait été au courant, pas sûr qu'elle s'en soit servie pourtant. Elle l'aurait sans doute vu comme un être humain, et pour la première fois, aurait remarqué qu'au fond de lui, il pouvait être vraiment charmant. Mais cela, Neill n'en avait certainement bien l'intention, et c'était bien dommage, parce que cela aurait été le meilleur moyen pour l'obliger à venir le voir. D'une certaine manière, lui aussi disposait de son pouvoir personnel, mais cela n'avait rien à voir avec elle-même, plutôt sur ce qu'il savait d'elle. De la prudence plus qu'une réelle peur de lui et ce qu'il pouvait lui faire. Voir Unity faire preuve de prudence, c'était bien rare. Mais les circonstances l'exigeaient.
Elle se rendit soudain compte que pendant toute sa réflexion, elle avait fixé Elinor. Elle cligna des yeux, étonnée. Et si cette peste venait à dire à son frère que la jeune femme qu'il lui avait demandé de garder avait bien réfléchi... ? Peu importait. Comment aurait-elle pu deviner qu'elle venait de monter un plan pour sauver la vie de Logan ?
« Il va vraiment le tuer, vous croyez ? » : interrogea la détective d'un ton soucieux.
Soudain, elle reprit un masque. Elle s'inventa un air de peur, de doute. Pas difficile à obtenir, en réalité, vu qu'elle n'était pas sûre que sa nouvelle idée allait fonctionner. Et s'il soupçonnait quelque chose ? Elle aurait vraiment l'air ridicule. Ce n'était pas de sa faute : elle jouait souvent la comédie, oui, mais pas pour manipuler les gens. Ça, ce n'était pas son domaine.
Elinor, comme il fallait s'en douter, ne lui répondit pas. Bon. Soit. Elle n'avait qu'à attendre que le vicomte revienne...

La porte s'ouvrit tout à coup sur le vicomte. Tout de suite, Unity s'empressa de se composer un air d'auto-satisfaction, ce qui n'était pas difficile, parce qu'elle était contente de son illumination.
« Pas mal du tout, monsieur Owen, lança-t-elle gentiment. J'adore quand on m'apporte ce que je veux sur un plateau d'argent. »
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum